Chroniques derviches, humides et orthogonales.


Lu. The Dervish House. De Ian McDonald.

Je vous avais déjà parlé de Ian McDonald, qui mèle avec talent de l'anticipation et des cultures non-occidentales. Après l'intelligence artificielle et l'Inde, puis les ordinateurs quantiques et le Brésil, nous voici donc face à Istanbul et aux nanotechnologies. En 2037 donc, c'est-à-dire pas bien loin. Et une fois de plus, c'est du bon boulot puisqu'on plonge dans l'histoire, les mythes et la culture turque (enfin, stambouliote, pour être précis, et ce n'est effectivement pas exactement la même chopse), tout en touchant aussi aux perspectives de développement des nénotechnologies pour amplifier le fonctionnement cérébral humain et aux logiques financières à grande échelle. Et tout cela est tissé en une grande fresue dense et efficace. Oui, dense, et c'est finalement le seul vrai reproche qu'on pourrait faire à Ian McDonald : il écrit de manière assez compacte, et avec beaucoup de contenu, ce qui fait que ce n'est pas une lecture très rapide ni complètement de détente sans réfléchir. Ce qui n'est pas forcément un problème, au contraire, mais autant être prévenu, ce n'est pas à usage vidage de cerveau. Au-dela de ça, j'ai particulièrement apprécié le portrait d'Istanbul, qui est d'une certaine manière le personnage principal, qui est complexe, vivant et plein de références et de moments de vie quotidienne. Ce qui m'empèche pas que les personnages autres, et officiels, soient travaillés, touchants et variés, puisqu'on en suit cinq ou six en parrallèle, qui finissent par se rejoindre plus ou moins. Oui, plus ou moins..; mais je ne veux rien révéler de la fin, qui, bien que n'étant pas vraiment ce que j'attendais, m'a beaucoup plu quand même. Un bon roman donc, à ajouter à ses prédécesseurs, et, si Istanbul vous parle plus que l'Inde ou le Brésil, vous pouvez tout à fait commencer par celui-ci.


Lu. Zones humides. De Charlotte Roche.

Zones humides est un livre étrange et intriguant. Parfois classé, à tort en ce qui me concerne, dans la littérature érotique, il n'appartient à mon sens à aucun genre aussi défini. Certes, il parle du corps, fémini en particulier, et du rapport à la dimension biologique. Aux humeurs, si je peux me permettre de médiévaliser un instant, au sang, aux sécretions, à tout ce qui est normalement du domaine su sale et du tabou. Toute cette dimension rejettée par l'hygiénisme, qui enseigne un certain dégout du corps et du biologique. Et ce sont ces dimensions biologiques par quoi la narratrice, jeune fille un peu barrée (mais pas tant), est au sens premier du terme fascinée. Avec une écriture vive et directe, Charlotte Roche explore donc le rapport au corps et au sexe dans ce qu'ils ont de plus directement biologique et sale. Et sans être dans la forme une réflexion sur ces questions, c'est tout de même bien de ça que ça parle et sur cette dimension que ça interroge. Je ne peux pas dire que ce soit forcément une lecture agréable ou relaxante, mais c'est un livre intriguant et fort par son étrangeté et les thèmes universels qu'il aborde. C'est cru, et ça peut être dérangeant dans la forme, mais dans le fond, c'est finalement éclairant et féministe dans la réappropriation du corps et de ses différentes dimensions.


Lu. Charly 9. De Jean Teulé.

Bon, Jean Teulé n'a pas une écriture tellement intéressante, et je ne pense surprendre personne en disant cela. L'intérêt de ses livres tient en général uniquement au personnage choisi, comme ce fut le cas avec le Montespan ou Villon. Alors, quand le personnage choisi n'a pas beaucoup d'intérêt et est traité de manière très superficielle et répétitive, ça donne un roman franchement décevant. Comme le titre l'indique, ici, il s'agit de Charles IX, roi de France responsable du massacre de la St Barthélémy. Qui, partant d'une personnalité déjà faiblarde (en même temps, faut voir sa mère...), en devient fou, strictement, et ne tient plus du tout la route. Or donc, sur un peu plus de 200 pages, c'est ce que va raconter Teulé. Charles IX partant en sucette, méprisé par sa mère, se réfugiant chez sa maitresse et partant en sucette de plus belle. Deux cent pages un peu plates sur un roi de France qui meurt donc doucement en se décomposant. D'une part, ce n'est pas très réjouissant, d'autre part, c'est vite franchement plat. Ce que Teulé essaie sans doute de dynamiser en insérant quelques expressions et formules modernes, mais sans succès à mon sens, puisque ça tombe, au mieux, à plat, et au pire ça perturbe une lecture qui n'avait pas besoin de ça. Bref, si vous voulez mon avis : évitez Charly 9, il y a tant de choses plus intéressantes à lire, même si vous voulez lire du Jean Teulé.


Lu. Sexe, cuisine et (in)dépendance. De Françoise Simpère.

J'aime plutôt bien Françoise Simpère, quand à sa personne et ce qu'elle raconte en général. Quant à ce qu'elle écrit, par contre, je suis moins convaincu. Voire, et c'est le cas de ce court roman vaguement érotique, je peux trouver ça boboïsant et assez mal écrit. En effet, on va suivre une journaliste, parisienne (très parisienne en fait), qui se lance dans une série de reportages autour du monde après avoir convaincu son mouveau directeur en le chauffant. Et donc, elle envisage de sérieusement découvrir aussi ces différents pays sous l'angle sexuel. Non, mais ne vous enflammez pas, ça ne va pas être l'orgie. Et justement, si la narratrice se veut libérée, conquérante et drôle, elle est au finale pas franchement originale et revendique de manière un peu plate des positions pas tellement révolutionnaires. Comme l'écriture est elle-même assez plate, ça casse pas des barres. Et, pour clore le tout, les dialogues sont émaillées d'expressions vaguement à la mode de fausse-jeune bobo parisienne, qui m'ont d'autant plus énervées qu'elles sont tout à fait raccord avec la culture et l'état d'esprit du personnage, voire de l'ensemble des personnages. Donc ça m'a gentiment gonflé, puisque la narration est sans intérêt, et la dimension érotique tout autant. Du coup, non, ne le lisez pas ; là encore, il y a tellement de choses mieux à lire, y compris dans la même catégorie.


Joué. Chocologique.

Chocologique est un casse-tête plus qu'un jeu puisqu'il se joue seul. Maintenant, la forme donne aussi envie d'y jouer à deux, ou plus, en collaboration. En effet, le jeu est une boite de neuf chocolats, de trois formes et trois couleurs différentes, qu'il va s'agir de ranger à chaque fois d'une manière différente. Oui, les clients sont pénibles : ils donnent à chaque fois des instructions plus ou moins partielles qu'il faudra toutes respecter. Un livret regroupe donc différents défis, classés par niveaux, avec à chaque fois une série d'indices et une solution. Et si pour les premiers niveaux, les défis sont assez faciles et directs, très rapidement, il faut pas mal de logique et de déduction pour arriver à combiner les indices divers et partiels. Et ça fonctionne très bien. Accessoirement, il est intéressant de voir qu'on peut aussi bien approcher ces défis de manière très méthodique, par déduction, que de manière plus intuitive puisque le faible nombre d'éléments à manipuler permet facilement de faire des essais divers et de procéder par tatonnements. L'avantage étant que ça peut donc fonctionner avec des profils de joueurs assez différents. Alors, certes, quand on a fait le tour, ça ne se rejoue pas forcément tant que ça, mais la durée de vie reste bonne et pour les amateurs de casse-tête et de déduction, c'est un bon jeu.


Truc. Clavier Typematrix.

Oui, j'ai un nouveau clavier, et je n'ai pas fait les choses à moitié. En même temps, quand je vois le temps que je passe dessus, je me dis que ça vaut quand même le coup de regarder ça d'un peu près. Parce qu'avoir un bon ordi, c'est cool, mais avoir une interface adaptée, c'est mieux, d'autant que c'est quand même la partie avec laquelle, justement, on interagit. Fort du constat que les claviers classiques doivent leur forme et leur organisation à la mécanique des machiones à écrire, et sont finalement conçu, au départ, pour ralentir la vitesse de frappe, certaines personnes se sont lancées dans la conception de claviers plus rationnels, avec pour objectif qu'ils soient plus efficaces et plus agréables. Dans la forme, déjà : pourquoi garder des touches décalées, et des touches très fréquentes, comme la touche entrée, sous un doigt faible et malhabile (oui, je suis méchant avec mon petit doigt si je veux) ? Et donc, ce clavier propose des touches alignées et une touche entrée centrale par exemple. Certes, il faut un petit temps d'adaptation, mais une fois ce cap rapidement passé, c'est vraiment plus confortable et agréable. Comme en plus les touches sont agréables à la frappe et recouverte d'un plastique au toucher doux, c'est le bonheur. Et il est très silencieux. Et il ne prends pas beaucoup de place. Et en plus ? En plus, la couche de protection s'enlève, se lave, et se remplace par une autre si on veut se lancer dans la deuxième étape du clavier rationnel : une autre répartition des touches. En effet, on pourrait avoir un clavier avec les touches fréquentes en accès facile. Ce sont les claviers Dvorak en anglais et Bépo en français (oui, selon la langue, les lettres les plus utilisées ne sont pas les mêmes). Là, par contre, il faut réapprendre le placement des lettres et s'entrainer pour taper sans regarder. Et, donc, j'ai aussi une peau en Bépo, mais je n'ai pas encore essayé assez pour vous en parler en détail, parce que ça demande un temps de transition certain. Maintenant, en bon geek, je ne peux qu'essayer...

Si vous voulez des infos sur le Bépo : http://bepo.fr/wiki/Pr%C3%A9sentation