Chroniques de 32 ans.


Lu. La gentilhomme au pourpoint jaune. De Arturo Perez-Reverte.

Alatriste, cinquième tome, enfin ! Je dis enfin parce qu'en VO, on doit en être au sept ou huitième, et qu'un film est en fin de tournage en plus (avec Viggo Mortensen, ce qui augure bien). On est ici en plein retour au coeur du roman de Cape et d'Epée : intrigues politiques, menaces contre le roi, fuites et duels illégaux et pleine nuit, sans oublier les manipulations sentimentales et amoureuses les plus retorses. On ne peut donc absolument pas se plaindre ni du contenu ni de la densité. Et comme c'est, comme toujours, bien écrit et bien mené, c'est extrèmement plaisant à lire. Ma seule retenue concernera le fait que la narration se fait de plus en plus par le biais du fidèle suivant d'Alatriste et que, dans le cas présent, ça ne laisse pas forcément tant de place que ça pour Alatriste lui-même. Bon, c'est bien quand même, mais je n'arrive pas à trouver à Inigo le même intérêt que celui porté à son ombrageux maitre. Mais n'empèche, ne boudons pas notre plaisir, c'est une très bonne suite à cette série et il n'y a plus qu'à attendre le prochain.


Lu. Impuretés. De Philippe Djian.

Leurs parents sont riches, tolérants et égoïstes. Leur vie est facile au point d'être dépourvue d'intérêt. Du coup, forcément, leur jeunesse dorée ne l'est pas tellement. C'est un roman doux-amer sur notre époque et certaines de ses dérives, sur l'avenir aussi. Djian retrouve à mon sens son ton si personnel et torturé. C'est un roman qui va plus ou moins nulle part, encore que ça puisse se discuter, mais qui trouve une vraie justesse pour parler de générations, de valeurs aussi, et de trouver quelque chose qui vale d'être suivi, de s'y attacher. Il est fait de plein de petites choses, de plein de personnages, tous à la fois futiles et touchants. Sans doute moins provocateur sur la forme que certains de ses autres romans, il est cependant tout aussi efficace, parce que plus insidieux, plus en douceur, plus progressif. Et il laisse un gout bizarre, mais au sens positif du terme.


Lu. Mon dernier cheveu noir. De Jean-Louis Fournier.

"L'humour, c'est la politesse du désespoir", disait Desproges. Il se trouve que Fournier avait travaillé avec Desproges et que ce n'est pas complètement un hasard. Après des romans sur l'enfance et divers manuels iconoclastes, Fournier trouve une forme intermédiaire. Ce n'est certes pas vraiment un roman, mais ce n'est pas non plus seulement un recueil de gags et d'aphorismes. Ce sont des petits passages thématiques suivis d'aphorismes très noirs mais souvent droles et touchants. Tout ça sur la vieillesse, car Fournier vieillit, comme tout le monde, et voit bien que ça va pas aller en s'améliorant. Et à mon sens, il trouve un équilibre entre tendresse, désespoir et hulmour qui est précieux. Instable, certes, parce qu'il y a toujours un passage ou un autre qu'on trouve un peu trop (mais je doute que ce soit le même pour les différents lecteurs), mais efficace. Pour le coup, c'est un livre difficile à conseiller, parce que c'est pas forcément un thème attirant ou facile, mais en même temps c'est universel et bien vu. Ca n'est pas que réjouissant, mais sur un tel propos, c'est le plus réjouissant possible.


Lu. Donjon 5 : Un mariage à part. De Boulet, Sfar et Larcenet.

Au milieu de la pléthore de spin-offs, donjon crépuscule, donjon potron-minets et autres dérivés, il arrive quand même, de temps en temps, mais rarement, qu'un tome vienne s'ajouter à la série d'origine. C'est Boulet qui a repris le dessin et pour le coup, ça marche pas mal. Soit, on sens la différence et ça lisse un peu certains personnages (Marvin notamment) mais globalement, la continuité est bonne. C'est par contre au niveau du scénario que j'ai trouvé ça bien moins bon, voire décevant par rapport aux tomes précédents. De fait, on recycle des idées et des intrigues déja pas mal exploitées (maneuvres judiciaires et notaires omniprésents notamment) dans les précédents sans rajouter grand-chose de palpitant. Du coup, ça suit son cours, avec quand même des moments sympathiques et des personnages qui fonctionnent mais ça ne casse pas trois pattes à un canard, alors que justement, ça aurait été approprié. Maintenant, histoire de ne pas être si négatif non plus, c'est sans doute un tournant en terme de scénario de l'ensemble, juste la manière d'y arriver manque de surprises.


Vu. Marie-Antoinette. De Sofia Coppola.

Marie-Antoinette écoute The Cure, mange des macarons et achète des chaussures. Pour le reste, elle s'ennuie pas mal, trop jeune fille propulsée au coeur du pouvoir. Et elle n'est pas la seule. Certes, c'est un beau film, avec quelques vrais beaux moments, mais globalement, je n'ai pas vraiment réussi à entrer dedans. Or, c'est long. Pourtant, les premières scènes laissaient augurer de moments prenants (avec une Marianne Faithful méconnaissable mais splendide). Mais ensuite, ça s'embourbe. Bref, je n'y ai pas trouvé mon compte mais je peux pas dire que c'est mauvais. C'est juste long et finalement décevant vu certains échos dithyrambiques. J'ajouterais quand même une mention particulière à Louis XV et du Barry, qui m'ont beaucoup amusé, et à l'intervention salvatrice de l'Empereur pour la sexualité royale, remarquable. Pour le reste, bon, si ce n'est par passion pour les grandes tenues ou pour Marie-Antoinette elle-même, bof.