Chroniques armées, incestueuses et romaines

Chro

Vu. Lord of War. De Andrew Niccol.

Ce film a un titre qu’on dirait une chanson de Manowar. Mais en fait non, pas du tout. Et je vous le conseille nettement plus que les chansons de Manowar, de fait. Car Lord of War est un film en équilibre surprenant entre une narration de film américain très lissée et maitrisée et un propos de fond bien plus grinçant et difficile. Car Nicolas Cage, sympathique, aussi à l’aise que d’habitude, campe un marchand d’arme, du genre petit qui devient très très gros. Et on en devient pas marchand d’arme en conservant une morale, ni d’ailleurs en en aillant vraiment au début. Sur le tableau narratif, personnage et film classique, j’ai trouvé ça bien. Pas super mais bien, on se prends au personnage, l’intrigue avance, tout se goupille bien. C’est sur le propos de fonds que j’ai trouvé ça vraiment malin, notamment les dix dernières minutes, et plus particulièrement les deux dernières phrases/images. Je vous en dit rien sinon ça risque de gacher mais vraiment, ça justifie à mes yeux tout le reste du film, et de loin. Pour vous inciter, je dirais que c’est un film que ça m’a surpris qu’il ait été produit aux USA et en effet, les producteurs, ils ont du aller les trouver à l’étranger, et je dirais aussi que c’est très largement inspiré de faits réels et de personnages réels (les armes et les chars utilisés sont ceux de vrais marchands d’armes, parce que c’était moins cher que des faux, l’ironie est piquante). Bref, allez voir Lord of War, outre un film bien mené, ça fait pour le coup réfléchir un minimum (ou au moins, ça met face à une réalité qu’on préfère ignorer d’habitude).


Lu. Je laisse aux chiens l’exploit de nous juger. De Paul Marchand.

Un livre choisi un peu au hasard, sur la bonne foi des critiques dithyrambiques présentées en quatrième de couverture. Attention, cette chronique va dévoiler quelques aspects du bouquin, aspects ceci dit qu’on découvre très très vite donc bon. C’est un bouquin sur un thème qui se veut choc, et qui l’est, notez, une histoire d’amour incestueuse. Maintenant, c’est fait pour justement que ce soit le cas le plus acceptable possible, dans la construction, et c’est raconté par la fille en question. C’est d’ailleurs plutôt joliment raconté, style histoire d’amour compliquée et difficile (enfin pas exactement mais je vous laisserais découvrir les finesses). Ca passe donc tout à fait bien, et ça argumente pour une certaine tolérance (dans le cas en question, hein, pas pour l’inceste en général dans tous les cas). Au vu du thème, c’est finalement plutôt une lecture paisible et sympa, de mon point de vue en tout cas. Il n’y a bien que les premières pages qui m’ont vraiment saisi et eu à la surprise. C’est donc bien écrit, bien mené, sur un thème inattendu, et ça me laisse donc une bonne impression, sans non plus que j’en chante les louanges.


Vu. Rome. Saison 1.

Je vous en disais beaucoup de bien après la vision des trois premiers et je confirme maintenant largement : Rome, c’est la série à voir cette année. Genre autant que Six Feet Under même si c’est un tout autre style. En une série de douze épisode sont brossées les six années séparant la fin de la guerre des gaules et la mort de César. C’est du coup assez éliptique, mais d’une manière que je trouve passablement intelligente : on ne voit que très des nombreuses guerres et affrontements, on se concentre sur les dissensions et manœuvres politiques ainsi que sur les vies des personnages. Or les personnages sont vraiment bien. Qu’il s’agisse des grands personnages historiques, qui sont en même temps touchants et enthousiasmants (mention spéciale à l’acteur qui joue César) ou des personnages fictifs plus modestes mais très bien intégrés au reste et avec des vies personnages dignes de séries plus contemporaines (et vraiment, les astuces qui les mettent au cœur d’évènements historiques sont bien vues). Comme à coté de ça, la réalisation, les décors et les textes sont d’une qualité remarquable (je faisais pas la comparaison à Six Feet pour rien), c’est vraiment une série à ne pas rater.

Joué. Casanova. De Niek Neuwahl.


Casanova est un tout petit jeu, pas cher, mais dont on se dit vite qu'on pourrait y jouer avec un jeu de cartes normales. C'est très vrai, et ça n'y perdrias pas grand chose mais j'aime bien le visuel et le matériel alors bon, comme les règles sont bonnes, je regrette pas mon achat. Casanova est un jeu au nom trompeur puisqu'il se réfère à la seconde passion du séducteur transalpin : les jeux d'argent. Il s'agit d'un mini-jeu de casino, avec du vrai hasard dedans, des paris et un peu de bluff pour pimenter. C'est ultra-super-simple à saisir et si vous aimez les jeux de paris où on mise de l'argent (faux dans le cas présent mais rien ne vous empèche de), c'est vraiment une petite découverte sympa. Accessoirement, la version commercialisée est pour quatre maximum mais absolument rien n'empèche de jouer ça plus nombreux.

Lu. La loi des males, La louve de France, Le lis et le Lion et Quand un roi perd la France. De Maurice Druon.

Les tomes 4, 5, 6 et 7 des rois maudits sont dans des styles assez différents. La loi des males raconte les moments cruciaux du règne de Philippe le Long. Comme c’est un personnage qui m’est très sympathique, j’ai bien apprécié, au point même de trouver ça un peu court, car comme les autres souverains, il ne fait pas très long feu. Tout à fait dans la lignée des précédents mais un peu plus fouillé et avec un roi malin, c’est un pari sûr. Le suivant est par contre assez différent puisqu’on change complètement de cadre pour s’intéresser à Isabelle de France et Edouard II. Si les évènements chroniqués sont intéressants, j’ai un peu regretté l’abandon de la plupart des personnages présents depuis le début de la série. Bien sur, les grands évènements se passent en Angleterre donc c’est bien normal mais du coup, on perds un peu de cette impression de continuité et de familiarité qui existe depuis le début. Maintenant, c’est bien quand même, c’est juste moins intégré et donc un peu moins entrainant à mes yeux. Le tome 6 revient partiellement en France avec le début de la guerre de Cent Ans. C’est bien agréable même si il ne reste plus tant de personnages initiaux en France mais quand même, c’est je grand retour de Robert D’Artois et c’est un vrai plaisir. Malheureusement, c’est aussi sa fin et ça fait un grand vide, vide d’ailleurs mis en avant par l’auteur. Car oui, avec Robert, c’est un peu la continuité de la série qui s’interromps. Ca n’empèche pas d’avoir un tome de plus, mais de fait, il ressemble à un rajout, ce qu’il est. La période et les évènements sont très prenants et très intéressants et à ce titre, ça vaut largement le coup de le lire, mais ça n’a pas le charme du reste de la série et ça a du mal à s’y relier vraiment. Maintenant, ce n’est pas une raison pour ne pas le lire, juste faut pas y aller pour retrouver les personnages des tomes précédents, faut y aller pour une période haute en couleurs. Au final, c’est vraiment une série agréable et facile à lire et à relire, donc sans hésitation, allez-y.


Lu. Dallas Barr tome 7 : la dernière valse. De Marvano et Haldemann.

Je vous avais parlé il y a un moment de cette série de BDs style feuilleton malin de SF proche. Et bien le dernier tome est sorti, ça y est, tout est bouclé. Enfin, non, tout n’est pas bouclé, mais la série est finie et chacun peut imaginer la suite qu’il veut. Et de ce dernier tome, il me reste deux impressions principales : c’est malin mais c’est un peu confus. Car à la fin du tome précédent, on était laissés sur un cliffhanger dont on se doutait un peu de la direction qu’il prenait. Et on est pas déçu, effectivement, révélations et évolutions cruciales des personnages principaux. Et l’ensemble a les défauts de ses qualités : on évite les écueils simplistes d’une fin qui bouclerait tout de manière carrée mais du coup, ça se mélange un peu et la conclusion n’est pas très tranchée, ça fait plutôt fin de règne et saut dans l’inconnu. Ca ne me surprends pas de Haldemann et j’aime plutôt même si ce n’est pas vraiment le ton du reste de la série. Juste un bémol pour la fin de Dallas lui-même qui, si elle est gentille, n’est pas en ce qui me concerne la plus convaincante ni la plus touchante. Une série qui se finit donc plutôt bien mais sans que ce soit non plus éblouissant.