Chroniques magiques, ursidées et alternatives.


Lu. Dresden Files, tomes 1 à 7. De Jim Butcher.

Harry Dresden est un magicien. Un vrai, aujourd'hui, à Chicago, où il a ouvert une agence de détective privé. Ce qui, d'une part, ne lui vaut pas l'amitié du monde surnaturel, qui préfère le secret, ni, d'autre part, le respect du reste du monde qui le prends pour un imposteur. Tout ça ne l'empêche pas de se retrouver rapidement confronté à des affaires policièro-surnaturelles des plus variées et cataclysmiques. En fait, chaque tome correspond à une vraie intrigue, un scénario regroupant éventuellement plusieurs trames/enquêtes parallèles, mais qui se boucle strictement à la fin du bouquin. Malgré ça, il y a une vraie continuité et une évolution importante de Dresden et de ses proches, et donc un scénario de fond à la série, qui va visiblement quelque part à terme, ce qui je trouve particulièrement bienvenu (même si ce n'est pas pour tout de suite la fin) tant les séries infinies me fatiguent un peu. Dans ce cadre-là, on suit donc Harry Dresden qui raconte ses aventures à la première personne, avec pas mal de tchatche et d'humour, dans un style détective privé grognon à l'humour acide et aux références geek plus qu'un style magicien mystique. Ce qui donne donc un ton léger et un rythme réjouissant. Autre point fort : le rythme. Effectivement, les emmerdes pleuvent, les intrigues s'enchainent sans pause et il est difficile de poser un tome une fois qu'on l'a entamé. Ajoutez à tout ça un monde riche, plein de personnages secondaires sympathiques, d'idées recyclant de manière intéressante tous les classiques du fantastique contemporain, et vous obtenez un cocktail des plus efficaces. Honnêtement, dans cette filière de fantastique contemporain, c'est d'une qualité remarquable, avec beaucoup de rythme et d'humour, et, sur les sept premiers tomes en tout cas, ça ne faiblit pas.


Lu. Juste après dresseuse d'ours. De Jaddo.

Jaddo est une jeune médecin généraliste, avec des couettes, et elle tient un blog dans lequel elle raconte ses difficultés, ses amusements, ses irritations, ses doutes, et tout ce genre de choses qui font la vie d'un médecin, en tout cas d'un médecin qui travaille avec et pour des êtres humains et qui se considère aussi comme tel. Bref, dans la ligne de Martin Winckler, par exemple, qui d'ailleurs préface ce bouquin, pas par hasard du tout. Oui, pour le dire rapidement, Jaddo, c'est un peu Winckler, mais en fille, en plus drôle souvent, et avec des couettes (et fan de MMO plutôt que de séries américaines). Donc autant vous dire que j'aime vraiment bien. Cette compilation est constituée de chapitres plus ou moins petits, couvrant à chaque fois un thème ou une anecdote. C'est alternativement drôle, désespérant, touchant à en pleurer et énervant à mettre des claques, et bien souvent tout ça à la fois. Si vous voulez vous faire une petite idée, vous pouvez aller voir sur son blog pour commencer : www.jaddo.fr. Que dire de plus si ce n'est que ça se dévore, parce qu'en plus c'est bien écrit, et qu'on en ressort touché, de diverses manières. Si donc vous avez envie d'une plongée dans le versant très humain de la médecine, en plus rapide et drôle que Winckler, vous avez Jaddo.


Lu (JdR). Imperial Histories, pour L5R.

Bon, je ne joue plus, et je ne fais plus jouer non plus, à L5R, mais, par nostalgie surtout, je continue à suivre de loin ce qui s'y passe. Et quand arrive un supplément entièrement dédié à du background et de l'histoire, je me laisse tenter. Le parti pris de Imperial Histories est de proposer des cadres de jeux alternatifs, et donc de décrire plusieurs périodes possibles avec assez de détails pour y poser les bases d'une campagne. Sept périodes sont donc décrites avec à chaque fois : le cadre général, une chronologie sur dix, vingt ou trente ans, une description de l'état de chaque clan/faction, des pistes de campagne et de scénarios et quelques bonus, notamment d'éléments de règles, de détails concernant certains personnages, etc. Pour chaque période, on dispose donc d'un cadre jouable, ou, si on compte, comme moi, ne rien en faire, d'une description détaillée et agréable à lire d'une période historique. Tout cela est fait de manière sérieuse et efficace, et jolie tant cette nouvelle édition en jette, mais c'est au final le choix des périodes qui fait que l'ensemble est à mon sens un vrai succès, et une ressource essentielle pour L5R. De fait, on commence avec les origines de l'Empire, l'arrivée des kamis, la première guerre contre Fu-Leng, bref le premier siècle, qui est étonnamment motivant comme cadre de jeu et extrêmement bienvenu comme info de fond ; puis on trouve le premier règne du Gozoku, très bon choix également pour faire du politique crapuleux ; puis une période inattendue de grande famine, moins gros budget mais bien amenée aussi ; puis la guerre des Clans et la guerre des esprits (ie les extrémités de la timeline officielle développée jusque là) ; puis 1000 ans de ténèbres, une uchronie que j'ai toujours trouvée intrigante et dans laquelle Fu Leng est empereur ; et enfin Heroes of Rokugan, une timeline alternative développée en living campaign pleine de très bonnes idées et très dense. Bref, c'est bien foutu et toutes les périodes choisies sont intéressantes et susceptibles de faire des cadres de jeu très riches.


Ecouté. Le monde est beau, d'Oldelaf.

Oldelaf a une belle voix, il sait chanter, et jouer de la musique aussi, mais ça ne l'empêche pas de ne pas se prendre au sérieux. La preuve, il lui arrive de jouer avec Giedré. Donc, oui, Oledlaf, on peut classer ça dans la chanson française, complètement, avec des paroles, une guitare et un groupe qui permet d'avoir des vraies musiques variées quand même. Maintenant, en ce qui me concerne, Oldelaf, ce sont surtout des paroles, des textes qui vont du vraiment drôle au plus touchant, en alliant souvent les deux, sans oublier d'être passablement taquin, voire franchement satirique pour certaines chansons parmi mes préférées (essayez donc Vendredi par exemple, sur Youtube, ou, sa plus connue, la Tristitude). Oldelaf a l'avantage d'éviter de se répéter, de varier les thèmes et les approches suffisamment pour qu'on aie l'impression d'avoir un album plein. Il évité également de se répéter d'un point de vue musical, et ça fait tout aussi plaisir. Bref, un chanteur à découvrir, et dont l'album est tout à fait au niveau de ce qui est trouvable sur Youtube, mais en plus varié et souvent plus touchant aussi.


Vu. Misfits.

Misfits est une série étonnante, mais attachante et réjouissante. C'est une sorte d'équivalent anglais de Heroes, au sens où on suit une bande de jeunes délinquants qui vont hériter de super-pouvoirs, mais le parti pris est franchement différent. D'abord, il ne faut pas y chercher de grand scénario de fond qui va expliquer pourquoi les pouvoirs et autres grands secrets du monde. Non, on s'intéresse aux personnages, en détail, mais un épisode à la fois, avec à chaque fois une affaire différente. Ensuite, il ne faut pas non plus chercher trop de réalisme. N'allez pas chipoter sur les cadavres enterrés sous les ponts et jamais retrouvés, et encore moins sur les paradoxes temporels. Mais bon, avec des personnages franchement attachants, des scénarios variés et amusants, de bons dialogues et une ambiance petit budget banlieue glauque, et ben ça fonctionne bien. Il ne faut pas en attendre plus qu'une série pour s'amuser, une série qui enchaine des épisodes, certes avec une continuité, mais de façade plus qu'autre chose, pour le plaisir de jouer avec des personnages et des super-pouvoirs sans se prendre la tête plus que ça, et sans virer du coup non plus dans les super-pouvoirs sérieux et les gens en collant. Une série réjouissante donc, et attachante, qui n'essaie pas d'en faire des caisses mais qui du coup fonctionne bien.


Visité. 50 ans de presse alternative. Aux Archives Municipales.

« 50 ans de presse alternative » est une exposition au même titre que les fanzines exposés sont des magazines. C'est-à-dire qu'en termes de contenu, c'est plein de bonnes choses, mais qu'en termes de moyens, c'est fait avec les moyens du bord. En gros, les Archives ont du mettre à disposition les lieux (soit le hall), et le CEDRATS et leurs amis se sont débrouillés avec leurs moyens pour monter une exposition. Donc ne vous attendez pas à un grand espace, ni à une scénographie élaborée : affiches, panneaux composés de couvertures de fanzines, quelques textes de présentation, c'est à peu près tout. Sauf pour ce qui est des vidéos mais j'y reviendrais. Maintenant, cette sobriété ne nuit pas nécessairement au propos puisqu'on découvre malgré tout le foisonnement de presses alternative et locale existant depuis quelques décennies, et qu'on s'amuse à en lire les couvertures. Certes, on aurait sans doute apprécié de pouvoir en feuilleter un certain nombre, mais c'est déjà pas mal. Ce qui, à mon sens, donne une force à l'exposition, en termes de contenus, ce sont les interviews vidéos des responsables des divers fanzines. Quelques vidéos sont présentées dans les différentes parties de l'exposition, et surtout une borne à la fin présente l'ensemble de ce projet vidéo, qui dépasse largement le cadre de cette exposition et que je suis impatient de voir aboutir. Parce que oui, les interviews sont passionnantes, autant par les valeurs et points de vue défendus que par l'aventure pleine d'espoir que représente l'existence de chacun de ces fanzines. C'est donc, malgré des moyens réduits, une exposition très réjouissante et motivante, et qui donne enfin la parole, dans un cadre institutionnel, à des acteurs du monde alternatif de manière ouverte et honnête. Accessoirement, c'est gratuit, alors si vous avez un petit moment à perdre, allez-y vous promener.


Mangé. Wasabi, 76 rue d'Anvers, 69007.

Wasabi est un restaurant japonais un poil haut de gamme, mais dans lequel on en a pour son argent. C'est même, de mon expérience, sans doute le seul sur Lyon à proposer de la cuisine de cette qualité. Parce que, oui, on est pas dans le sushi standard fait en séries, là, on est dans un vrai restaurant, avec un vrai sushi-master qui vient personnellement vous expliquer quelles sont les spécialités du jour et comment les déguster. Ce qui fait une vraie différence en termes d'ambiance d'une part, mais aussi, et surtout, de qualité des plats. Ils sont variés, très fins, très frais et avec de vraies spécialités du moment, originales et très réussies. Question nourriture donc, c'est vraiment très bon, et je le conseille à ceux qui veulent essayer du japonais de qualité supérieure. Question cadre, c'est aussi très agréable, avec un aménagement chaleureux et varié, un service attentif et une déco personnelle et pas trop stéréotypée, ce qui est agréable aussi. Au final, nous étions vraiment très content de cette découverte, et je le conseille sans réserve à ceux et celles qui veulent essayer un restaurant japonais au-dessus de la moyenne de ce qu'on trouve habituellement par chez nous.