Chroniques indignes, meurtrières et punk.

Lu. Les grand-mères. De Doris Lessing.

Doris Lessing est une vieille dame indigne dont j'ai beucoup aimé les interviews et déclarations que j'ai lu récemment (genre quand elle a eu son prix nobel). Du coup, je me suis dit, allons-y pour son dernier, ça m'intrigue. Et ben je n'en suis pas déçu. Sur la forme d'abord, on retrouve dans ce bouquin la sobriété et l'épure de quelques autres grands auteurs. Il n'y a rien de trop, ce qui est parfois déstabilisant mais d'une grace et d'une efficacité rare. Sur le fond, en essayant de ne pas en dire trop, parce que quand même, ça mérite de suivre le cheminement du livre (même si je m'étais fait un peu spoiler par des articles etq eu ça ne gène pas tant que ça). Disons que ça parle de dissimulation, de non-dits, d'amour et d'amitié. Dit comme ça, ça fait un peu plat, mais quand je disais vieille dame indigne, il y a pas mal de ça quand même. Et c'est fait pour poser des questions et des problématiques sans hesiter et non seulement ça fonctionne, mais ça tient en haleine et ça questionne aussi. C'est court mais c'est maitrisé et ça mérite la tentative.


Vu. L'assassinat de Jesse James par le lache Robert Ford. De Robert Dominik.

Disons-le tout de suite, c'est un film long mais j'ai pas eu l'impression en étant devant, et ça, c'est quand même un vrai bon signe. Si je vous dit que c'est un western, ce sera complètement trompeur. Comme le nom l'indique, il s'agit donc de l'assassinat de Jesse James, un des mythes fondateurs de l'Amérique. Et si il y a quand même un peu un scénario et un tout petit peu d'attaque de train au début, on s'intéresse surtout aux états d'ame de Jesse James (encore une fois, un Brad Pitt fascinant) et de son futur assassin et sidekick, Robert Ford. Sur le fond, il n'y a pas de suspense, hein, tout est annoncé au départ. Sur le comment et le cheminement des deux personnages, par contre, c'est un parcours d'une grande finesse et d'une grande mélancolie. Et si les personnages sont splendides (Casey Affleck/Robert Ford n'est pas en reste par rapport à Brad Pitt), les images le sont tout autant et prennent leur temps. Accessoirement, l'épilogue est long mais vital pour le contenu et très étonnant pour une partie (et en même temps non, mais je me comprends). Bref, c'est un beau film que ça mérite de le voir sur grand écran mais c'est pas du tout un film d'action et de cowboys.


Joué. Kill Doctor Lucky (nouvelle édition). De James Ernest.

Kill Doctor Lucky est un jeu qui n'est pas récent mais qui m'amuse toujours autant. Il part du principe que Cluedo, c'est pas mal, mais ça commence quand même après que toute la partie intéressante soit terminée. Du coup, dans un manoir qui ressemble franchement, il s'agit cette fois d'être le premier à tuer le bon Docteur. Sans témoin. Et il se trouve qu'en plus, le bougre est sacrément chanceux. Du coup, ça ne se fera pas à la première tentative. Le système de déplacement, aussi bien des joueurs que du docteur, a toujours été très astucieux et n'a pas changé, mais en plus une règle a été ajoutée au système d'assassinat, qui en fait un jeu infiniment plus rapide et tendu. Et c'est une vraie de vraie bonne amélioration sur un jeu qui était déjà fort bon. Comme, en plus, cette nouvelle édition est superbe, avec tout du beau matos classe, c'est un vrai bonheur. Ce qui était un jeu astucieux mais d'une qualité de production le confinant à la confidentialité est devenu un vrai beau jeu, familial pourquoi pas, et avec juste assez de mauvais esprit pour beaucoup me plaire. Bref, de quoi en faire un classique.

Accessoirement, je signale l'existence d'une extension idiote, et inutilement chère pour ce qu'elle est, même si elle n'est pas si chère dans l'absolu : le chien du Docteur. Oui, vous pouvez grace à celle-ci tuer le Docteur et son chien. C'est crétin mais j'aime beaucoup aussi et le pion du chien est splendide.


Ecouté. Anawah. De Mon côté punk.

Mon côté punk 2 : l'album que j'attendais pas mais qui m'a fait bien plaisir. Pour rappel, il s'agit d'un groupe de plein de gens venus de pleins de groupes (notamment la Rue Ketanou et Loic Lantoine) qui font de la musique festive avec des chouettes textes et de l'accent du sud dedans aussi un peu. Et c'est un deuxième album réconfortant : ça prends de l'ampleur, de l'aisance et un vrai style cohérent. Des chansons tout à fait dans la lignée du premier album, avec peut-être moins de jeux de mots mais plus d'émotions et des arrangements riches et variés. Mais aussi des instrumentaux plus métissés, plus pleins d'inattendus et de finesse aussi. Et puis une très belle reprise d'Alain Leprest (qu'ils faisaient déjà en concert) et un hommage au même. Autant la musique n'est pas punk, autant l'état d'esprit l'est, bancal, métisse, plein d'humanité. C'est vraiment un groupe que j'aime bien et que je trouve réjouissant.


Ecouté en live. Lars Enik.

Bon alors, c'est un peu dur pour moi de chroniquer Lars Enik vu que je suis quand même pas mal partial. Lars Enik, c'est Shaolin Jésus, Chuck Maurice et Lara Fabius. Un indice, je vis avec une des trois, trouvez laquelle. Lars Enik, c'est de la musique pas facile à décrire, parce que ça ne ressemble à rien. C'est un de leurs points forts d'ailleurs. Ce sont, pour facile simple, voire simplifié, des textes dépressifs premier degré (à ne pas prendre que, d'ailleurs) avec des mélodies très prenants jouées avec un clavier qu'on peut légitimer qualifier de à deux balles, une guitare électrique, un clavier aux sons étranges, du triangle, de la flute, du tambourin, des choeurs, des aboiements de chien et d'autres trucs mais vous voyez l'idée. Et je rappelle qu'ils ne sont que trois, donc. Les chansons sont droles sans l'être et, comme je disais, les mélodies très accrocheuses (si vous en croisez un, extorquez une démo, elle sonne bien), mais c'est en concert que ça prends toute son ampleur. D'abord parce que l'ambiance sur scène est bonne et communicative, ensuite parce que les interludes sont pleins de connerie et d'humour, et que ça créé un équilibre excellent avec le contenu des chansons. C'est un Ovni, mais un Ovni qui mérite le détour et que j'espère bien qu'il ira loin.


Joué. Hoshi Saga.

Hoshi saga est un petit jeu en flash sur l'internet mondial (vous tapez Hoshi Saga dans votre google et vous trouvez plein de sites qui l'ont, choisissez selon vos préférences). Contrairement à beaucoup de jeux de ce type, que je trouve d'un intérêt limité, Hoshi Saga est plein de poésie et d'invention. Il s'agit, au sein de 35 tableaux, de retrouver une étoile dans chacun. On ne vous donne pas de règles, chaque tableau dispose de sa logique propre. Certes, la majorité d'entre eux sont très faciles, mais les idées sont souvent jolies et toujours différentes, ça fait au moins sourire de voire toutes les variantes imaginées. Et accessoirement, certains sont vraiment astucieux et pas faciles, voire très durs à trouver. En plus, c'est d'une sobriété élégante tout en niveau de gris. Ca ne vous prendra pas des heures et ça m'a vraiment séduit.