Chroniques étymologiques, finales et sudistes.


Lu. Accelerando. De Charles Stross.

Charles Stross m'avait séduit avec Halting State, du coup, je continue de manière diligente. Et il a un réel talent pour le futur proche, et moins proche, pour anticiper les évolutions des sociétés et des manières de penser, pas seulement des technologies. Ce qu'il prouve plus que jamais dans Accelerando. C'est un roman qui se mérite parce qu'il s'étend sur quelques siècles et qu'il se passe des tas, mais des tas de choses. C'est en fait un fresque, centrée sur une famille, de l'évolution de l'humanité de maintenant à... très loin (loin comme bien au-delà d'une singularité pour ceux à qui ça parle). Et c'est une fois de plus plein d'humour et surtout débordant d'idées et de personnages marquants. Des idées dans tous les sens, pleines d'humour, de surprises et de profondeur, c'est ça le point fort. Moins expérimental dans la forme qu'Halting State, c'est le fonds qui demande de rester un peu attentif parce que ça avance beaucoup et qu'on passe par pas mal d'environnements et d'évènements facilement incompréhensibles (sauf que non, parce que c'est bien fait, mais c'est dense). Seul reproche que je pourrais faire, au milieu de tout ça, on a parfois l'impression qu'on ne sait pas du tout où on va. Non qu'il n'y ait pas de fil conducteur, du tout, mais il est parfois un peu lache, ou tout au moins parasité par tout ce qu'il se passe autour. Maintenant, ça n'en reste pas moins un excellent roman qui m'a autant étonné que convaincu;


Lu. Crépuscule d'Acier. De Charles Stross.

Charles Stross encore, mais cette fois-ci dans un cadre plus proche de la science-fiction classique. Et en français, ce qui m'a posé quelques problèmes. Parce que je trouve que la traduction se voit, et fait perdre une part importante de la vivacité et de l'élégance de l'écriture de Stross. C'est un détail mais ça m'a quand même perturbé. Bref. Dans un futur assez lointain, l'intrigue se déroule dans une planète lointaine de la terre, régime rétrograde de culture impériale austro-allemande du dix-neuvième siècle. On y suit un consultant en ingénierie venu de la Terre (libertaire d'une culture terrestre très loin des nations et des idées de gouvernement) embarqué par la Marine Impériale suite au contact d'une civilisation alien sur une des colonies de l'empire. La menace en question est bien plus étrange qu'une attaque, même si les autorités impériales l'interprètent ainsi. On parlera beaucoup de voyages dans le temps, de violation de causalité, d'intelligence plus qu'humaines et on s'amusera des effets du Festival (les aliens) sur la colonie. Tout cela est parsemé d'idées enthousiasmantes, mais moins nombreuses que dans les autres romans de Stross que j'ai lu, et on passe surtout beaucoup de temps dans des vaisseaux de guerre impériaux, ce qui est sympathique mais beaucoup plus attendu et classique (sans que Stross tombe trop dans les clichés non plus). Un roman de Science-Fiction très agréable et original, mais moins remarquable que les autres, et sans doute plus abordable aussi du coup.


Vu. The Shield. Saison 7.

Nous y voilà, la dernière saison de The Shield, celle où l'avalanche de saloperies des six saisons précédentes les rattrape enfin. Parce que oui, on le sentait venir, mais c'est bien une fin qui boucle tout l'ensemble des péripéties et dans laquelle on retrouve notamment ce qui fit le sel du tout premier épisode. Je n'en dévoilerais rien parce que ce serait bien dommage mais je dirais que c'est bouclé de manière tout à fait correcte. On retrouve la tension, le stress et les divers retournements de situation qui font le charme de la série. Mon seul bémol est que, finalement, ils n'auront pas fait mieux et plus insupportablement tendu que la saison 5, alors que c'était quand même mon espoir secret. Mais ce n'est pas vraiment une critique, c'est juste que la saison était exceptionnelle (merci Forrest Whitaker) et que celle-ci est simplement très bonne. Difficile d'en dire plus mais tous les personnages importants ont de grands moments, chacun dans son style. C'est bien mené jusqu'au bout et chacun couinera, selon ses préférences pour l'un ou l'autre, en découvrant les destinées finales de chacun. Bref, une bonne conclusion de série, fidèle à l'esprit et à la forme de l'ensemble.


Apprécié. Atlas of True Names, World et Europe.

J'aime l'étymologie, et l'idée géniale de ces cartes m'a complètement séduit. Il s'agit d'une planisphère et d'une carte d'europe. Sur chacune d'entre elle, les noms des pays, villes, mers, océans, etc, sont remplacés par le sens premier des noms actuels, parfois en remontant plusieurs étapes. Lyon est le Fort de Celui qui brille par exemple, et le Yucatan : je ne sais pas (qui me plait presque autant qu'une côte africaine nommée Je vais à la plage). Le recto des cartes reprenant l'ensemble des noms avec une petite explication permet en plus de savoir dans quelle langue d'origine et par quelles étapes éventuelles ces noms sont passés (ainsi que d'éventuelles propositions multiples dans un certain nombre de cas). Outre que ça me passionne, ça donne en plus au monde un côté poétique et décalé certain que je ne me lasse pas de regarder.


Vu. True Blood. D'Alan Ball.

Etant un fan inconditionnel de Six Feet Under, j'étais curieux de découvrir la nouvelle série d'Alan Ball. Mais ce n'est sans doute pas la meilleure manière de l'aborder. Parce que, de son propre aveu, Alan Ball n'essaie pas de réaliser quelque chose d'aussi profond et sérieux que Six Feet, mais une série pour le plaisir, presque pour s'amuser. Non qu'il en perde pour autant sa finesse et son talent, mais les objectifs ne sont pas les mêmes. Ici, on est en Louisiane, dans la campagne profonde du Sud Américain, et on suit les aventures de Sookie Stackhouse, jeune blonde qui serait caricaturale si elle n'était pas télépathe et dotée d'un caractère certain. Des japonais ont mis au point un sang synthétique qui permet aux vampires de se nourrir paisiblement, ces derniers vont donc se révéler et essayer, pour certains, de s'intégrer à la société humaine. C'est le cas notamment de Bill, gentleman sudiste et vampire, et nouveau voisin de Sookie. Si on trouve de nombreux clins d'oeil et parrallèles avec des problématiques actuelles (peur de l'autre, repli communautaire, etc), il s'agit surtout des aventures de Sookie, d'une histoire de serial killer et d'un grand nombre de personnages secondaires très savoureux et colorés. Il y a un vrai suspense, mais surtout une ambiance, du rythme et de l'humour. Et je trouve le résultat très réussi et plein de charme.


Vu. Night Dawn. De Timur Bekmambetov.

Le roman étant dense et plein de bonnes idées et d'ambiance russe, j'attendais le film avec curiosité. Et c'est une vraie réussite, autant qu'une vraie adaptation. Le travail de retranscription en images de la magie mais aussi d'éléments importants de scénarios est remarquable. On reste fidèle à l'esprit du roman mais pas du tout à la lettre. Et c'est la même chose pour le scénario. De gros changements, radicaux même pour certains, mais qui permettent de traiter en deux heures toutes les grandes trames d'un livre déjà bien rempli. Avec des raccourcis, certes, mais tout est là. Au-delà de l'adaptation, c'est aussi un film avec de vrais points forts. D'une part, beaucoup d'humour, dans un style très russe et parfois grinçant, dans des dialogues bien tournés, et une ambiance très russe et assez glauque qui change très agréablement du propret stéréotypé des films américains et même européens fantastique, et là encore un vrai humour. J'en sors presque aussi charmé que des bouquins et je vous le conseille donc tout à fait. Accessoirement, que vous commenciez par le film où les livres, ça ne gachera rien, les changements entre les deux étant assez importants pour vous garantir de vraies surprises.