Chroniques écologiques, romaines et rythmées.

Lu. The revenge of Gaïa. De James Lovelock.

En français : La revanche de Gaïa.

James Lovelock est quelqu'un de respectable, autant pour son engagement écologique global que pour ses recherches scientifiques, puisque c'est lui qui a proposé en premier l'idée d'un écosystème global (oeuvrant notamment au maintien de conditions de vie à l'échelle planétaire). Sa théorie est décrite dans son premier bouquin (L'hypothèse Gaïa, que je vous conseille très vivement si la thématique vous parle), et, décriée à l'époque, elle est en passe d'être acceptée partout. Dans ce nouvel opus, Lovelock s'attaque à la question du changement de climat, et plus largement, de la survie de l'espèce et des bouleversements écologiques à venir. Et ça fait peur. Mais ce n'est pas pour autant un livre grandiloquent et alarmiste. Lovelock est avant tout scientifique, et ce qu'il présente est argumenté et plein de références. Il cite notamment les résultats du dernier congrès de l'IPCC (Panel International commandité par l'ONU sur les changements de climat), qui semblent dire que bon, le changement de climat, on y est déjà bien. Je vous laisserais en juger. Ensuite, il débat des solutions possibles, de ce qui est encore faisable et ce qui risque de ne pas l'être. Là encore, son approche est documentée et réfléchie, et prends en compte beaucoup d'erreurs faites jusqu'à aujourd'hui mais peu médiatisées. Bref, c'est de la vraie vulgarisation intelligente et pointue sur un thème vital. Au point que ça m'a fait changer en grande partie de point de vue sur le nucléaire (alors que hein, bon, c'était loin d'être fait (et même si ça ne me réconcilie par avec la COGEMA et la gestion politique du nucléaire français)), et que ça m'a confirmé ce que j'avais découvert d'attristant sur l'éolien notamment (et qui n'est pas plus médiatisé même si c'est plus facile à trouver en cherchant un peu). Bref, c'est un livre qui fait vraiment réfléchir, qui est vraiment documenté et sur un sujet qui, comment dire, concerne forcément tout le monde. Alors oui, plus que fortement, je vous le recommande.


Lu. Istanbul, Imperial city. De John Freely.

Istanbul est un livre à lire à Istanbul, ou dans l'intention d'y aller, ou en en revenant. Il s'agit en effet d'une histoire synthétique de la ville. Partant de sa fondation en tant que colonie grecque donc, et allant jusqu'à aujourd'hui et à la victoire électorale des Démocrates-Islamiques. Et entre les deux, il y a sacrément de quoi faire : occupation athénienne, assauts perses, alliances variées, puis conquête romaine, élévation au rang de capitale impériale par Constantin (et premier changement de nom), dernier sursaut de l'empire avec Justinien, puis déclin byzantin, résistance aux conquérants divers avant de tomber face à Mehmet II pour devenir Istanbul, mais surtout la capitale de l'Empire Ottoman pendant cinq siècles, jusqu'à la seconde guerre mondiale et l'avènement de la Turquie actuelle par Atatürk. Vous le voyez, il y a de quoi faire. Du coup, pour quelqu'un qui aime l'histoire, c'est le bonheur, et c'est de plus une découverte de l'histoire de l'orient et de l'europe centrale, que je ne connaissais pas tant que ça. C'est écrit de manière agréable et l'auteur connait son sujet. Bonus qui encourage à le lire pour visiter : les batiments encore debout sont repris en annexe avec des renvois au fur et à mesure de la chronologie, ce qui permet de s'y retrouver un peu dans le foisonnement de visite de cette ville deux fois impériale.


Lu. L'usage du monde. De Nicolas Bouvier.

Je ne connaissais pas Nicolas Bouvier mais il a visiblement une certaine réputation dans le domaine des textes de voyage, ce que je pratiquais que peu. Dans les deux cas, j'avais bien tort, tant il arrive à décrire avec finesse et humanité les pays qu'il traverse, les incidents de parcours et les rencontres. Ici, il décrit un voyage entrepris avec un ami peintre, visant à relier l'europe (en passant par l'europe centrale) jusqu'à la passe de Khyber, entrée en Inde par le coté perse. En plus d'un charme un peu surranné de l'Orient post-colonial, se dégage de ce livre une vraie âme. Nicolas Bouvier est un vrai voyageur, qui se laisse changer et pénétrer par le voyage, par ce qu'il y rencontre, il ne cherche pas quelque chose de spécifique, si ce n'est à voyager, à avancer, autant dedans que dehors. L'ensemble est agrémenté de petits dessins à l'encre pleins de charme et d'humour. C'est un livre pour ceux qui aiment voyager, qui aiment se laisser porter et découvrir un ailleurs qui soit vraiment différent, qu'on laisse surprendre.


Vu. Rome, saison 2.

Ah, Rome. Après une saison 1 splendide, nous sommes gratifiés d'une seconde saison du même accabit, voire supérieure. Pour tout dire, il est difficile de considérer qu'il s'agisse de deux saisons différentes, c'est plutôt : la chute de la république et l'avènement de l'Empire, avec Chapitre I : César, Chapitre II : Octave. Mais les deux vont ensemble, au point que la seconde saison reprends à la minute suivant la fin de la première. Bon, je ne révèlerais pas trop la déroulement, mais c'est toujours très honnêtement fidèle à la réalité historique, les adaptations étant à mon sens amplement justifiées en termes de rythme et de qualité de scénario. On va donc cette fois, en dix épisodes, de la mort de César à l'avènement d'Octave-Auguste. On retrouve les mêmes personnages, avec toujours autant de finesse et d'intérêt pour les problèmes personnels, et toujours le lien avec l'histoire en grand. Bon, préparez-vous, il n'y aura pas de troisième saison, et c'est du coup comme en vrai : il n'en reste pas beaucoup de vivants pour voir Octave monter sur le trône. Mais la fin de tous les personnages est marquante et traitée avec force. Bref, c'est à mon sens une série absolument inratable et d'une qualité, à tous points de vue, impériale.


Vu. Jeanne Cherhal en concert.

Jeanne Cherhal en Live, je me demandais quand même un peu ce que ça allait donner. J'aime vraiment beaucoup ce qu'elle fait, mais le rendu en concert ? Eh bien, j'avais tort de m'inquiêter. D'une part, Jeanne Cherhal est d'une énergie débordante, et également pleine d'humour : elle saute dans tous les sens, rigole avec le public, prends un fou rire et cavale. Déja, ça pose une ambiance agréable et on sent qu'elle donne sans compter. D'autre part, l'ambiance est jolie, avec des bombonnes d'eau partout et des glouglous, c'est le thème de l'album. Enfin, et surtout, elle sait s'entourer : une guitare, une basse et une batterie, mais alors, c'est pas n'importe qui. Le son de l'ensemble est splendide mais surtout puissant et pêchu comme rarement entendu pour ce genre de musique. C'est au point que ça ne ressemble pas du tout à l'album : c'est infiniment plus rock et plus rythmé, mais pour vous dire : je trouve ça beaucoup mieux. Au point que l'album, à réécouter tout de suite après, sonne mou et sans coffre. Du coup, j'en suis sorti surpris et ravi, avec une patate d'enfer. En conclusion, si vous aimez Jeanne Cherhal, faut y aller, et si vous trouvez ça bof, genre trop pop, trop mou, faut vraiment y aller aussi, c'est complètement autre chose.