Chroniques mythologiques, sacrées et royales.



Lu. Vellum. De Hal Duncan.

On me le conseillait depuis un moment (merci Pounette) et je confirme : c'est une bonne claque. Et c'est une claque assez difficile à décrire tant c'est un roman riche, baroque et ambitieux. Flou aussi, mais c'est également un aspect que j'ai apprécié. Pour situer globalement : il s'agit d'un gros roman, construit en mosaïque dispersée, avec des morceaux qui se répondent sans que le comment soit forcément très clair, tout ça sur une thématique mythologique déroulée sur de nombreuses époques : contemporaine, première guerre mondiale, futuriste proche, antiquité (la plus haute). On pourrait donc dire que c'est du fantastique contemporain, mais c'est plus mythologique qu'autre chose, avec un éclairage de style fantastique contemporain, un peu à la mode d'un Tim Powers. Maintenant, dans l'écriture (en Vo en tout cas), c'est très ambitieux et, à mon sens, extrêmement bien écrit. C'est bien écrit dans la musique et le rythme déjà, avec des échos de textes mythologiques permanents, mais aussi dans la construction d'ensemble puisque toutes les scènes sont prenantes et fortes émotionnellement. A l'inverse, cette intensité est possible parce que tout ce qui pourrait ressembler à une transition est simplement absent, et qu'on passe d'une époque et d'une scène à l'autre directement. Du coup, oui, c'est franchement déroutant, et ce sera sans doute une torture si vous essayez de suivre en permanence le pourquoi et le comment des enchainements et de la structure de l'ensemble. L'effet produit est assez impressionniste, brossant un tableau d'ensemble par touches dissociées mais faisant écho les unes aux autres. En ce qui me concerne, ça fonctionne vraiment très très bien, autant sur la forme, dont le coté littéraire et ambitieux me séduit, que sur le fonds, dont l'argument scénaristique et l'érudition mythologique s'articulent très bien. A essayer si ce genre de choses vous tentent et si vous avez un peu de courage. Je vous en reparlerais de toutes façons avec la suite, qui est en fait la seconde moitié : Ink.


Lu. Created in darkness by troubled americans. Collectif.

MsSweeney est un site et magazine littéraire accueillant la production d'auteurs (très) divers et (très) variés, l'accent étant mis de manière générale sur l'originalité et l'expérimentation. Au sein de ce site, on trouve donc plein de choses, dont une catégorie humour. L'humour en question est à la mesure du reste du site : plutôt littéraire, décalé et travaillé, donc le plus souvent une idée idiote et rigolote tournée en petit texte bien foutu. C'est donc une compilation de ces textes qui a donné naissance à cet ouvrage. L'ensemble des textes est vraiment bon, et vraiment amusant, avec pas mal de références littéraires et/ou geek bien sur, mais aussi, tout simplement, des dialogues et des situations bien écrites et drôles. En conclusion, on trouve aussi une série de listes, une des spécialités du site, décalées, souvent très drôles et assez surréalistes, dont, par exemple : Panneaux dans le jardin de gens dont vous préférerez éviter le jardin, Bad names for boats, First lines to books I won't write. Tout cela se lit avec un grand plaisir, ce sont vraiment des textes et un humour qui me mettent facilement de bonne humeur, et qu'on peut picorer selon l'inspiration. Pour vous faire une idée, vous pouvez aller visiter le site, mais ce n'est pas non plus une mauvaise idée de profiter d'une compilation du meilleur directement.


Lu. Gonzo, a graphic biography of Hunter S. Thompson. De Will Bingley et Anthony Hope-Smith.

J'ai acheté cette BD sans la moindre hésitation, même sans en connaître les auteurs, mais il faut avouer qu'elle ne plaira qu'à ceux qui connaissent déjà, au moins un peu, et apprécient, plutôt plus qu'un peu, Hunter Thompson. Il s'agit effectivement d'une biographie dessinée qui choisit clairement de montrer les engagements et le talent de Thompson en tant qu'auteur et journaliste, et donc de prendre un peu de distance avec l'image de junkie arraché qu'on peut souvent en conserver à travers certains films ou écrits autres. Et je dirais : tant mieux. De fait, Thompson est avant tout un écrivain remarquable et un journaliste d'une pertinence rare, et ses excentricités ne sont finalement qu'une expression annexe de ses choix et de son caractère, et n'auraient en rien suffit à le faire exister publiquement sans son talent, au contraire même. Partant donc de ce choix, on suit Thompson dans les grandes étapes de sa vie, ses engagements et ses doutes, ses choix professionnels plutôt que ses beuveries. La narration est assez lâche mais permet de se concentrer sur les moments qui font le plus sens. L'inconvénient majeur étant que si l'on ne situe pas précédemment la chronologie globale de sa vie et son œuvre, ce n'est pas forcément facile de s'y retrouver. Si on situe tout ça, par contre, c'est un choix franchement justifié et efficace pour tracer un portrait touchant et proche du personnage plus que de son image publique. Le dessin est assez oubliable mais fonctionne finalement plutôt bien, et les textes sont bons et économes. J'ai donc bien apprécié même si ça touchera nécessairement un public limité, et ça me donne envie de replonger dans du Hunter Thompson directement, tiens...


Lu. Sacré Comique. De Daniel Goossens.

Sacré Comique est une BD assez hétérogène puisqu'on y trouve regroupé des dessins éditoriaux, des petits strips et des histoires de Georges et Louis, le point commun étant que tout ça traite de religion. Et que dire si ce n'est que c'est du Goossens ? C'est-à-dire que c'est souvent absurde, toujours fin, avec des personnages, des visages et des dialogues pleins d'une humanité certes caricaturales mais toujours de manière pertinente et touchante. Bref, c'est du Goossens. Sinon, c'est certes un peu mélangé en vrac mais avec tellement de bons moments que ça ne pose pas tellement de problèmes. A la limite, personnellement, n'étant pas fan de Georges et Louis, j'aurais préféré qu'il y en ait moins, mais je chipote, et ça relève surtout de préférences personnelles. Et je regrette aussi qu'il n'y ait pas plus de talk-shows et de moments de pur dialogue (comme la couverture dont je suis totalement fan), mais en même temps, si c'était toujours la même chose, ce serait dommage. Bref, c'est du bon Goossens, un peu en vrac, mais sur un thème qui me fait plaisir alors ne le boudons aps, justement, le plaisir.


Lu. 41 euros. De Davy Mourier.

Davy Mourier, pour ceux qui ne situent pas (bah alors, vous attendez quoi pour abandonner vos chaines de télé habituelles pour la seule qui change un peu), est animateur de télé sur Nolife, la petite chaine bricolée par des geeks qui font de la qualité et du n'importe quoi. Et, à la télévision, outre qu'il est pas mal pointu en jeux vidéo, bd et culture geek, Davy est pas mal un clown qui fait n'importe quoi sans limites et avec tout le temps le sourire. On aurait donc pu attendre une BD du même gabarit, pleine de n'importe quoi drôle et décalé, mais il se trouve que non. Quand on a un peu suivi ce qu'il apprécie en BD, on est moins surpris. En effet, il s'agit d'une vraie autobiographie, et même, pour être précis, de l'autobiographie de sa dépression et de ses séances de psy, encadrée par quelques pages sur son enfance et d'autre sur sa grande histoire d'amour. Alors, sur le fonds, disons-le clairement, ce n'est pas du tout rigolo, mais parce que ça a une vraie profondeur et que c'est écrit avec beaucoup d'honnêteté. Du coup, c'est touchant et ça fonctionne plutôt bien. Sur la forme, c'est dessiné de manière (faussement ?) maladroite et chaotique, mais j'aime bien le trait et le style que ça donne à l'ensemble, d'un cahier de notes et de confessions. Au final, c'est une BD que je trouve très sympathique et touchante, mais sans doute parce que j'appréciais le personnage avant.



Ecouté. GiedRé.

J'ai découvert Giedré grâce au Davy sus-nommé (et à M. Poulpe, dans leur bien belle émission hebdomadaire « J'irais loler sur vos tombes », regardable gratuitement chez Ankama). Giedré chante, toute seule avec sa guitare et ses robes de petite fille, des textes qui, pour le moins, arrachent doucement la gueule. Et le contraste fonctionne très bien entre son air de sainte nitouche et ses textes rentre-dedans, et lui permet probablement de se produire bien plus facilement que si elle avait l'air moins sage. Parce qu'il faut reconnaître que ses textes tapent fort, et pas mal dans tous les sens. Je pense que beaucoup de gens trouveront ses chansons insupportables et beaucoup trop choquantes/violentes/vulgaires. Maintenant, comme elle le chante, « je ne suis pas méchnte, c'est le monde qui est pourri, si la vie était moins violente, je le serais aussi ». Bref, si elle se produit en première partie de Didier Super, ce n'est pas complètement un hasard, au contraire, et ça doit faire une sacrément bonne soirée. Mon seul vrai bémol pour l'instant est de savoir comment tout cela va continuer, ou même prendre forme puisque, à ce jour, Giedré n'a pas encore vraiment d'album (enfin, son premier sort là maintenant, mais c'est un six titres seulement). Mais j'ai bon espoir que ça prenne une bonne tournure vu le nombre de chansons qu'elle a déjà et que vous pouvez découvrir soit sur son site (http://www.giedre.fr/ ), soit en cherchant sur YouTube (Commencez donc là, en douceur : http://www.youtube.com/watch?v=Xrh91gmh3_s ) .



Vu. The King's Speech. De Tom Hooper.

Voilà donc un film dont on parle beaucoup en ce moment, et qui est promis à tout un tas de prix : je suis allé le voir et il mérite largement tout ce qu'on en dit. Je résumé pour ceux qui auraient raté tout ça : Le Duc de York, second fils du roi Georges V, bégaie, de manière très marquée. Si il pensait pouvoir vivre dans l'ombre de son frère ainé (le futur Edouard VII), il se trouve que ce dernier s'avère inapte à régner et préfère partir vivre avec sa maitresse américaine. Et du coup, roi d'angleterre, quand on bégaie, c'est vraiment problématique. C'est donc son évolution qu'on suit, et plus particulièrement son traitement/thérapie avec un « orthophoniste » australien original et relativement iconoclaste. Il s'agit du coup d'un film de dialogues et de personnages avant toute chose, et d'un film qui prends son temps. Déjà, ça fait du bien. Ensuite, comme les personnages sont touchants, profonds et particulièrement bien joués (tous, en fait), on se laisse prendre très vite. Qui plus est, les dialogues sont ciselés, drôles, et donnent envie d'être réécoutés, voire relus, pour les savourer mieux. Et, pour finir, comme tout ça s'articule autour d'une vraie évolution des personnages dans un cadre historique fort, la sauce prends sacrément bien. Donc oui, j'en suis sorti touché et complètement convaincu. Ce n'est pas si souvent qu'on trouve des films aussi bien construits, joués et écrits, qui prennent leur temps et qui sont à la fois drôles, forts et touchants.



Vu/Acheté. Coffret DVD « The IT Crowd ».

Je ne vais pas vous redire tous le bien que je pense de It Crowd, dont j'attends avec impatience la cinquième saison, mais j'ai lors de notre récent séjour londonien acquis le coffret DVD des quatre premières saisons et je me devais d'en dire un mot. On y trouve bien sur tous les épisodes, avec sous-titrages anglais et 1337 (pour certaines saisons) ou geek (soit tapé avec les pieds et des fautes de frappe et d'orthographe partout) ainsi que les commentaires du réalisateur. Mais au-delà de ça, la très bonne surprise, c'est le vrai travail fait sur tous les menus des DVD, reprenant l'esthétique et le déroulement de jeux vidéo ou web classiques et très geeks pour raconter les grandes lignes de la saison. Il y a même un menu en mode Grow, un autre en cinématique années 90 (« You are belong to us ! »). Bref, c'est très très geek avec de très très solides références et ils ont pris soin de faire ça bien jusque dans les détails. Et, quand en plus on achète les DVDs pour soutenir la série et avoir des vrais objets de fan, ça fait terriblement plaisir que ce soit aussi bien foutu et drôle.


Vu. Astérix aux jeux olympiques.

Franchement, j'ai trouvé ça très très naze. Avec rien qui rattrape, même pas (et même particulièrement pas) la galerie de célébrités qui viennent, emmenés par Djamel, conclure l'ensemble sur une série de caméos injustifiés, plats et mal joués. Évitez.