Chroniques ferroviaires, finales et mystérieuses.


Lu. Iron Council, de China Miéville.

Iron Council est le troisième roman de China Miéville se déroulant dans le monde de Bas-Lag, après Perdido Street Station et The Scar. On y retrouve donc le même environnement baroque et foisonnant, mais aussi très adulte dans ses thématiques et sa noirceur, et la même écriture, dense et pas toujours facile d'accès. Disons que ce sont des livres qui méritent un certain effort, pour lesquels il faut s'accrocher un peu avant d'y entrer. Par contre, pas de regret, ils méritent largement cet effort. Certains prétendent que Miéville réinvente la fantasy, et je ne suis pas loin d'être d'accord. En tout cas, il créé vraiment quelque chose de nouveau, aussi bien dans le monde que le ton, et dans sa manière d'aborder au milieu de ce foisonnement des sujets de fond extrêmement riches et sérieux. Ici : la révolution. Assez directement au final, même si une grande partie de l'histoire tourne autour d'explorations et d'un train très particulier. Mais dans lequel se posent les questions de l'invention d'une nouvelle société, de parias et d'exclus, et de comment ils mettent en place des alternatives au monde civilisé et industriel de New Crobuzon. Comme toujours avec des personnages touchants et assez fascinants, et des bizarreries très inventives, très décalées, et pourtant au final très en phase avec les thèmes de fond de l'ensemble. Je ne vous spoile pas la fin mais. Mais là encore, China Miéville m'a surpris en bien, en ne cédant en rien à la facilité et en racontant du coup quelque chose de bien plus profond et bien plus fort que ce qui aurait été attendu. Il détourne, avec talent. C'est sans doute la roman de cette série (au sens lâche parce qu'il n'y a pas de continuité directe) qui m'a le plus plu, sans doute du fait de son thème, mais aussi grace aux personnages principaux. Ce n'est, comme les précédents, pas un roman à aborder si on chercher quelque chose de léger et rapide, mais lorsque vous aurez envie de quelque chose de très décalé dans la forme mais dense dans le fond, pensez-y, ce sont des romans importants.


Lu (BD). Transperceneige, de Lob, Rochette et Legrand.

Le Transperceneige est une BD qui est loin d'être récente puisque j'ai lu ça pour la première fois dans mon adolescence. Ce qui m'avait marqué d'ailleurs. La sortie d'un film coréen inspiré de cette BD lui a redonné un certain éclairage et a permis une réédition intégrale, que j'ai donc, non sans une certain nostalgie, achetée et lue. L'intégrale est composée de deux histoires séparées, et je n'avais à l'époque lu que la première. Les deux sont cependant sur le même thème, voire le même modèle : dans un futur post-apocalyptique dans lequel la Terre entière est gelée et donc l'humanité quasiment disparue, un train abrite les derniers humains. Il parcourt donc les immensités glacées, sans but, et abritant une micro-société pleine d'inégalités, de tensions et de violences. Donc, non, ce ne sont pas des Bds réjouissantes et joyeuses. Mais ce sont des histoires fortes et un monde marquant. Les deux histoires sont à peu près sur le même modèle, puisqu'elles s'articulent autour d'un homme membre des classes déshéritées qui va remonter le train jusqu'au classes aisées et dirigeantes. Avec dans les deux cas cependant des destinées différentes, autant pour lui-même que pour le train. Mais dans les deux cas assez sombres quand même, il ne s'agit pas de montrer l'humanité sous son meilleur jour, vous êtes prévenus. Le dessin du premier tome me plait plus que celui du second, plus peint et plus flou, mais pas désagréable pour autant. Et l'écriture me plait par contre vraiment, on y sent le coté feuilleton à épisodes de la première publication. Je ne renie donc pas au final l'attachement que j'avais à cette BD, qui est effectivement forte et marquante, mais ne la lisez pas si vous voulez vous remonter le moral, par contre.


Vu. Marvel's Agents of SHIELD, premier épisode. De Joss Whedon.

Une série un petit peu attendue dans les milieux geek, quand même, puisqu'il s'agit de suivre les aventures des agents du SHIELD quand les Avengers ne sont pas là, ou pour des affaires pour lesquelles ça ne mérite pas de les déranger. On y retrouve d'ailleurs, en seul lien direct, l'agent Coulson, qui est fort sympathique et bien joué, et qui permet de ne pas avoir l'impression d'être complètement dissocié de l'univers Marvel. Aux commandes de cette série, Joss Whedon (Buffy, Firefly et, donc, The Avengers) qui normalement sait plutôt y faire en séries. Et, pour ce premier épisode, on y trouve ce qui était annoncé : une équipe d'agents avec des personnalités colorées (au point que j'ai même trouvé ça un peu artificiel tant ça sent le formatage de séries classiques), des morceaux de trucs de super-héros ambiance Marvel, des gadgets et un peu d'action. Et puis voilà. L'impression que j'en garde est quand même que bof. Genre, ça se résumerais assez par les Experts : Marvel, ou CSI : The Avengers. Très formulaïque donc dans la forme, et assez frustrant, voire plat, parce que l'univers Marvel sans les super-héros, ben il ne reste pas non plus tellement de trucs passionnants ou accrocheurs. Je jetterais sans doute un œil à la suite, au cas où ça décolle vraiment, mais avec des personnages sympathiques mais assez caricaturaux et faciles, ça ne s'annonce pas gagné non plus.


Ecouté. Hello Kinky, de The Wet Spots.

Groupe improbable découvert une nouvelle fois grace à Boing Boing (Boing Boing, c'est bien, c'est bon, c'est beau, mangez-en), The Wet Spots allie des musiques cabaret, country et autres foleries traditionnelles à des textes parlant de sexe avec humour et second degré. Et sans tomber dans la facilité et le vulgaire, mais avec au contraire une dimension de mise en scène ludique et joyeuse que je trouve des plus réjouissantes. Pourtant, c'est explicite (je vous recommande par exemple Do you take it in the ass ?). Et cet équilibre est difficile à trouver à mon sens, mais là, c'est juste un bonheur, de drolerie, de décalage et de sexe joyeux et détendu. Après, toutes les musiques ne sont pas forcément sur des modes qui me font forcément rêver, donc une fois la drolerie de la découverte des paroles passées, il en est que je ne réécouterais pas forcément des dizaines de fois. Mais d'autres si. Inconvénient majeur, par contre, c'est en anglais, et il faut quand même être relativement à l'aise pour saisir ce qu'ils racontent (tant il est vrai que, sans comprendre vraiment les paroles, ça perd la plus grande partie de son intérêt). Si vous voulez vous faire une idée, les vidéos de spectacle valent franchement le coup : le son est certes moins bon et les paroles peut-être d'autant moins faciles à saisir, mais leur jeu de scène compense à mon avis complètement, et donne une bonne idée de l'état d'esprit d'ensemble. Mais je vous en reparlerais sans doute parce que j'ai commandé le DVD du pestacle live.


Vu. The IT Crowd : the last byte. De Graham Linehan.

Certes, nous n'aurons pas eu de cinquième saison pour conclure cette absolument magnifique série, mais on aura eu un maxi-épisode de cloture, et c'est quand même pas mal. Mieux que pas mal d'ailleurs parce que c'est un vrai très bon épisode double, qui sans mettre fin formellement à la série, permet de la conclure sans non plus trop de frustration. On y retrouve tous les personnages qu'on aime, tous plus en forme que jamais, avec de nombreux clins d'oeil à des épisodes passés (sans pour autant que ça prenne trop de place, ce n'est pas le sujet principal). Le rythme est toujours aussi soutenu, et les acteurs parfaits. Avec toujours Moss très au-dessus du lot, mais ça, c'est quelque chose qui n'a jamais changé. Si, donc, je suis bien triste que cette série soit finie, je suis au moins content qu'elle soit bien finie. Et en prime, il y a même un passage sur les blogs vidéos destinés aux jeux de société qui vaut son pesant de cacahuètes quand on connait un peu ce qui s'y fait. Camarades geeks, je vous le redis donc, il faut voir IT Crowd. Car c'est une vraie série pour geeks (contrairement à Big Bang Theory, que j'ai vu définie récemment, et je souscris, comme un Friends avec un habillage geek). Et c'est une série qui se revoit, tant Graham Linehan a un sens des dialogues et du comique de situation absolument irrévérencieux mais ajusté au millimètre.


Joué. Mystères, de Daniel Quodbach.

Mystères est un nouveau jeu dans cette famille à la mode de jeux dans lesquels on fait deviner des trucs, en essayant de viser ni trop facile ni trop difficile. Moins poétique que Dixit, il est par contre plus facile d'accès et permet de retrouver un petit goût d'Eleusis par exemple. Le principe est assez simple : le maitre des mystères (qui change donc à chaque tour) doit faire deviner un mot. Sur la table, neuf jetons indiquant des catégories. Chaque joueur à son tour va indiquer un de ces jetons. Si il s'agit de la catégorie du mot à faire deviner (par exemple, la catégorie objet pour le mot table), le maitre le signale simplement et ça aide un bon coup. Sinon, le maitre donne un indice, un truc dans la catégorie citée qui permet à l'ensemble des joueurs de se rapprocher de la solution. Mais il ne doit pas faire trop simple car il gagne des points en fonction du nombre de critères utilisés pour deviner le mot. Idéalement, il faut que l'ensemble des indices devienne clair assez tard (mais pas trop, sinon, c'est juste perdu). C'est simple et ça fonctionne très bien. On communique, on joue sur des références plus ou moins tordues, et on s'amuse. Rien de révolutionnaire donc mais une formule des plus efficaces, avec qui plus est quelques options et variantes qui permettent de garder un jeu dynamique et adapté à l'envie de complications du groupe.


Lu. Freaks Squeele tome 6 et Funérailles tome 1, de Florent Maudoux.

J'aime vraiment bien Freaks Squeele et ce que fait Florent Maudoux en général. Au point que j'en suis à acheter les spin-offs de la série principale, quand même. Je vais donc vous parler à la fois du nouveau, et avant-dernier, tome de Freaks Squeele, et du premier tome de la série spin-off sur Funérailles. Pour ce qui est de ce tome 6, je dois bien avouer que j'ai quand même été un peu déçu. On y retrouve les personnages qu'on apprécie, mais on perd un peu le rythme et la cohérence de l'ensemble de la série. Je pense que c'est du au fait que l'auteur essaie de donner une structure un peu artificielle à l'ensemble, avec les niveaux de l'enfer, et s'y enferme. Du coup, on manque à la fois de temps et de présence des personnages principaux, et on passe parfois d'un élément à l'autre de manière confuse et pas toujours intéressante. Tout ça donne une impression de collage justifiée uniquement par l'envie de se tenir à cette structure d'ensemble. Ce n'est pas mauvais pour autant mais c'est à mon sens le tome le moins prenant jusque là. Pour ce qui est de Funérailles, c'est tout autre chose, et j'ai bien plus apprécié. Construit autour du passé de Funérailles, personnage pour le moins intriguant, on y découvre un monde complètement autre, et plutôt sympathique et varié (je n'irais pas jusqu'à coloré, étant donné le thème graphique, mais c'est assez riche d'idées). L'histoire se tient, avance, et on s'attache aux personnages, avec l'envie de continuer. La seule critique que j'aurais est l'impression qu'il va falloir vraiment du temps pour aller au bout, ce qui pour un spin-off risque de faire un peu beaucoup. N'empêche, c'est d'une lecture fort agréable.