Chroniques insurrectionnelles, zen et runiques.


Lu. L'insurrection qui vient. Du comité invisible.

Un petit livre qui a fait pas mal de bruit récemment, et dont vous avez sans doute entendu parler. L'insurrection qui vient est effectivement un livre très politique, mais dans une perspective très large. C'est à dire qu'il s'agit avant tout de prendre du recul sur le fonctionnement de notre société et sur la manière dont on y est heureux ou non, ainsi que sur la manière dont elle évolue, là encore en termes de grandes tendances de fonds. Et c'est très intéressant du coup. Bien sur, on se place plutôt dans une analyse apparentée aux théories libertaires (ce qui, en ce qui me concerne, ne représente en rien un inconvénient, au contraire) mais sans faire référence à quelques connaissances préalables que ce soit. Les conclusions sont forcément critiques vis-à-vis de notre société et de son organisation politique et sociale, mais là encore, je peux difficilement ne pas être d'accord. Maintenant, il ne s'agit pas d'un texte de propagande, mais bien d'un texte de questionnement et de réflexion avant tout, d'analyse. Qui se termine, bien sur, sur des pistes d'action et de positionnement en termes d'évolution de société, qui sont certes radicaux, mais qui ne sont qu'évoqués, avec charge à chacun de mener sa réflexion. Bref, un petit opus que je trouve bienvenu et intéressant. Ce qui me semble très inquiétant, à l'inverse, c'est de voir qu'un livre pareil ait pu provoquer une telle réaction de la part de la police et du gouvernement. Non, vraiment, ça ça pose fortement question.


Lu. Death at Koten. De Shawn Karman.

Une nouveauté inattendue : une BD dans l'univers de L5R, jeu de rôle japonisant dont je suis un pratiquant assidu depuis, houla, au moins tout ça. Il s'agit d'une assez longue BD / comics, toute en couleur, et racontant une longue histoire d'enquête et de manigances, relativement dissociée de toutes considérations de dates et de grands évènements (ce qui est plutôt pratique, mais peut être frustrant pour certains qui auraient souhaité l'inverse). Il s'agit d'une histoire permettant de découvrir le monde, puisqu'on y croise tous les clans et avec un vrai scénario agréable et énigmatique, avec une fin jolie mais pas forcément non plus complètement bouleversante, ne serait-ce que parce qu'elle ne réponds pas à toutes les questions non plus. Et coté illustrations, pour moi, c'est une vraie réussite, avec un trait que j'aime bien, une mise en couleur de qualité et une vraie ambiance correspondant à l'image que je me fais de ce monde. Une très agréable lecture, mais aussi une bonne source d'idées narratives et graphiques, et un moyen de faire découvrir cet univers, sauf que, bon, il faut lire un peu l'anglais quand même et ce n'est pas une découverte rapide ni exhaustive. Mais n'empêche, moi j'en suis bien content. Une petite preview pour les fans : http://www.l5r.com/images/dak-preview.pdf


Lu. Les mots des riches, les mots de pauvres. De Jean-Louis Fournier.

Un petit bouquin pas récent mais que je n'avais pas encore lu dans la série humoristique de Fournier. Sous la forme d'une comparaison de vocabulaire, il s'agit surtout de dresser un portrait cynique et caricatural des vies des riches (très donc) et des pauvres. Et c'est presque une histoire puisque monsieur et madame Pauvre travaillent pour monsieur et madame Riche. Autant sur le fond, c'est assez drôle et plutôt pertinent, autant ça reste assez caricatural et sans non plus de moments complètement hilarants ou d'idées absolument géniales. C'est une lecture agréable et rapide mais je n'ai pas trouvé non plus que c'était particulièrement mémorable. Et même l'arrivée de monsieur et madame nouveau riche ne relance pas complètement le propos. C'est certes grinçant et avec un propos de fonds que je trouve bienvenu, mais ce n'est pas grandiose au final.


Lu. The Unfettered mind. de Takuan Soho.

Ce petit livre est une compilation de trois (longues) lettres d'un célèbre abbé zen du dix-septième siècle. Etant donné les extraits qui en sont cités dans "The life-giving Sword', ça m'intéressait de regarder ça de plus près. Et c'est effectivement une approche du Zen que je trouve vive, dynamique et pleine de questionnements des plus profonds et intéressants. Et c'est une approche plutôt explicite, pour le coup, ce que je trouve séduisant. C'est à dire qu'on ne plonge pas dans des considérations absolument abstraites sur la nature de l'esprit et la manière de faire le vide par soi-même selon les leçons ancestrales. On parle du quotidien, de la pensée telle qu'on la pratique en premier lieu. Mais c'est quand même moins facile d'accès que dans le bouquin sus-cité, surtout parce que Soho, grand érudit, cite à l'envi des poèmes et littérateurs chinois et japonais classiques pour illustrer son propos ou pour les commenter. Et quand on a pas ces références, même avec les notes, on rame un peu. Ça reste une approche qui m'intéresse beaucoup, et un auteur passionnant, mais moins facile que je ne l'espérais.


Joué. Rök. De Thierry Chapeau.

Rök n'est pas un jeu compliqué. Du tout. Il s'agit d'un petit jeu de rapidité et de reconnaissance visuelle, dans la famille donc des jungle speed et consorts. Mais ici, on cherche à regrouper des cailloux avec des runes dessus. Le matériel me plait particulièrement, puisqu'il s'agit de cailloux en résine, mais très crédibles, et que ça me fait plaisir de joue avec autre chose que des cartes ou des pions (et qu'en plus, ça se recase facile dans un cadre médiévalisant). Donc : tout le monde pioche des cailloux dans le sac, on les jette en même temps au milieu de la table, et il faut récupérer les paires semblables le plus vite possible. Ajoutez un petit système mesquin de capture des points adverses et c'est bouclé. Alors, bien sur, ça ne vous occupera pas des heures, mais dans la famille des jeux de rapidité simples, c'est une belle idée, du beau matos et moi j'aime vraiment bien.


Vu. Kaamelott saison V. De Alexandre Astier.

Tout le monde connait Kaamelott, je ne vous fais pas la présentation. Mais cette saison V est franchement différente des précédentes, une vraie rupture. Et elle mérite d'être vue en DVD plutôt que saucissonnée en pseudo-sketch. En effet, il s'agit d'épisodes de 50 minutes, qui prennent leur temps, et dans lesquels on ne recherche plus le dialogue rapide ni le gag systématique (même si il en reste un peu). Au contraire, l'objectif est d'approfondir les personnages et de développer un fonds d'histoire : la quête d'Arthur qui veut trouver globalement un sens à sa vie, et surtout des enfants. C'est donc assez nostalgique et triste sur l'ensemble. Et, à les voir sous cette forme, j'ai trouvé ça plutôt pas mal. Alors, bien sur, il faut se défaire des attentes qu'on peut avoir en connaissant les saisons précédentes, ce ne sont ni les mêmes objectifs ni les mêmes ambitions. Mais les personnages arrivent à devenir attachants, et ça fonctionne raisonnablement bien. Maintenant, on peut se demander si c'était la peine de sortir d'un format qui fonctionnait très bien pour faire tout autre chose, de manière sympa certes mais pas exceptionnelle.


Et, pour suivre la dernière chronique dans laquelle je vous avais parlé de Daniel Tammet, voici le lien vers le reportage anglais qui lui est consacré (et dans lequel on voit aussi l'autiste asperger qui a inspiré le personnage de Rainman), fascinant et touchant :

http://video.google.com/videoplay?docid=-2598363071375453449