Chroniques nocturnes, japonaises et nostalgiques.



Lu. Cocaïne nights. De JG Ballard.

Je n'avais pas lu de Ballard depuis très longtemps, et ce que j'en avais lu avec des relents de SF. Bon, de loin, parce que c'était surtout bizarre et décalé. Alors, un peu au hasard, j'en ai tenté un plus récent. Et ben, je suis pas déçu, et c'est même pas mal une claque. Bon, d'une part, il écrit très bien, mais surtout, son propos est fort et percutant. Ici, suite à un quintuple meurtre sur la Costa del Sol dont son frère se déclare coupable, Charles vient s'installer dans la résidence de luxe qu'il dirigeait. Dans cet micro-société d'expatriés, on découvre une ambiance et des personnages étranges. Attachants, séduisants pour certains, sûrs d'eux, mais toujours fuyants, étranges, décalés. Et, avec le narrateur, on se laisse entrainer, on commence à découvrir de l'intérieur ce petit monde plein de secrets désagréables. Mais loin de se satisfaire de cette ambiance et de la résolution du mystère, ce qui aurait déjà pu amplement suffire vu la force d'évocation de Ballard, il en use pour avancer une analyse de la société contemporaine frappante. Et ça ne laisse pas indifférent, c'est le moins qu'on puisse dire. Ballard parle de la société des loisirs, de ses limites et de ses dérives, et, tout simplement, d'être humain. Et il fait ça avec brio. Du coup, j'ai eu l'impression de découvrir un grand auteur que j'aurais raté jusque là. Du coup, vous en réentendrez parler :)


Lu. Ce que j'aime en toi. Les carnettistes tribulants.

Bon, je ne suis pas tombé par hasard sur ce beau carnet, il se trouve que je connais quelqu'une qui est dedans (et que je salue bien du même coup, d'ailleurs :). Il s'agit donc d'un recueil d'extraits de carnets, ce qui, en simple, veut dire que c'est des illustrations, collages, textes, peintures, de douze personnes différentes, et sur un thème amoureux et/ou érotique. Et c'est drôlement bien. Bon, tout n'est pas égal, mais il y a beaucoup que j'aime vraiment. Des garçons, des filles, des histoires avec des textes, d'autres plus instantanés, des choses très claires, des pages beaucoup plus profondes et pleines de textures et de recherche graphique, c'est varié, mais j'ai trouvé plus que mon compte dans la majorité des douze propositions. Il y a des moments très émouvants, très intimes, d'autres plus drôles, ça donne bien, comme le dit le sous-titre, l'impression de voyager dans diverses intimités, diverses relations à l'amour. Ca se déguste tranquillement, et on y revient par petites touches, c'est donc un carnet que je vous conseille d'aller regarder chez votre libraire, et que je regrette de pas avoir trouvé d'images à vous montrer facilement...

(Ah oui, j'allais oublier, ne lisez pas le dialogue d'intro, il est hyper mauvais et donne pas du tout idée de ce qu'il y a dedans. Ou alors, lisez-le pour vous moquer :)


Lu. La dernière tribu. Eliette Abécassis.

La dernière tribu est le troisième tome de la série commencée avec Qumran et Le trésor du Temple. On reprends donc les mêmes personnages principaux (enfin, surtout LE, hein) et les mêmes thèmes d'exploration et enquête sur les origines du christianisme et les mystères liés à la secte de Qumran et aux rouleaux. Et cette fois-ci, surprise, on part pour le Japon, sur les traces d'un mystérieux cadavre tibétain agé de deux mille ans. Parce que oui, il y a un rapport avec le Japon, et les arguments avancés sont plutôt malins et surprenants. Bon, sans détailler, il existe pas mal de similitudes marquantes entre le shintoïsme et la tradition juive, mais aussi entre la langue japonaise et l'hébreu. Bref, des hypothèses furent faites à ce sujet, dans la vraie vie, notamment par des gens sérieux. Et, sur cette base, Eliette Abécassis déroule une hypothèse. qui est finalement plus ou moins la première à laquelle on pense en lisant la base du bouquin (voire son dos de couverture, mais même sans lui, ca va vite). Du coup, si l'idée est bonne, on a un peu l'impression que la coté mystère et enquète est sans surprise. Du coup, à moins que vous ne soyez passionné par son personnage principal (ce qui n'est pas tellement mon cas), c'est un peu facile. Mais l'idée de fonds est bonne et mérite au moins d'être gogglée...


Rejoué. Another World. De Eric Chahi.

Another World est un jeu vidéo qui a quinze ans. Donc oui, c'est un jeu auquel je jouais dans mes jeunes années sur Atari ST, et dont je gardais un très bon souvenir. Or, il est ressorti sur plateforme XP, avec des graphismes remis au gout du jour (enfin, c'est les mêmes, mais avec des textures et une définition meilleurs). Du coup, pour 7 euros, je me suis offert ce vrai moment de nostalgie. Et j'ai eu bien raison, car c'est vraiment un jeu avec une ambiance, un style particulier. Et plus une jouabilité splendide. Il s'agit de tableaux énigmes. Un jeu dans lequel il faut plutot réfléchir que manipuler frénétiquement son joystick. Et c'est poétique, et on ne résouds pas tellement les problèmes en flinguant à tout va. Bon, si vous n'y avez pas joué à l'époque, je ne sais pas si ça aura autant d'attrait pour vous, mais c'est vraiment un jeu qui se distingue par beaucoup d'aspects. Alors, vous pouvez au minimum essayer la démo et voir si ça vous parle.


Lu. Action philosophers, tome 2. De Fred Van Lente et Ryan Dunlavey.

Je vous avais parlé du premier tome il y a quelques temps et le second est sorti. Pour mémoire, il s'agit d'une mise en BD (en pur style comics américain) de la vie et des théories des grands philosophes. Comme l'auteur est tout à fait au point sur la philo, c'est riche et cohérent, et comme le dessinateur est bon, c'est agréable et facile à lire. Bref, de la vraie vulgarisation de philosophie, d'une manière que j'aurais pas pensé que ça passe. Et avec de l'humour, parce qu'il s'agit bien de BD, malgré le fond très dense. Ce deuxième tome de compilation passe en revue une petite dizaine de grands : Machiavel, Marx, Descartes, Thomas d'Aquin, et même la kabbale. Bref, c'est toujours aussi bien fait, et ça m'a permis de complèter en m'amusant ma culture philosophique. Seul inconvénient, c'est en anglais,et je n'imagine pas que ce soit traduit de sitôt...