Chroniques russes, crooneuses et tripartites.


Lu. The Night Watch. De Sergei Lukanyenko.

Lu. The Day Watch.

Lu. The Twilight Watch.

Une trilogie fantastique contemporaine, russe, dont vous avez peut-être vaguement entendu parlé quand le film correspondant au premier tome est sorti. Il s'agit de fantastique contemporain, avec des mages, des vampires, tout ça tout ça, mais d'une part c'est du vrai bon boulot de scénario et d'écriture et d'autre part, c'est russe. Chaque tome est divisé en trois histoires, avec les mêmes personnages et une évolution mais une vraie intrigue bouclée et bien montée. Parce que les magiciens qui vivent des siècles font des plans sacrément élaborés et tordus quand ils se tirent la bourre. Et ça fait plaisir d'avoir des vrais scénarios, même si parfois, c'est presque trop dans le plan tordu et prévu à l'avance. Mais seulement parfois, c'est globalement bien calé. C'est également bien écrit, avec un vrai humour et surtout des idées de magie originales, cohérentes et aec une vraie réflexion adulte sur le bien et le mal. Parce que si la base est excessivement manichéenne, en fait non, enfin disons que c'est justement le propos de fonds et que je suis bien content de la manière dont c'est finalement bouclé. Et enfin, dernier bon point, c'est russe, moscou aujourd'hui avec une ambiance et des personnages qui changent vraiment et qui ont du caractère. Au final, si le format est classique pour du fantastique contemporain et ne révolutionne rien, c'est par contre remarquablement exécuté et du coup vraiment très agréable. Un très bon moment en ce qui me concerne.



Lu. The Terror. De Dan Simmons.

Je ne dis pas souvent du mal de Simmons, qui est un auteur que j'admire beaucoup, mais là, quand même, c'est en partie raté. Basé sur une expédition polaire réelle ayant disparu corps et biens, Simmons retrace le devenir de ces quelques 110 hommes dans leurs deux grands bateaux, partis chercher le passage du Nord-Ouest. L'aspect historique est fascinant. Une expédition avec trois ans de nourriture, ayant prévu de passer 8 mois sur douze bloquée par la glace, mais avec l'espoir malgré tout, dans les quatre restant, de progresser assez à travers la glace fondue pour contourner le continent américain par le haut. Et à ce niveau-là, Simmons est bien documenté, écrit superbement et a des personnages très attachants. Donc on se laisse prendre et on se passionne pour l'avancée de l'expédition. Mais Simmons a voulu coller par là dessus une trame de fantastique/horreur avec la créature géante des glaces qui poursuit et persécute l'expédition. Bon, pendant longtemps, on se dit que ça ne sert pas à grand chose et que ça ne fait pas tellement peur (peut-être parce que simplement les lieux et circonstances dans lesquels cette expédition survit sont déjà complètement hallucinants). Sur la toute fin, on obtient une vraie explication du pourquoi. Avec plein d'inuits dedans et de mythologie. Ce qui est pas inintéressant mais tombe un peu à plat et n'a pas grand chose à voir avec tout le reste. C'est même joli en fait, malgré une morale un peu caricaturale et facile. Bref, il y aurait eu beaucoup plus d'inuits, pourquoi pas, mais là, on a un très long roman historique très intéressant mais perturbé par des bouts de fantastiques sans intérêt, et une fin inuit joli et séduisante mais la sauce ne prends pas entre les eux à mon goût. Et c'est dommage, vraiment.



Lu. Dictionnaire libertino-libertaire. De Pierre de Proost.

Le dictionnaire de citations est un exercice difficile. Le fait d'avoir une thématique aide, c'est sur, mais c'est ici surtout un choix réduit mais très astucieux de citations qui fait la réussite du machin. On va de Bénabar, à la Bible, en passant par Nietzche, ça vous donne une idée de l'ampleur de la sélection. Mais c'est une bonne sélection, c'est à dire que les citations proposées ont du punch, ne se répète pas, et surprennent souvent. Et l'auteur n'a pas cherché à en coller plus de trop de plein. C'est aéré, fait pour être savouré, pas pour se goinfrer.

Et au final, la thématique n'est pas si apparente. Enfin, en filigrane seulement, on se permet des détours et des parenthèses qui collent bien avec sans en être vraiment. Très malin au final, je trouve. En plus, l'Archange Minotaure fait de beaux livres, physiquement. Un petit moment de réjouissance à repicorer régulièrement.



Ecouté. Lovage. De Nathaniel Merriweather, avec notamment Mike Patton.

Je vais donc vous parler d'un disque que je sais même pas dans quel catégorie il irait. Il est parfois collé en trip-hop mais on m'a dit que en fait pas tant que ça. Disons simplement que c'est de la musique électronique samplée tout ça, mais plutot calme et mélodique. Et surtout, des voix. Parce que ce qui m'a attiré, c'est que Mike Patton chante là dessus. Et Mike Patton chante comme un dieu. Pan par exemple. Car, sous-titré Songs to make love to your old lady by, il s'agit de musiques et de textes dans des ambiances sensuelles/sexuelles. Mais finement. Joliment. Mais non sans une certaine efficacité, autant dans les ambiances musicales que dans les textes, poétique et alliant humour et température avec classe, et surtout portés par des voix... Bon, ceux qui connaissent Patton savent qu'il peut tout faire, notamment le crooner cliché, mais aussi des voix excessivement rauques et sensuelles. Et il est accompagné par une chanteuse également remarquable, les meilleurs chansons étant des dialogues entre les deux. Un projet Ovni, au final, mais très réussi pour des moments calmes et à deux.



Joué. Das Endes des Triumvirat. De Johannes Ackva et Max Gabrian.

César, Pompée et Crassus sont dans un bateau... La république vacille et trois hommes se sont mis d'accord pour se partager tous les pouvoirs. Mais chacun se dit qu'il serait volontiers chef tout seul. C'est cette lutte que retranscrit ce jeu allemand pas très connu mais très agréable. Il s'agit donc d'un de crapulerie et d'équilibre tendu pour trois joueurs. Oui, et à trois joueurs, on se tire forcément dans les pates tout le temps. Faut aimer donc, et éviter de le pratiquer avec des mauvais joueurs, mais c'est un format que j'aime particulièrement. On est forcément amis et ennemis en même temps. Les mécanismes sont surprennament simples et rapides à assimiler et permettent de jouer sur tous les fronts : financiers, militaires, politiques et personnels. Car on peut gagner grâce à une domination dans n'importe lequel de ces domaines. Du coup, faut surveiller ce que font les deux autres et éviter de les laisser faire leur sauce tranquille dans un coin. Ca semble de plus riche de possibilités stratégiques différentes et ça me donne envie de retester vite d manière plus approfondie. Un jeu, si ce n'est pour gros joueurs, au moins pour joueurs appréciant l'embrouille et la tension, mais étonnamment rapide et facile à prendre en main. Je conseille de tester.