Chroniques bizarres, naines et éternelles.


Lu. Le bizarre incident du chien pendant la nuit. De Mark Haddon.

Christopher est différent. Autiste, bien que le mot ne soit présent nulle part dans le livre. Il a 15 ans et, un jour, le chien de la voisine est retrouvé mort. Il décide d'enquèter et mettre par écrit les progrés de son enquête. Et ce qui est passionnant, ce n'est pas tant l'enquête elle-même, encore que les découvertes soient nombreuses et inattendues, mais Christopher lui-même, sa manière de penser et de voir le monde, autrement. Et si c'est passionnant de découvrir cette manière de penser très particulière, c'est aussi très drôle et extrèmement émouvant. C'est vraiment une livre unique, dans lequel j'ai été complètement absorbé, fasciné. Une plongée dans quelque chose de différent mais d'extrémement cohérent et riche. Même si ça n'a aucun rapport sur la forme, ça me fait sur le fonds un peu l'effet de Hunter Thompson, une autre manière de regarder le monde, cohérente, qui l'enrichit et l'éclaire autrement. Comme, en plus, c'est bien écrit, mouvementé et très émouvant, j'ai vraiment passé un excellent moment. A ne pas rater.


Lu. The Dreaming Void. De Peter Hamilton.

Peter Hamilton n'est jamais aussi bon que dans les grandes sagas futuristes et voilà donc le premier tome de sa nouvelle trilogie. Elle se situe dans le même monde que la série du Starflyer, mais un peu plus de mille ans après. Alors, vous pensez, on est dans du futuriste lointain, mais, et c'est une des forces de Hamilton, bien pensé et cohérent, qui parle notamment beaucoup des limites de l'humain et de son évolution. Si vous avez déjà lu Nightdawn ou Starflyer, vous aurez une idée de ce que je raconte, c'est un vrai beau monde très riche. La trame de fond est intriguante, colossale et laisse supposer plein de surprises à venir. Les personnages sont attachants et souvent droles, bien développés, par contre il y en a beaucoup et il faut donc, comme précédemment, supporter les multiples trames en parrallèle. Je trouve cependant qu'on s'y perds moins qu'avant, il y a progrès, mais je suis bien persuadé que j'en aurais oublié la moitié quand le prochain sortira. Maintenant, je ne peux aps critiquer, je suis toujours très bon client pour ce genre de choses, surtout quand, comme ici, c'est franchement bien mené et pas dépourvu d'humour.


Lu. Dans les bois éternels. De Fred Vargas.

Adamsberg encore, et après ses excursions québecoises, on attendait son retour avec intérêt. Pas de déception, on retrouve ses déboires personnels et sentimentaux, des secrets de son passé et une enquète pleine de rebondissements, d'intuitions fulgurantes et de personnages hauts en couleur. Et, pour le coup, l'enquête est vraiment passionnante, avec une vraie révélation sur la fin, que j'attendais mais pas comme ça. On est vraiment dans une thématique très typique de Vargas, par contre, avec manuscrit médiéval et évènements incohérents à première vue mais en fait non. Comme, à coté de ça, on a de vrais moments de plaisirs des déboires personnels des différents personnages qu'on aime tant, et pas que de Adamsberg même si il reste très central, il n'y a vraiment rien à reprocher. Je suis vraiment admiratif de la constance de Vargas, voire de ses progrés, parce que c'est quand même de plus en plus maitrisé. Pour tout ceux qui aiment déjà la série, vous pouvez y aller sans la moindre hésitation.


Lu. Jeux coopératifs pour batir la paix. De Mildred Masheder.

Un bouquin édité en français chez Chronique Sociale et qui reprends deux tomes anglophones compilant un nombre important de jeux et activités de groupe destinées à promouvoir la coopération et le contact. L'ensemble est orienté principalement sur les groupes d'enfants, avec des subdivisions par tranche d'age. Il s'agit plus d'une liste d'activité que de développement théorique ou d'un véritable guide même si de petites synthèses sont proposées. Les propositions sont nombreuses, et sont plus souvent des activités courtes que des jeux véritables. Un certain nombre d'entre elles se recoupent et si elles ont toutes un intérêt, leur apport éducatif me semble parfois un petit peu optimiste. N'empèche, c'est une ressource utile pour piocher des idées d'activités rapides pour faire se rencontrer un groupe, favoriser les échanges, le travail en commun et tout ce genre de choses.


Jdr. Nains et Jardins, le jeu de rôle en plâtre. De Antoine Bauza et Cédric Chaillol.

Jeu drôle et moins idiot qu'il n'y paraît, Nains et Jardins est une réussite, et un vrai plaisir à lire. Jeu de rôle également, il vous propose d'incarner des nains en platre, animés par le pouvoir de la Dame Blanche, et constituant un jardinet d'intervention (un commando) chargé de diverses missions. Les missions sont toutes au service de la bonne cause : faire reculer l'urbanisation sauvage, la tristesse, la grisaille et la pollution. Ce qui n'est pas aisé quand vous mesurez trente centimètres et ne pouvez agir que la nuit, mais ça ouvre des possibilités nombreuses, sensées même dans l'absurde et très drôles. Certes, il s'agit d'un jeu décalé, qui ne se prend pas au sérieux, mais c'est aussi un jeu qui tourne autour de thèmes très sérieux et importants (environnement, social, aménagement du territoire), et le cumul des deux me plait beaucoup. C'est aussi un jeu très bien écrit et très agréable à lire et qui donne vraiment envie de faire jouer. Et qui contient un nombre tout à fait satisfaisant de jeux de mots idiots, même pour les plus exigeants. En prime : un système de jeu simple et efficace et des pistes de scénario et de fonctionnement qu'on sent qu'elles viennent de gens qui ont de la bouteille dans le jeu de rôle. Alors, pour peu que le jeu de rôle vous parle et que vous ne soyez pas bétonneur dans l'âme, soutenez la cause et achetez-le, c'est auto-édité mais trouvable en boutiques.


Joué. Chinatown. De Thorsten Hartwig.

Chinatown est un jeu qui n'était plus édité mais qui faisait partie des boites recherchées par les collectionneurs. Filosofia a eu la bonne idée de lui refaire un graphisme tout beau tout moderne et de le rééditer. Et tant mieux, car il s'agit vraiment d'un très bon jeu. Un de ces jeux qui utilise un mécanisme, la négociation, et qui le raffinent et l'exploitent jusqu'à en exprimer la quintessence. Car Chinatown est un jeu de négociation par excellence. Il s'agit d'implanter des chaines de magasins dans le Chinatown des années cinquante et tous les échanges sont possibles : magasin batis ou à batir, emplacement, argent, promesses, etc. Peu de choses pour vous distraire de la négociation, d'ailleurs, c'est le coeur et l'essentiel du jeu. Si vous n'aimez pas les jeux de négociation, n'essayez même pas. Par contre, si vous aimez, ou que vous avez aimé même ponctuellement, il faut essayer Chinatown, ça tourne parfaitement, c'est beau, et l'ambiance vaut celle d'un marché ou d'une salle boursière, mais en version détendue.


Joué. Expres. De Reiner Knizia.

Expres est un tout petit jeu de cartes. C'est un jeu de lettre dans lequel on doit faire le plus rapidement des mots avec les lettres révélées progressivement au centre de la table. Disons le tout de suite, c'est pas génial. En fait, le mécanisme du jeu encourage à faire de petits mots tout pourris le plus vite possible. Ce qui fait que, pour ceux qui aiment un peu les jeux de lettres, le plaisir de trouver des choses jolies et originales est rapidement absent. Pour ceux qui n'aiment pas spécialement les jeux de lettres, bon, c'est moins pire, mais il n'y pas non plus de quoi les réconcilier. Il est possible que des aménagement de règle permettent d'y trouver plus d'intérêt, mais pourquoi s'acharner outre mesure alors qu'il existe dans le même format de très bon jeux de lettres comme Tai Chi Chuan dont je vous parlais récemment.