Chroniques chrétiennes, gonzo et libres.


Lu. Les mots de la religion chrétienne. De Xavier Renard.

Bon, je sais, lire des dictionnaires n'est pas forcément votre tasse de thé. Bien que je n'aime que peu de thés, j'aime bien les dictionnaires et celui-ci est tout à fait lisible puisque les entrée sont de petits articles et non des définitions. Les mots présentés sont ceux du langage courant hérités de la religion chrétienne. Certains très directement, certains par le biais de diverses transformations et changements de sens (par exemple, crétin vient de chrétien en passant par la Savoie, si, si). Si vous aimez l'histoire, ou l'étymologie, ou les religions, ou que vous êtes simplement curieux de ce genre de choses, c'est passionnant de bout en bout. Et en plus, ça peut se feuilleter et se consulter par morceaux. Les articles sont courts, en moyenne, mais replacent le mot dans le contexte, les pratiques et les évolutions historiques, on y découvre donc aussi une foule d'informations merveilleuses sur la chrétienté et la pratique religieuse en général (par exemple, les cloches ne sont pas bénies, mais baptisées, et elles ont un parrain et une marraine). J'adore ce genre de choses, certes, mais cet ouvrage-là est particulièrement bien tourné et présenté.


Lu. Choke. De Chuck Palahniuk.

Je n'ai pas lu Fight Club, mais j'ai quand même bien senti qu'il pouvait s'agir du même auteur. Parce que c'est quand même un bouquin particulièrement chaotique et foutraque (et bien écrit aussi). Du coup, il est difficile d'en donner une idée rapidement. Disons simplement que le personnage principal est assez attaqué, qu'il travaille comme figurant dans un parc historique 17ème, qu'il va se trouver des filles dans les réunions de groupe d'accrocs au sexe et que sa mère est à l'hôpital. Et que si dans sa tête, c'est vraiment bizarre, elle n'y est justement pas pour rien. C'est écrit à la première personne, avec beaucoup de rythme, d'humour et de talent et on se trouve vite projeté dans l'univers mental de ce personnage dérangé (et potentiellement tout à fait dérangeant d'ailleurs). Il faut un peu s'accrocher, enfin, il faut avoir envie de se plonger dans un livre bizarre, qui secoue et qui part un peu dans tous les sens. La bonne surprise, voire très bonne, c'est qu'il y a d'une part un vrai scénario solide et un, voire des, propos de fonds tout à fait importants, pertinents et bien amenés. Pour moi, c'est une réussite, mais je reconnais que c'est particulier.


Lu. Gonzo. Une biographie illustrée de Hunter S. Thompson.

Il est des livres qu'on achète alors qu'on a pas de soux mais dont on sait qu'il n'y a pas le choix, qu'ils sont essentiels. Je vais éviter de vous rechanter trop longuement mon admiration totale pour Hunter Thompson et ce qu'il écrit, mais je crois quand même que ce gars était un vrai génie (ce qui n'est pas un terme que j'utilise souvent, vous noterez). Pas un génie facile d'accès, pas un génie rassurant, et quelqu'un de complètement fou. Avec un vie chaotique, violente, incontrôlée, et peut-être incontrôlable, mais admirable et dont il est sorti des textes tellement splendides... Bref, il s'agit ici d'un gros livre de photos de Hunter Thompson (les deux : de lui et/ou prises par lui), retraçant toutes les grandes étapes de sa vie et intercalées de citations du même. Tout ça dans une mise en page que je trouve très adaptée et superbe, qui colle des couleurs plein les yeux. Et pour qui aime Thompson, c'est génial de voir où et comment il a vécu et écrit, et de retrouver des citations et des photos qui complètent superbement ses écrits publiés ailleurs. Bref, un bouquin vraiment destiné vraiment aux fans, mais alors on est pas déçus...


Lu. La liberté d'offenser. De Ruwen Ogien.

Un livre à lire plutôt pour alimenter de la réflexion de fonds que pour s'amuser, mais un livre que je recommanderais quand même à ceux que le thème intéresse. C'est parfois un peu aride parce qu'il s'agit avant tout d'une réflexion (universitaire bien que rédigée de manière très lisible et abordable) de philosophie du droit et d'éthique de la justice dans nos sociétés contemporaines. Plus spécifiquement, la question centrale est celle de la censure et de l'interdit dans ce qui touche aux crimes sans victimes, c'est à dire aux crimes d'offense à la moralité avec comme exemple principal les représentations sexuelles explicites (mais pas que). Maintenant, c'est lisible, voire agréable à lire, et ça prends le problème à la racine : quels principes pour régir la société et son système judiciaire, quelles logiques et quel raisonnement derrière la possibilité de sanction ou de non-sanction. L'auteur, de manière avouée, défends des valeurs libertaires, mais argumente de bout en bout, et de manière très construite, ses arguments et contre-arguments sur le sujet en question. Très intéressant si le sujet vous parle, ce qui peut quand même facilement être le cas tant on parle justement de liberté et de valeurs de société.


Lu. Anti Kama-Sutra. De Maïa Mazaurette et Arthur de Pins.

J'aime bien les dessins de Arthur de Pins, donc j'ai craqué pour ce petit livre carré qui marie un page de dessin avec un page de texte sur toute sa longueur. Et, au final, si je suis toujours aussi fan de ses dessins, il n'y a pas non plus de choses si incroyables que ça dans cet ouvrage là. Mais il y a des textes du coup, et plutôt sympa et amusants. L'argument de départ est que, du Kama Sutra, on ne garde en général que la petite partie concernant les positions sexuelles, et que globalement, à défaut d'être athléte de haut niveau, on en fait pas grand chose. S'érigeant donc contre la dictature du Kama Sutra, Maïa Mazaurette propose un guide destiné à des gens d'aujourd'hui, d'ici, avec des corps normaux. Et si on ne découvre rien de complètement incroyable, ce n'est justement pas le propos. Au final, je trouve ça mignon, et gentil, et bienvenu, mais je ne suis pas non plus passionné et conquis. Maintenant, comme ouvrage de référence à distribuer dès un age adapté, ça peut avoir une vraie utilité. Ou en lecture rapide pour s'amuser sympathiquement.


Ecouté. L'expédition. Des Cowboys fringants.

Les québécois sont de retour avec un nouvel album, noël, noël ! Non, je suis fan des cowboy fringants, bien content d'un nouvel album, et bien pas déçu par le résultat. On peut dire sans hésiter qu'on y retrouve les belles musiques, les beaux textes, l'humour, les valeurs humaines, l'énergie et le bel accent des albums précédents. Et la qualité globale. Maintenant, je trouve quand même qu'il y a une certaine évolution. En bien, je dirais. Sans doute moins de chansons drôles et dansantes, mais plus d'émotion, encore un peu plus de finesse, de justesse que précédemment, et peu-être aussi une touche de nostalgie. De douceur voire. Et je dois bien dire que ce n'est pas pour me déplaire. Non que je changerais quoi que ce soit aux albums précédents, surtout pas, mais ça permet sans doute de continuer à proposer des moments engageants et beaux alors que de l'humour/dansant s'épuiserait peut-être plus. Peut-être. En tout cas, je suis tout à fait conquis et je vous le recommande largement.