Chroniques historiennes, grasses et donjonnesques.



Lu. Les douze césars. De Régis Martin.

Ce n'est pas la première étude sur les douze (premiers) césars, depuis Suétone, on en a eu des brassées. Celle-ci aborde cependant la question sous un angle moderne et à mon sens particulièrement intéressant. En effet, la question centrale est celle du rapport au pouvoir et de l'impact du pouvoir absolu sur un individu, de savoir si le pouvoir absolu rends fou, et comment. L'auteur va donc passer en revue nombre d'aspects, physiques, psychologiques, médicaux et psychiatriques quand aux douze premiers empereurs. Il compile des travaux, parfois contradictoires, nombreux et de champs variés, avec facilité et de manière très lisible. C'est certes un ouvrage dense et documenté, mais abordable par n'importe qui. Et on découvre donc les vies personnelles des ces personnages uniques, leurs dérives, et la manière dont le pouvoir a pu en provoquer ou en accentuer certaines. Mais on ne tombe pas dans la caricature, loin de là, et c'est cette finesse et cette rigueur d'analyse qui rends ce travail passionnant, et notamment la remise en perspective de nombres de dérives d'empereurs célèbres (Néron et Caligula en tête de liste forcément, dont nombre de vices sont en fait des expressions d'une mythologie de la royauté orientale et des mystères de cultes spécifiques et barbares au sens romain). De fait, cette analyse permet d'écarter tout ce qui relève du culturel ou du médical dans les mythes des empereurs fous et d'en dégager ce qui relève vraiment de l'influence du pouvoir absolu, de cette position unique de maitre du monde, et de l'impact sur des psychologies diverses. Et autant du point de vue historique, que du point de vue philosophique et politique, c'est un regard passionnant et enrichissant.


Lu. La guerre préhistorique. De Lawrence Keeley.

Il existe de vrais mythes autour de la guerre préhistorique, notamment celui qui dit qu'elle n'existait pas, que les peuples primitifs ne connaissent pas l'idée de guerre et vivent dans une sorte d'age d'Or innocent, que la guerre n'apparait qu'avec la sédentarisation, voire avec l'Histoire. Et il apparaît effectivement que les travaux archéologiques ignorent et refusent de voir ce qui concernerait des guerres. Or, je ne sais pas vous, mais penser que la guerre apparaît soudainement avec la civilisation, et qu'avant on avait pas eu l'idée parce que la psychologie humaine fondamentale s'en est trouvé entièrement changée, je ne trouve pas ça complètement satisfaisant comme idée. Ce que propose donc l'auteur ici, c'est donc de fouiller dans les travaux déjà existant pour prouver dans un premier temps que la guerre préhistorique n'est en rien un mythe mais une réalité très présente, et tout aussi complexe et centrale dans la vie des communautés humaines. Et pour répondre à ces questions, il est donc nécessaire de se poser en détails quelques questions passionnantes : c'est quoi la guerre ? A partir de quand on parle de guerre ? Pourquoi fait-on la guerre ? Comment ? Avec quels objectifs, quelles raisons et quelles limites ? Et le fait de répondre à ces questions dans une perspective ouverte historiquement, mais aussi culturellement (puisqu'on parle beaucoup de peuple primitifs, ce qui st ce qui permet le mieux d'approcher les fonctionnement sociaux préhistoriques), ouvre des perspectives de réflexions que j'ai trouvé passionnants. On en arrive forcément à questionner aussi la paix, et les difficultés à l'atteindre et la maintenir, mais sans angélisme ou mythologie de type age d'or, ce que je trouve intellectuellement satisfaisant mais aussi très rassurant, voire réjouissant (encore que, c'est un peu fort comme mot, vu le thème général du livre). Bref, en partant d'une question historique spécifique, on poursuit une réflexion large et passionnante de manière documentée. Non seulement je recommande vivement cet ouvrage, mais je dirais que pour l'aperçu que j'en ai eu, les choix éditoriaux faits par les éditions Tempus ne plaisent beaucoup : parler d'histoire pour parler de l'humain, des leçons qu'on peut tirer du passé.


Lu. Blast, tome 1 : Grasse Carcasse. De Manu Larcenet.

Blast est la nouvelle BD « sérieuse » de Manu Larcenet, plus dans la lignée du Combat Ordinaire que de sa production comique. Visuellement, c'est vraiment très réussi, en noir et blanc, au lavis (donc plutôt en gris et blancs), avec de très belles planches, des ambiances, des paysages et des personnages marquants. Sans utiliser les mêmes techniques, les ambiances posées et la force des dessins me font penser aux premières BDs autobiographiques de Larcenet (Dallas Cowboy, L'artiste de la famille notamment). Pour le contenu, j'ai plus de mal à avoir un avis vraiment clair. En fait, j'aime beaucoup les ambiances, le fait que l'histoire prenne son temps, qu'on rentre dans la narration du personnage principal, son passé, mais j'aurais quand même vraiment eu envie qu'il se passe plus de choses, qu'on aie un peu plus de réponses et de pistes. Parce qu'ici, en deux cent pages, on a surtout l'impression de lire l'introduction. Et l'introduction laisse penser qu'effectivement, les thèmes qu'on commence à apercevoir, autour de l'identité, de la différence, seront traités avec force et de manière très intéressante, mais on ne fait que le deviner, pour le moment on y est pas encore. Du coup, bon, je suis bien sur que je lirais la suite, mais j'ai pour le moment complètement l'impression de n'avoir eu que la mise en bouche. Maintenant, c'est une mise en bouche qui promet de très bonnes choses...


Lu. Les miscellanées du Sexe. De Francesca Twinn.

Bon, les livres de miscellanées, on commence à en voir passer des tonneaux, et on ne sait jamais trop ce que ça va valoir. Sur un tel sujet, qui plus est, on peut s'attende au pire. Coup de chance, ici, on tombe plutôt dans le meilleur. Bon, il s'agit bien d'une compilation de faits, anecdotes, personnages, informations, et même quelques blagues, toutes sur le thème du sexe. Et l'objectif n'est visiblement pas de faire rigoler avec du bite-couilles, ni de taper dans le choquant-bizarre-incroyable mais vrai. On trouve de tout, et classé par thèmes, avec pas mal de choses historiques, littéraires, et globalement culturelles. Et pour ceux que l'aspect blagues a inquiété : il y en a peu et elles sont bien choisies, globalement. Au final, plein de choses amusantes, légères, inattendues, mais aussi intrigantes et qui donnent envie d'aller jeter un oeil aux sources et oeuvres citées, à lire par petits morceaux pour ne pas se saturer parce que oui, honnêtement, c'est dense et bien rempli.


Joué. Dungeons and Dragons Online, Eberron unlimited.

Oui, du MMORPG, une fois n'est pas coutume. Et en plus, c'est de l'officiel Donjons et Dragons. Il se trouve que ce MMO est devenu gratuit récemment et que j'ai donc eu envie d'essayer. Et c'est une très bonne surprise, donc le seul vrai inconvénient est que ça bouffe plein de temps. Mais bref, reprenons du début. Du jeu en ligne donc, donc un monde DnD original mêlant magie et technologie, ce qui donne de très beaux paysages,urbains notamment et un petit coté steampunk que je trouve très frais et bienvenu. Bonne pioche, on évite le pur cliché (sauf, malheureusement, pour la zone d'initiation, ce qui est un peu idiot, mais bon). En termes de mécanismes de jeu, c'est du DnD, mais avec des systèmes que j'aime bien : priorité, voire obligation de jouer en équipes complémentaires, restrictions empêchant de jouer de manière trop répétitive et interface permettant de trouver des groupes de joueurs facilement. Donc on peut jouer avec ses amis, et c'est mieux, mais on peut aussi trouver des gens avec qui partir à l'aventure n'importe quand. Et quitte à jouer en ligne, je trouve ce choix de pousser au groupe bienvenu et réussi, particulièrement du fait que les classes sont très complémentaires. Ensuite, pour les quêtes et donjons, là encore, je suis plutôt séduit par la variété, par des décors souvent très beaux et ludiques, par des séquences d'énigmes, d'acrobaties et autres qui évitent de ne faire que du massacre de monstres (même si, hein, y en a beaucoup, faut pas déconner). Bref, pour moi que le MMORPG avait globalement complètement saoulé à force d'être répétitif, c'est une découverte agréable, mais je ne dis pas que ça durera des années non plus. Accessoirement, le jeu vit du fait que diverses options sont payantes, notamment l'accès à certaines zones et donjons, et c'est bien pensé et équilibré : on peut jouer tout gratuit, on peut mettre quelques euros pour avoir accès à des choses plus variées et amusantes, et ce sans que ça déséquilibre le fonctionnement global.