Chroniques chiennes, dangereuses et merveilleuses.



Lu. Les chiens ont soif. De Normand Baillargeon.

Après avoir écrit « L'ordre moins le pouvoir », Normand Baillargeon, toujours sur les mêmes questions, propose non pas une approche historique du mouvement libertaire, mais des réflexions personnelles et actuelles, ainsi que des propositions et pistes de réflexion ouvertes. Effectivement, il s'agit d'invitations à la réflexion et à la discussion que de grandes vérités ou de leçons. On démarre avec une prise de position franche et bienvenue sur la responsabilité sociale des intellectuels, ce qui m'a mis de bonne humeur et donne plus ou moins le ton de la suite : abordable et sans aucun jargon, ouvert aux discussions et agréable à lire. On passe ensuite en revue différents aspects, l'éducation prenant une part importante (et honnêtement, voire ce que ça donne sur le continent nord-américain ne fait que plus peur par rapport aux évolutions actuelles de par chez nous) mais ce n'est pas le seul thème intéressant. Sur toutes ces questions, les analyses et propositions de Baillargeon sont claires, ouvertes et pleines d'intérêt, même si, pour ceux qui sont déjà au fait d'un certain nombre de réflexions libertaires, on retrouve un certain nombre de choses connues. On termine sur une présentation de propositions élaborées et visiblement déjà beaucoup discutées et testées de systèmes économiques libertaires. C'est beaucoup trop court comme présentation mais le but étant de donner envie d'aller lire les auteurs en question, c'est réussi et réjouissant de voir de vraies propositions constructives.


Lu. Absinthe and flamethrowers : ruminations ont the art of living dangerously. De William Gurstelle.

William Gurstelle aime bien les projets de bricolage étranges et souvent un peu dangereux. Et ce n'est pas son premier livre à ce sujet, mais celui-ci a ça d'intéressant qu'il propose aussi une réflexion de fond sur le fait de vivre dangereusement. Bon, ce n'est pas une thèse universitaire non plus, mais il y a pas mal d'idées intéressantes et de références malgré tout à des travaux de fond sur le sujet. De fait, selon les gens, l'envie, voire le besoin, d'un minimum de prises de risque varie et joue une part importante dans le plaisir qu'on prends à ses diverses activités et à sa vie en général. Je ne parle pas forcément de se jeter dans le vide, hein, mais justement de choses plus raisonnables mais qui permettent quand même un minimum d'adrénaline et surtout de contrôle sur son environnement et ses activités en général. Et j'ai trouvé intéressant de s'interroger sur ces questions-là et de se positionner par rapport à ce type d'envies. Au-delà de ça, c'est un bouquin qui propose toute une série d'activités manuelles, de la fabrication de la poudre noire, à celle d'un lance-flammes, en passant par la dégustation d'absinthe. Les activités sont certes dangereuses a priori mais faisables pour la plupart de manière tout à fait raisonnable, et ça fait quand même pas mal envie quand on est un peu bricoleur et qu'on aime faire des trucs un peu bizarre et challenge.


Lu (BD). Péchés mignons, tome 4. D'Arthur De Pins et Maïa Mazaurette.

Pour ce tome 4, qui reste tout à fait dans l'esprit des précédents, le changement est qu'il y a une vraie histoire sur la longueur. Enfin, une histoire, disons un fil conducteur plus exactement puisqu'il s'agit de la préparation du mariage des amis de Clara et Arthur. Et c'est une réussite puisqu'avec ce fil conducteur, on gagne en cohérence mais sans perdre le rythme d'un gag par planche des précédents tomes. Je dirais même que le rythme et les gags sont meilleurs que ceux du tome précédent que j'avais trouvé un peu plus mou et moins convaincant. Et comme en plus, il y a plein de clins d'oeil au mariage et au couple tout à fait réussis et réjouissants, c'est du tout bon pour le contenu. Et pour la forme, toujours nickel aussi, je suis fan d'Arthur de Pins de toutes façons, ça reste plein de charme et d'humour. Donc une série qui continue bien.


Lu (BD). Le voyage des pères, tome 3. De David Ratte.

Ce troisième tome du voyage des pères est le dernier, et clôt la série d'une manière très satisfaisante. On continue en effet à suivre les trois pères d'apôtres à la recherche de leurs enfants, et donc, du même coup, du christ. On retrouve dans ce tome l'équilibre très réussi du premier, alors que le rythme et l'humour du second étaient à mon sens moins justes. Par contre, même si l'humour est présent, le ton est ici nettement plus triste et sérieux dans l'ensemble, mais toujours avec une vraie finesse. Et de la même manière, on reste en marge de l'histoire du christ et des apôtres eux-mêmes mais juste à la limite, avec des liens bien gérés et jolis, qu'on soit croyant ou pas du tout. Je n'en dirais pas plus pour ne pas gâcher le plaisir de la découverte mais une jolie fin est au rendez-vous et la qualité d'écrire et de dessin est toujours aussi bonne.


Vu. Millenium, les films.

Après les livres, que je vous conseille à nouveau et très vivement, les films, et là encore, pas de mauvaise surprise, que du bon. Réalisation et casting suédois, ce qui permet d'éviter de tomber dans des clichés hollywoodiens et de conserver une vraie ambiance suédoise très fidèle à celle des livres. Et, honnêtement, on retrouve de manière vraiment réussie tout ce qu'il y a de bon dans les livres. Le casting notamment est impressionnant de justesse, avec une mention spéciale pour Lisbeth, ce qui n'était quand même pas gagné. Certes, les intrigues sont parfois un peu abrégées et certains personnages secondaires passent plus ou moins à la trappe, particulièrement dans le second et le troisième, mais c'était le seul choix viable et ça ne gâche en rien l'efficacité de l'ensemble. D'ailleurs, qu'on aie lu les livres ou pas, c'est prenant et le rythme est bon (voire dense pour le dernier, où il a fallu abréger plus que pour les deux premiers). La réalisation est sobre et efficace, et évite d'en faire des caisses, ce qui est tant mieux parce qu'il y a déjà bien assez de matière pour qu'il n'y ait pas besoin d'en rajouter. Si vous n'avez pas lu les livres, ça peut être une bonne approche tant c'est prenant et efficace, mais à choisir, je vous conseillerais quand même de commencer par les livres puis de regarder les films.


Joué. 7 wonders, d'Antoine Bauza.

Le nouveau buzz du jeu de plateau, dont tout le monde dit du bien, et je vais faire complètement pareil tant j'ai été convaincu. 7 wonders est un jeu de civilisation, au sens où chacun va construire des bâtiments et choisir l'orientation de sa civilisation (définie au départ par une des sept merveilles du monde antique, d'où le titre). Donc chacun de son coté développe, mais c'est loin d'être un jeu où chacun reste dans son coin, et c'est le premier point que je trouve très réussi, puisqu'une fois une carte jouée, on passe le reste de ses cartes à son voisin. Du coup, les choix de chaque joueur dépendent de son développement mais aussi de ce qu'il veut ou ne veut pas passer à son voisin. Et comme, notamment pour les valeurs militaires, on compare à ses voisins, en termes d'interactions, c'est tout bon. Le second grand exploit de 7 wonders est de se jouer en une demi-heure, et sans temps mort puisque tout est simultané. Et du coup, on refait forcément plusieurs parties, parce que ça fonctionne très très bien et que ça va vite. Troisième grand point fort, ça se joue de 3 à 7, et sans accrocs ni inflation du temps de jeu. Par dessus tout ça, une mécanique rodée et fluide, équilibrée, et une qualité d'illustration et de production remarquable. Ah oui, et ça s'explique vite aussi. Bref, une vraie grande réussite, qui pour moi se classe d'entrée dans les très grands jeux que je vais beaucoup beaucoup rejouer (un peu comme un Race for the galaxy jouable par des non-maniaques). Vraiment, essayez.


Joué. Race for the galaxy (version informatique).

Je ne vais pas vous redire du bien de RFTG, les maniaques que ça peut concerner auront déjà essayé et apprécié. Simplement, un ami bien intentionné (mais que je maudis au passage) m'a fait découvrir une version informatique avec IA pour jouer tout seul. Et l'IA est drôlement bien foutue, ce qui permet de retrouver une part non-négligeable du plaisir de jeu et surtout de tester et d'affiner de nombreuses stratégies. Maintenant, si vous êtes comme moi, ça risque de vous faire perdre un temps très très considérable. Et, oui, il y a toutes les options et extensions, tout ça étant configurable.

http://www.keldon.net/rftg/