Chroniques autonomes, teutonnes et amplifiées.



The Phoenix Guards, de Steven Brust

Oui, encore du Steven Brust. Faites-vous une raison, il risque d’y en avoir encore dans un certain nombre de chroniques à venir. Maintenant, il y a un changement, ce ne sont plus les chroniques de Taltos, pour ce tome-là en tout cas, j’avais envie d’aller voir ce qu’il faisait d’autre. Bon, ce n’est pas si éloigné non plus puisqu’il s’agit du même monde, mais un bon millénaire avant. Changement de point de vue et de personnages donc, mais surtout changement de style, parce que ce premier tome est un hommage marqué et assumé, presque un pastiche, des trois mousquetaires. Revisité mais sur la même trame, et surtout avec le même style alambiqué entrecoupé de dialogues qui déroulent longuement (ceux-là même où l’on sent que les auteurs étaient alors payés à la ligne) mais non sans vivacité ni sans esprit. C’est très réussi : l’hommage est assumé avec excès et avec humour, les personnages sont hauts en couleur, le rythme est soutenu et les considérations philosophico-historiques sont amusantes et pas si rarement pourvues d’un vrai fond. C’est un livre dans lequel on sent, à chaque page, que l’auteur se fait plaisir, mieux : s’amuse, et il est difficile de ne pas être entrainé. Une vraie lecture pour s’amuser de manière assumée, donc, j’aime vraiment bien.


Pédagogie de l’autonomie, de Paulo Freire

Paulo Freire est un grand monsieur de la pédagogie et de l’éducation populaire, que je n’avais pas encore eu l’occasion de lire, notamment parce que son ouvrage le plus connu, Pédagogie des opprimés, n’est plus édité en français depuis un bon moment (et que, de manière générale, il a été assez peu traduit et peu réédité (même problème que Freinet, et je trouve ça un peu grave quand même)). Mais donc, ce petit opus, un de ces derniers, a été traduit et édité récemment, et j’en ai profité. Paulo Freire y discute de ce qu’est pour lui une pédagogie émancipatrice et une vraie éthique d’enseignement. Le moins que je puisse dire est que j’adhère au propos et que ça donne de quoi réfléchir. Et c’est bien une discussion, un exemple dans la forme de ce qu’il défends : ce n’est pas une grande théorie de la pédagogie mais un éclairage sur des questions et des postures essentielles, nées de sa pratique et d’échange avec d’autres pédagogues. Le ton alterne entre réflexions de fond, échange d’expérience et diatribe poétiques sur le positionnement éthique, politique et les enjeux de l’enseignement. C’est donc aussi un livre qui peut se savourer par petits bouts, pas forcément dans l’ordre, avec la garantie d’y trouver de quoi penser et évoluer. En particulier, en termes de prise de recul et de rélfexion sur le fond, puisque l’accent n’est pas sur les outils et éléments techniques mais bien sur la cohérence entre les intentions politiques d’un enseignement progressiste et la posture d’enseignant. J’aurais tendance à le recommander à tous les enseignants, pédagogues et autres acteurs de l’éducation populaire.


Elle est pas belle la vie ? De Kurt Vonnegut.

Kurt Vonnegut est un auteur qui m’a marqué, et je suis loin d’être le seul, par ses idées, son anti-conformisme, son humour et son style. Eléments que l’on retrouve tous dans ces discours prononcés lors de diverses cérémonies de rémises de diplomes universitaires, exercice dans lequel il était versé et apprécié. Ce recueil en reprends une dizaine, plus quelques citations d’usage général destinées sans doute à donner un peu plus d’épaisseur au volume. Parce que oui, ce n’est pas un très gros volume, et c’est présenté dans une typographie large et aérée, avec même quelques illustrations. Donc ne vous attendez pas à ce que ça vous occupe si longtemps que ça. Maintenant, au-delà de la quantité, la qualité elle est bien là : Vonnegut a des choses à dire et ne prends pas de pincettes, il ne fait pas dans la célébration niaise et ampoulée des diplomé-es, de leur avenir, de l’université ou de quoi que ce soit d’autre. Il pose des questions, il attaque là où ça fait mal et il propose quelques idées qui méritent un peu de réflexion. Comme je le disais, c’est aéré, donc c’est léger et facile à lire, mais on y trouve quelques pépites (répétées pour certaines, mais je ne m’en plains pas). Qui sont donc aussi dans des formes faciles à transmettre ou à faire circuler. Une petite gourmandise donc, en passant, pour s’aérer la tête de manière tout sauf niaise.


The discomfort zone, de Jonathan Franzen.

J’avais beaucoup aimé les romans de Jonathan Franzen que j’avais lu (Freedom et The corrections), et j’ai testé ce petit volume autobiographique. Il me laisse un peu dubitatif. Pas en termes de qualité, mais rapport à ce que j’en garde quelques temps après la lecture, soit : pas grand chose. En effet, l’écriture est toujours aussi maitrisé, facile d’accès et pleine de sensibilité, et c’est touchant à la lecture, mais d’une manière qui est restée pour moi assez superficielle. Franzen raconte en effet son parcours, familial, scolaire, sentimental et professionnel. Enfin, des fragments de son parcours. Et je constate que beaucoup ne font que peu écho en ce qui me concerne, alors qu’objectivement, ils pourraient. Parce qu’il parle de son inadaptation dans le milieu scolaire, de questionnements de normalité et de place. Mais peut-être avec trop de distance, peut-être dans un environnement dans lequel je ne me reconnais pas assez. Je ne sais pas, je suis dubitatif, mais je ne peux que constater que la lecture a été agréable, mais que ça ne m’a pas tellement touché. Ce qui ne m’empèchera pas de retrourner un de ces jours à ses romans, notez bien, mais je ne vous conseille pas forcément ce volume-là.


Les vieux fourneaux, tome 1, de Lupano et Cauuet

Les vieux fourneaux, c’est une BD magnifique, touchante, drôle et même engagée. On y suit les aventures de trois v… séniors, amis depuis l’enfance. Le décès de Lucette, la femme d’un des trois va les réunir et les lancer sur les routes, pour des raisons que je ne dévoilerais pas. Se joint à eux la petite fille du même, qui a repris le théatre de marionnette de Lucette : le théatre du Loup en slip. C’est un road-movie émaillé de flashback et fortement teinté de questions sociales et politiques puisque nos trois petits vieux sont syndicalistes, anarchistes, etc. Et drôles. Vraiment. C’est écrit magnifiquement, avec un rythme, un sens du dialogue et une sensibilité très émouvante sans jamais sombrer de le moindre misérabilisme. Au contraire, on sent bien qu’ils ont toujours envie de changer le monde, et qu’ils ne sont pas spécialement fiers de leur génération. Le dessin est très réussi aussi, avec là encore un sens du rythme et une finesse évidentes. Pour lier tout ça, il y a un scénario, et tant mieux, même si tout est tellement bon qu’on aurait presque pu faire sans. Mais c’est mieux avec, et ça nous entraine vers un second tome que j’ai hate de relire. En attendant, je relirais celui-ci tant c’est une BD qui se relit avec bonheur. Vraiment : foncez.


Hansa Teutonica, de Andreas Steding.

Peut-être que ça ne vous semblera pas prioritaire, mais je ne peux pas faire autrement que d’en parler tout de suite : ah, mais merde, quelle idée de faire une boite de jeu aussi laide ! Sérieusement, l’illustration est dégueulasse, la police de caractère fait saigner les yeux (sans parler des majuscules placées en dépit du bon sens, bref, ça m’a longuement tenu éloigné de Hansa Teutonica. A tort, parce que c’est vraiment un bon jeu. La bonne nouvelle de ce coté-là c’est que si le design du matériel de jeu est sobre et pas très funky, il est de suffisamment bon goût pour ne pas gâcher le plaisir. Ce préambule passé, que vaut le jeu ? A mon sens, il mérite tout à fait sa très bonne réputation : une base de jeu connexion, dans lequel on établit des routes commerciales entre villes de la hanse teutonique (oui, le thème est déséspérément pas sexy, mais comme en même temps, il n’est pas très présent, ce n’est pas très grave), on gère une série de compétences qui permettent d’établir les routes plus ou moins facilement, de marquer plus ou moins de points et faire chier les autres de manière plus ou moins efficace. Rien de très innovant dit comme ça, et c’est vrai, mais les mécanismes sont fins, très bien équilibrés et permettent un jeu tendu dans lequel, notamment, les coups de pute sont nombreux et malins mais jamais trop handicapants, ce qui permet à tout le monde de rester en jeu. Tout ça se joue en une grosse heure, selon le nombre de joueurs et fonctionne vraiment très bien. Un jeu à recommander chaudement, mais, vous l’aurez compris, plutôt à ceux qui veulent du semi-gros jeu malin dans lequel le thème et l’ambiance sont pour le moins en toile de fond.


7 wonders Babel, de Antoine Bauza.

Je ne vous ferais pas l’affront de rpésenter à nouveau Seven Wonders, incontournable succès : Babel est sa troisième vraie extension, et c’est une belle et utile extension. Très honnêtement, j’ai testé pour voir, sans croire que ça me redonnerait envie de jouer à 7 wonders de manière un peu assidue, mais si. Babel est en fait un lot de deux extensions, séparées, compatibles avec toutes les extensions précédentes et surtout entre elles. L’une d’elle, Babel, propose la construction de la tour en question, au centre de la table : chacun peut ajouter des morceaux, et ces derniers ajoutent des pouvoirs (qui, selon votre stratégie, seront une bonne chose ou pas du tout) à tous les joueurs jusqu’à être recouverts.. La seconde, les grands projets, avec des cartes géantes (et au cartonnage un peu fin à mon gout), propose pour chaque age un grand projet auquel on peut participer ou non. Si le projet n’est pas terminé, ceux qui n’ont pas participé sont punis, sinon, ceux qui ont participé sont récompensés. Dans les deux cas, ça ajoute une forte interaction entre les joueurs, ce qui finissait par me manquer franchement dans 7 wonders, et c’est ce que j’apprécie beaucoup. Comme les mécanismes sont malins et permettent des finesses rigolotes, c’est carrément réussi. Le cumul des deux options est à mon avis le plus intéressant mais il accentue une problématique : à jouer là, on joue moins de cartes de base et c’est un équilibre précaire. Là encore, c’est malin, ce n’est pas, comme beaucoup d’extensions, une surenchère déséquilibrante, mais un nouvel équilibre. Vous l’aurez compris, c’est pour moi un franc succès et un allongement flagrant de la durée de vie d’un jeu que j’ai déjà beaucoup pratiqué.


Witness, de Dominique Bodin.

Witness, c’est une idée tellement basique qu’on se demande comment ça peut marcher. Et pourtant, ça marche. Inconvénient, ça se joue à quatre, et seulement à quatre. Pour le reste, je n’y vois que des avantages : chaque partie est courte, il y a assez matériel pour que ça se renouvelle un bon petit moment, c’est facile à expliquer et c’est joli. En effet, Witness est habillé aux couleurs de Blake et Mortimer. J’aime bien. Après, ça aurait put être n’importe quel autre habillage lié à des enquètes, ça aurait fonctionné aussi, mais là, j’aime bien le petit coté suranné. Le principe donc : une enquête, lue à l’ensemble des joueurs, et des indices partagés entre les dits joueurs. Les joueurs vont se transmettre les indices en se les chuchotant à l’oreille, de joueur en joueur, jusqu’à ce que ça fasse le tour. C’est à dire qu’au début, on fait passer son indice, puis le sien plus celui qu’on a entendu juste avant, etc. L’enjeu est certes d’être le plus clair possible, mais aussi et surtout de tout se rappeler sans trop mélanger. Une fois le tour de table terminé, chaque joueur répond à trois questions, et on compte les points collectivement : c’est un vrai jeu coopératif. C’est drôle, mais ce n’est pas facile. D’autant que les enquêtes sont réparties en difficultés différentes, et quand vous en êtes à déméler des transferts d’argent entre Pedro, Paulo, Piero et Pablo, ça devient taquin. Un jeu ovni à essayer sans aucune hésitation tant ça fonctionne bien.


The Hobbit : the battle of the five armies, de Peter Jackson.

La bataille des cinq armées donc… Heu, bon, je crois que je suis surtout content que ce soit fini, en fait. Je ne peux pas dire que je n’ai pas pris un certain plaisir à voir ce film, mais je me demande si ce plaisir n’est pas entièrement du à l’attachement que j’ai au monde et aux films précédents (surtout le Seigneur des Anneaux, hein). Sérieusement, je me demande si il y a quoi que ce soit qui relève spécifiquement de ce film et qui m’aurait fait plaisir. Si : le jeu de Martin Freeman, toujours magnifique. Pour le reste, je ne dis pas que tout est à jeter, mais c’est tellement brouillon, mélangé, très très souvent incohérent (Mais bordel, d’où viennent les bouquetins ? J’attends vos contributions), et totalement dépourvu de tension narrative, ou même d’attachement à quelque personnage que ce soit que bon… enchainer des scènes d’actions difficilement crédibles et quelques bouts de dialogues superficiels ne fait pas une histoire. Et c’est bien dommage, parce qu’il y avait quand même potentiellement de quoi. Bref, je l’ai vu, sans déplaisir total sur le moment, mais plus j’y repense plus je me dis qu’il ne faut pas déconner non plus : c’est une bouillie dans laquelle il ne faut pas regarder les morceaux de trop près. Et vous savez le pire : malgré tout ça, je le reverrais (mais pas en payant, il faut savoir conserver un minimum de décence (ce qui n’est pas le cas de tout le monde dans ce film, soit dit en passant)).


Ampli SMSL SA-50

Pour des raisons dont vous avez bien raison de vous foutre complètement, il était question que je change d’ampli hi-fi. Or, j’avais entendu parlé de tout petits amplis ultra-simplifiés. J’ai donc testé, puisque d’une part, je suis plutôt pour avoir un ampli qui ne prends pas un demi-rayonnage d’étagère, d’autre part qui ne coute pas un bras, et enfin l’usage que j’ai de six voies d’entrée, quatre ou huit sorties haut-parleurs et tout un tas de trucs dans le genre est sévèrement limité. Je suis allé trainer sur les sites d’audiophiles pour faire le tri et même ces gens pointus (parfois dans des proportions qui frisent la superstition d’ailleurs) semblaient satisfaits. Je ne suis pas audiophile, je le précise, au sens où je ne suis pas capable de repérer ou d’apprécier des finesses de qualité d’enceinte ou d’accoustique spécifiques. Donc, j’ai fait l’essai de ce petit ampli, je l’ai adopté, j’en suis content à tous points de vue. Il fait la taille d’un livre de poche un peu épais (avec un transfo externe par contre), avec une entrée RCA, deux sorties haut-parleurs, un bouton on/off, un bouton de volume et c’est tout. C’est peu, mais c’est très exactement ce dont j’ai besoin. Le son est très propre et très équilibré (à l’échelle des compétences accoustiques en tout cas, et sachant que j’ai de plutôt bonnes enceintes), et la puissance impressionnante (pour garder de bonnes relations avec mes voisins, je ne risque pas de l’utiliser à plus de la moitié du volume possible). Franchement, en termes d’usage et de qualité, je ne vois rien à redire, je me demande même si je ne trouve pas ça meilleur que mon précédent. En termes d’encombrement, c’est même mieux. Et puis surtout, il m’en a couté 60 euros. Non, là, je ne vois pas ce que je pourrais dire de mieux.


Chez mon libraire

Je lis beaucoup, ça ne vous aura pas échappé, et, pour des raisons psychologiques que je ne m’explique qu’imparfaitement, il faut que j’achète les livres que je lis. Donc, j’achète un certain nombre de livres. Pour des raisons de flemmardise, je commande pas mal en ligne, notamment chez Amazon. Il se trouve, ce n’est pas nouveau, que je suis très loin d’être fan de la politique d’Amazon, et ca à de nombreux niveaux. Je culpabilisais donc, et j’essayais quand même d’acheter en librairie régulièrement. Et j’adore les librairies pour y trouver des idées (je ne sais pas ressortir d’une librairie sans avoir acheté un livre, c’est un problème aussi), par contre, pour aller y chercher un livre spécifique et ne pas l’y trouver, j’aime moins (d’autant que je ressors avec un ou deux autres). Un de mes libraires fait la pub de Chez mon libraire, j’ai essayé, je trouve ça terriblement pratique, ma culpabilité amazonnesque descends en flêche. Le principe est tout simple : vous cherchez un livre, vous dites où vous habitez, le site vous dit quel libraire près de chez vous a le livre en stock. Ne reste plus qu’à aller le chercher (et éventuellement à découvrir une nouvelle librairie). Certes, je continuerais à acheter certains livres chez Amazon (en particulier en anglais), mais au moins, pour ceux qui sont disponibles chez les libraires de mon quartier, je pourrais facilement faire autrement.


Micro-chroniques filmiques

Les mondes de Ralph : l’envers du décor des jeux vidéos, avec des méchants qui en ont marre d’être méchants, plein de clins d’oeil à l’histoire du jeu vidéo (même Qbert, pour dire) et un scénario attendu mais qui fonctionne bien. A tester si vous avez une culture jeux vidéos.


Despicable Me 1 et 2 (Moi, moche et méchant) : un méchant de monde de super-héros caricatural et pas méchant du tout, plein de moments tendres et touchants et très réussis, des minions débiles et hilarants, de vrais scénarios, un graphisme qui a du caractère (ce qui est trop rare en films d’animation), une bonne bande-son : une pure réussite, j’ai adoré.


Shaun of the dead / Hot Fuzz : des parodies de et avec Simon Pegg, une sur les zombies, une sur les buddy-movies policiers, chacune recyclant tous les clichés et clins d’oeil possible. Globalement, ça fonctionne bien, mais j’ai trouvé Hot Fuzz nettement plus rythmé et drole que Shaun of the dead.