Chroniques précaires, sériesques et diaboliques.


Lu. Les intellos précaires. De Anne et Marine Rambach.

Anne et Marine Rambach sont inteelectuelles précaires, c'est-à-dire qu'elle travaillent dans l'édition mais en prestations, petits contrats, et autres modalités précaires, jamais en emplois fixes à l'intérieur de structures traditionnelles. Et elles ont entrepris de dresser un panorama de tous ceux qui, comme elles, travaillent de cette manière. Et le bilan est passionnant, surtout pour moi qui me dirige vers ce genre de manière de travailler, et très agréable à lire pour le même prix. Le portrait dressé de ce groupe jusque là invisible de précaires très qualifiés dans des professions intellectuelles n'est pas toujours rose, c'est le moins qu'on puisse dire. Disons que malgré une passion pour leur travail, ils vivent souvent dans des conditions plus que difficiles financièrement, parfois par refus de faire appel à des conseils ou des aides qu'ils pourraient obtenir. Au-dela de cette description fine et assez complète, l'ouvrage se conclut par une analyse plus générationnelle replaçant l'apparition de ces modes de travail dans un contexte plus large que j'ai trouvé pasionnante. Donc pour tous ceux que ces manières de travailler intéressent de près ou de loin, c'est un bouquin passionnant, et, en ce qui me concerne, légitimant et réjouissant. Quand je serais grand, je serais intellectuel précaire !


Lu. La croisade s'amuse. De Jul.

Vous souvenez-vous de "Il faut tuer José Bové", bande (mal) dessinée bourrée de gags excellents sur la mondialisation ? Parce que son auteur remet ça avec La croisade s'amuse, sur le thème de l'axe du bien et de l'axe du mal. En trois parties, on suit donc les aventures de W., le journal intime de Madame Laden et les tribulations de Benjamin Ladenberg, casque bleu. Jul est toujours excellent dans le gag idiot, l'axe du peut mieux faire par exemple, et dans les situations absurdes. Bon, il ne dessine toujours pas mieux, mais les personnages sont magré tout très expressifs, et il se perds parfois en route, avec des digressions de scénario qui ne sont pas à mes yeux forcément bienvenues mais enfin, ça ne gache pas le plaisir de l'ensemble. Si donc vous aviez apprécié l'humour du précédent, vous pouvez tenter celui-ci sans hésiter, il est certes un peu plus brouillon mais il n'a rien perdu de son mordant.


Vu. The Shield, saison 5.

Walalala, que vous dire de cette saison cinq sans en révéler rien d'important ? Que c'est à mon avis la meilleure saison depuis le début de la série ? Ce serait un résumé presque suffisant. La saison est certes courte, onze épisodes, mais d'une densité impressionnante. Le nouveau de la saison est Forrest Whitaker et il est absolument superbe, c'est enfin un interlocuteur solide et crédible face à un Vic plus tendu et agressif que jamais. Quand au scénario de fond, il reprends enfin tous les restes des saisons précédentes et retends tout ça avec une efficacité renouvelée. La pression monte tout le long de la saison, sans pause aucune, pour aboutir de manière splendide en fin de saison. Donc, vraiment, n'hésitez en aucune manière, il faut voir cette saison cinq. Avec un peu de chances, la suivante sera la dernière et du même tonneau, ce qui en fera une série vraiment remarquable.


Vu. Battlestar Galactica, saison 2.

La seconde saison de Battlestar Galactica est plus longue que la première, et c'est de là, à mes yeux, que vient tout le mal. De fait, quand on a du scénario pour douze épisodes, on essaie pas d'en faire vingt. Le début de la saison est plutôt bon, reprenant et bouclant avec succès une partie des trames de la première saison, mais le milieu de saison est plus que mou. On s'empètre dans des épisodes sans liens avec le reste, parfois très mauvais, globalement sans intérêt. Heureusement, la fin reprends un peu de sens et de rythme et, sans être exceptionnelle, ouvre la perspective d'une troisième saison potentiellement vraiment renouvelée. Bon, il y a vraiment quelques trames et quelques personnages à jeter directement et quelques ratés, mais globalement, la fin m'a soulagé en remettant tout ça sur des rails plutôt sympathiques, avec quelques vraies bonnes idées qu'on verra bien comment ils les exploitent. Donc une saison en demi-teinte, ce qui est dommage, mais qui mérite sans doute de dépasser un milieu de saison médiocre pour arriver à des relances qui me suffisent pour l'instant pour avoir envie de voir la suivante.


Joué. Diabolo. De Michael Schacht.

Michael Schacht est l'auteur notamment de Hansa et de Coloretto, deux jeux superbes, d'une sobriété et d'un équilibre exceptionnel. Son nouveau jeu, Diabolo, s'inscrit très directement dans la lignée de Coloretto, autant au niveau du format que du mécanisme de jeu. Il s'agit de répartir des cartes de cinq couleurs entre enfer et paradis, mais soyons clair : le thème est relativement sans importance, il s'agit avant tout d'un petit jeu quasi abstrait de bluff et de prise de risque comportant une part importante de hasard. Je dois dire que pour ce qui est de mes essais actuels, j'ai un peu de mal à concevoir une vraie stratégie, mais ça n'empèche pas les parties d'être agréables et pleines de rebondissements. Les règles étant des plus simples, c'est aisé à présenter et à tester, mais si vous ne connaissez pas encore, je vous conseille de préférence de tester Coloretto d'abord. Si vous connaissez Coloretto, Diabolo est un bol d'air sympathique mais plus aléatoire.