Chroniques furieuses, impériales et spatiales.



L'armée furieuse, de Fred Vargas.

Toujours Adamsberg pour ce nouveau polar signé Fred Vargas, et toujours autant d'humour, de finesse, d'érudition, mais aussi d'humanité et des petits riens qui font des personnages toujours originaux et baroques, mais jamais trop, jamais à basculer dans le trop fabuleux ou le pas crédible. Pourtant, les intrigues de fond touchent encore une fois au fabuleux, mais pour une partie seulement puisque, peut-être plus encore que les fois précédentes, différentes intrigues se mèlent, certaines traditionnellement historico-mythologiques, et certaines plus nettement contemporaines et politiques. Et Vargas brille dans les deux registres. Pour le reste, je ne ferais que vous redire à quel point j'aime, et même j'admire l'écriture de Vargas, son sens des dialogues, des silences et des personnages, et la construction de ses récits, avec tous les rebondissements qu'on peut attendre de bons polars (même si les chemins suivis par Adamsberg sont moins logiques et rationnels que souvent dans ce genre d'exercice, mais c'est quand même sa signature de pelleteur de nuages). Bref, que du bon, j'ai dévoré, et je vous conseille donc de commencer ou de continuer Adamsberg.


Histoire des Habsbourg, de Henry Bogdan.

Notre voyage en Autriche puis en Hongrie fut pour moi l'excuse, comme à mes habitudes, pour découvrir un peu plus l'histoire de cette région, histoire on ne peut plus marquée par la dynastie des Habsbourg et ses différentes périodes impériales. Sur la forme, c'est un ouvrage plutôt agréable et fluide à lire, sans toutefois sortir des habitudes des textes historiques chronologiques. Mais l'analyse et le regard sont riches, et la matière des plus engageantes. En effet, je ne connaissais que peu le Saint-Empire, l'Empire d'Autriche puis celui d'Autriche-Hongrie, mais au-delà de l'ampleur de ce qui s'y passe, ce sont des fonctionnements passionnants en regard de ce qu'on connait en France des formes monarchiques et gouvernementales. En effet, l'Empire est au départ électif, ce qui change beaucoup de choses, avec des diètes (des parlements) nationaux qui y gardent une autonomie importante. Et les interactions politiques et sociales de tout ça, en sus de la diversité des peuples concernés, sont pleines d'enseignements et d'idées très intriguantes. Bref, un gros bloc d'histoire dans lequel j'ai trouvé largement de quoi me satisfaire.


Le linceul du vieux monde, tomes 1 et 2/3, de Christophe Girard.

Le linceul du vieux monde (formule tirée justement de la chanson des canuts) est donc une bande dessinée, annoncée en trois tomes, retraçant l'histoire de la révolte des canuts (la première, en 1831). Le scénario est donc globalement attendu, puisqu'il suit strictement les évènements, mais il arrive à suivre divers personnages emblématiques et à créer une dimension humaine et narrative agréable même si elle reste secondaire. Le dessin est lui tout à fait à mon goût, noir et blanc sans exhubérance certes, mais avec un trait que j'apprécie et un coté parfois crayonné qui évite un aspect trop propre et froid. On se laisse donc aisément prendre, et je trouve que c'est une chouette manière de découvrir un peu mieux ces évènements pour le moins importants et marquants. L'ensemble est dense, ce sont des tomes plutôt épais pour de la BD mais je n'y ai pas trouvé de longueurs. Par contre, il ne faut pas s'attendre à trop rigoler, même si l'auteur fait des efforts pour avoir des dialogues et des situations plus légères, ce qui se passe ne s'y prête pas, quelque soit la manière dont on le prend. Pour les lyonnais en particulier, je pense donc que c'est une lecture qui mérite un petit détour.


FTL, de Subset Games.

FTL est un petit jeu vidéo franchement old school dont je suis en ce moment assez nettement accro. Quand je dis old school, j'entends par là qu'il ne faut pas vous attendre, en termes de graphismes, à autre chose que de l'ambiance 8-bit, tendance pixel-art donc, avec des animations franchement minimalistes. Et en même temps, on y vient pas pour ça, mais pour un système de jeu qui fonctionne grave bien. Vous êtes aux commandes d'un vaisseau (parmi un choix lilité au départ mais qui devient assez rapidement plus important, et plus encore ensuite quand on débloque les vaisseaux rares et challenges), qu'il va vous falloir mener à travers huit tableaux, chacun constitué de points de saut. A chaque point, un vaisseau adverse ou un truc à faire (par le biais de choix de dialogues), ce qui vous permettra d'améliorer votre vaisseau pour espérer d'une part ne pas vous faire casser votre gueule, et d'autre part arriver au huitième tableau et triompher du vaisseau expérimental / boss final (qui est assez costaud). Tout cela fonctionne avec des mécanismes très très bien huilés, les options étant nombreuses et chacune demandant surtout des choix tactiques assez fins et malins. C'est aussi un jeu old school pour ça : la courbe d'apprentissage est longue et pleine de challenges. Et c'est excellement bien foutu et motivant et plein de possibilités qu'on a envie, quand on aime ce genre de jeux, d'explorer en détail. Un partie faisant entre une et deux heures, on y revient, dans mon cas de manière franchement répétée. Et en plus, c'est vraiment pas cher.


Fermeture définitive, des VRP.

Non, ce n'est pas nouveau. Oui, c'est toujours aussi bien. En fait, ça fait partie de nos classiques incontournables sur les routes de vacances. Il s'agit donc du dernier live des VRP, groupe mythique (dont une partie des membres fonda ensuite les nonnes troppo, qui valent également le détour). C'est donc le grand final de ce magnifique groupe, et ça tient ses promesses musicalement mais aussi et surtout en termes d'humour et de grosses conneries de plus ou moins mauvais goût (mais avec un tel talent pour le mauvais goût et la connerie, comment leur reprocher). Enregistré par la RSR (« Et maintenant, cinq minutes de silence pour la Radio Suisse Romande »), c'est un monument à mes yeux, et je re-re-re-rigole à chaque fois que je l'écoute. On y retrouve bien sur tous les grands classiques des VRP, mélant toujours donc des paroles allant de l'absurde au mauvais goût, mais toujours avec un humour dévastateur, et des musiques jouées à la guitare, la contrebassine et autres instruments bricolés, mais pourtant toujours aussi magnifiques et variées. En résumé, si vous aimez, même un peu, les VRP, c'est incontournable, et si vous ne connaissez, c'est une bonne manière de découvrir, dans un style tout à fait « ça passe ou ça casse ».