Chroniques tropicales, missionnaires et pécheresses.


Lu. Justice sous les tropiques. De Jean-Pascal Martres.



Jean-Pascal Martres (que j'ai eu la chance de rencontrer, d'où mon intérêt pour son livre) est magistrat et il a fait le choix d'exercer autant que possible hors de France, ce qui n'est visiblement pas triste, même si il faut un sens de l'humour bien accroché. Parce que la Justice sous les tropiques, au sens large du terme d'ailleurs puisque c'est aussi St Pierre et Miquelon par exemple, ce n'est pas aussi policé qu'en métropole. Parce que les moyens ne sont pas les mêmes, les distances non plus et surtout la culture est différente. Et si on se met en plus à parler du comportement des expatriés, tout ça prends une dimension parfois ubuesque et plutôt héroique pour ceux qui essaient de faire fonctionner une justice correcte et adaptée aux circonstances spécifiques de ces territoires loin à de nombreux points de vue de la métropole. C'est tout ça dont on parle ici, par petits chapitres thématiques (avec des rappels sur les DOM et les TOM non seulement bienvenus, mais mettant aussi en lumière notre ignorance crasse de situations qui devraient nous concerner autant que celle de la banlieue parisienne ou de la Bretagne), aussi touchants que droles, mais avec toujours un fonds engagés et plein de choses importantes. Ca a été pour moi une vraie découverte, que je ne peux que recommander à tous ceux qui veulent découvrir une part inattendue, parfois choquante, mais très riche de la france et de sa justice. Si par hasard, vous êtes en plus intéressés par le monde judiciare, c'est un bouquin à ne pas rater.

Lu. Odilon Verjus, tomes 1 à 6

Odilon Verjus, c'est une série de bandes dessinées que j'avais vues de loin il y a quelques années, et dont j'ai découvert qu'elles continuaient à sortir et surtout qu'elles étaient depuis peu toutes rééditées. Du coup, je replonge le nez dedans et je dcouvre un petite merveille, bien plus savoureuse que je n'en avai le souvenir. Odilon Verjus est missionnaire, à Popolé en Nouvelle-Calédonie, dans les années 20. Mais il ne va pas y rester. Odilon parle fort, Odilon tape fort aussi, il le faut pour passer vingt ans chez les papous et les évangéliser, au moins un peu. Odilon est pourvu d'un supérieur, le cardinal Golias, lui trouvant toujours des missions inattendues et lointaines. C'est ainsi qu'Odilon, flanqué de son acolyte Laurent (de Bois Menu, pilote de la grande Guerre entré dans les ordres pur se repentir) va parcourir, après la papouasie : Pigalle, le Grand Nord, l'Allemagne pré-nazie, la Bretagne indépendantiste e Hollywood. Chaque épisode est l'occasion de croiser les grands personnages de l'époque (Margaret Mead, les Marx Brother, Piaf, Hitler, Bibila purée, j'en passe, et des meilleurs), mais aussi de se plonger dans une langue et une culture. Parce qu'Odilon Verjus relève finalement plus du texte que de l'image (même si j'aime beaucoup les dessins) : c'est rempli au ras de références, de clins d'oeil mais aussi d'expressions et de vocabulaire spécifique à la période et au lieu (l'épisode Pigalle est particulièrement croustillant). Et c'est un bonheur, au milieu d'aventures truculentes, des découvrir tous ces détails, personnages et renvois à l'Histoire, petite ou grande. Bref, Odilon Verjus a tout pour me plaire, vraiment, et j vous le recommande très chaudement.


Vu. Le vent se lève. De Ken Loach.

The wind that shakes the barley, le titre original, a plus de sens, puisqu'il s'agit d'une complainte irlandaise traditionnelle, utilisée d'ailleurs dans le film même comme chant funèbre. Et c'est bien de mort et d'irlande qu'il s'agit. En effet, le vent se lève, c'est l'histoire de la révolte de l'irlande, ou plutôt d'une des révoltes de l'irlande, contre l'occupant anglais. C'est, plus précisément, la constitution de l'IRA après que les anglais ignorent l'élection d'un parlement irlandais, le Doil Eirheann. On suit donc les avancées, violentes et souvent dures, de la cause et de la répression, par le biais de deux frères. Des luttes contre les anglais aux luttes internes, on retrouve de manière très nette, et c'est finalement mon seul reproche, le synopsis de Land and Freedom. Reproche très modéré, parce que c'est une de mes films préférés, mais reproche quand même parce que ça gache un peu d'avoir autant l'impression de retrouver les mêmes scènes. Maintenant, si vous ne vous souvenez plus de Land and Freedom ou que vous ne l'avez pas vu, tout va bien. Car c'est un très beau film, émouvant, réfléchi, sur les limites de l'engagement, sur la fidélité à une cause, et sur la liberté, finalement. Donc oui, j'ai beaucoup aimé, mais je ne peux pas m'empècher de comparer, pas complètement à tort sur le fonds, pour le coup, ce qui est un propos en soi peut-être, les verts paturages irlandais et les terres brulées de catalogne.


Lu. Pêchés mignons. D'Arthur de Pins.

Depuis un moment, je suis le site d'Arthur de Pins, illustrateur de talent au style inimitable. Avec un trait semi-informatique (très vectorisé), il dessine des petits personnages tout ronds, et plus particulièrement des petites bonnes femmes extrèmement sensuelles et mignonnes. Il se trouve qu'il était jusque là publié dans Max, ce qui me donnait peu d'occasions de voir ce qu'il faisait en terme d'histoire. Mais tout cela est réparé puisque ça y est, un volume de compilation en est sorti. Et outre que je suis toujours aussi fan de son graphisme, ses petites histoires de séduction pleines d'humour et de tendresse m'ont vraiment bien plu. Ce n'est pas lourd, contrairement à ce qu'on aurait pu croire (cf Max), c'est drole, et c'est joli. Alors oui, je maintiens, je suis tout à fait fan (et ca me fait en plus plaisir de voir des filles dessinées pas longilines et suelettiques pour un sou mais terriblement réussies). Mon seul bémol, outre Max, est que Fluide se sent obligé de publier ça dans une collection intitulée Fluide Glamour dont je suis pas sur que, comment dire, ça continue aussi bien. Mais enfin, tout cela est annexe, à l'intérieur des pages, c'est juste excellent.


Joué. Saboteur. De Frederic Moyersoen.

Saboteur est un tout petit jeu, avec des nains. Plein de nains car saboteur marche surtout bien à plus de 5, et jusque à 12 même si je n'ai pas vérifié jusque là. On est donc tous des nains, et, forcément, on creuse pour arriver au filon d'or. Mais, vous l'aurez deviné, il y a de saboteurs. Leur objectif est au contraire que l'avancée de la mine soit un échec. Nécessairement, on ne sait pas qui sabote, et comme dans tous les jeux de ce type, ça ne fonctionne que si les saboteurs arrivent à semer le doute et à maintenir un certain suspense. Du coup, quand ça marche pas, c'est pas grandiose, mais quand ça fonctionne, c'est toujours bien. Une bonne mécanique donc, sur un principe éprouvé du jeu à traitres. Deux gros avantages : des règles minimalistes et la possibilité de jouer en grand nombre.