Chroniques touchantes, écossaises et geek.


Lu. Où on va, papa ? De Jean-Louis Fournier.

Je suis un grand fan de Fournier, notamment depuis que j'ai lu « Il a jamais tué mon papa », autobiographie parlant de son père. J'ai toujours regretté qu'il n'aie pas continué dans cette veine, même si j'aime bien aussi ce qu'il fait dans un registre plus comique. Et là, bonheur, non seulement un prix Fémina (ce qui ajoute un vernis inhabituel à ces chroniques), mais surtout un retour à l'autobiographie superbe et déchirant. Fournier parle de ses deux fils, tous deux lourdement handicapés, de leur vie, de la sienne avec eux. Ce n'est pas drôle, fondamentalement. Du tout. Au contraire, c'est dramatique. Au sens premier du terme. Et Fournier raconte justement comment il y a fait face, comment il n'a pas réussi à y faire face aussi, souvent. Avec une délicatesse et une humanité bouleversantes. Avec humour aussi. Souvent un humour noir, dur, mais, comme il le dit, il a le droit, lui. Des chapitres très courts, des instantanés, écrits avec vivacité, sans manières. C'est sobre, efficace sans faire de manière. Je ne crois pas qu'on puisse ne pas être touché par ce livre, bouleversé même. A ne rater sous aucun prétexte donc, comme « Il a jamais tué personne, mon papa ».


Lu. Raw Spirit. De Iain Banks.

Iain Banks est un auteur remarquable dont je ne rate aucune nouveauté. Raw spirit est une sorte d'exception dans le reste de sa bibliographie, puisqu'il s'agit d'une commande : un livre sur les whiskies écossais. Banks étant un vrai écossais, il s'est attelé à la tâche avec enthousiasme. Maintenant, je ne suis pas complètement convaincu du résultat. De fait, il s'agit du récit, autobiographique donc, de ses visites de distilleries, ballades et bouffes avec ses potes, anecdotes variées, commentaires sur l'actualité (la guerre du golfe en priorité) et, un peu, de commentaires sur les dégustations des whiskies eux-même. J'en garde du coup une impression de fouillis certes sympathique mais un peu indigeste. Disons que je n'ai rien contre les descriptions de paysages, routes et du plaisir que Banks tire de ses diverses voitures et motos, mais ça ne ma passionne pas non plus tant que ça. De la même manière, ses anecdotes de jeunesse le rendent tout à fait sympathique quand on est fan, mais il n'y a pas non plus de quoi se relever la nuit. Bon, si je veux tester des bons whiskies, j'aurais une bonne idée d'où commencer et de ce qu'il y a derrière, mais ce n'est pas non plus une part si importante du bouquin. Bref, ça reste sympathique mais à moins d'être fan de Banks, de whisky écossais et de voitures/visite des routes écossaises, vous risquez de trouver ça assez long.


Lu. Péchés Mignons 3. D'Arthur de Pins.

Le retour des filles rondes et charmantes d'Arthur de Pins, troisième tome donc. Seule vraie différence avec les deux précédents, il y a cette fois-ci un semblant de trame d'ensemble. Bon, ça reste des historiettes d'une ou deux pages malgré tout, mais avec un personnage récurrent. Ça n'a pas grand impact au final : on retrouve l'humour décontracté et les thèmes sexy des tomes précédents. Toujours en évitant la facilité et la vulgarité, ce qui est appréciable vu les thèmes abordés, qu'on parle de séduction, de couple ou de sexe. Et pour le style graphique, moi, je suis toujours aussi absolument fan de ce que fait Arthur de Pins. Ses personnages, tout en vectoriel, sont plein de charme, et ne sacrifient pas à la mode des filles maigrelettes et stéréotypées. Bien au contraire, et je ne peux que m'en réjouir. Bref, pas déçu, c'est toujours bien.


Vu. Nerdz. De Mr Poulpe, Davy et Didier.

Pour ceux qui ne connaissent pas Nolife, il s'agit d'une chaine de télé, spécialisé dans le jeu vidéo mais surtout la culture geek/nerd, bricolée avec de tout petits moyens par une bande de gars à moitié dingues. Mais pas dépourvus d'humour, loin de là. Bon, c'est un vrai humour de geek, avec du second degré dedans mais pas que quand même. Et sur cette chaine qui me fait rire, parfois exprès et parfois pas, il y a une série complètement idiote, Nerdz. Nerdz, c'est un plan fixe sur un canapé avec quatre personnages, caricaturaux au possible (et parfois un peu au-delà). Nerdz, c'est vraiment beaucoup, dans l'idiotie totale, et dans le mauvais goût aussi, un peu. C'est pas fin, non, on peut pas dire ça, mais dans un style sans limite et auto-dérision totale de la geekitude, ça se pose là. Et si, au début, je trouvais ça un peu trop, franchement, avec un peu d'habitude, ça devient vraiment très drôle (et très bête. Non, en fait c'est très bête dès le début). Vous y verrez même Tom Novembre, si ça c'est pas un gage de haute qualité. C'est disponible sur Youtube si vous n'avez pas le bonheur de recevoir Nolife.


Joué. Tempête en Formation. Une extension pour Race for the Galaxy.

Je vous avais dit du bien de Race for the Galaxy, un vrai très bon jeu pour très bons maniaques. L se trouve que, si la version de base permet déjà de jouer pendant longtemps sans avoir l'impression de refaire deux fois la même partie, il existe maintenant une première extension. Cette dernière contient quatre choses, dont une seulement me semble vraiment essentielle, une normale et deux assez inutiles. L'essentiel, c'est l'ajout d'objectifs communs à tous les joueurs piochés en début de partie, de type : le premier à avoir et celui qui a le plus de. Et ça rajoute une bonne dose de course et d'interactions entre joueurs, ce qui était quand même un des points un peu faibles du jeu. Vraiment, une riche idée. On trouve aussi une série de nouvelles cartes, pas beaucoup, dont des mondes de départ et de quoi jouer à cinq. Bonne chose. Mais aussi des dés et tout un système pour jouer à un, tout seul contre un adversaire gérable avec tout ces trucs en plus. Bon, ça, personnellement, je ne vois pas l'intérêt, mais il y a peut-être des gens à qui ça servira. Et enfin, des cartes vierges pour inventer des mondes et des développements en plus. Alors certes ça fait envie, mais vu l'équilibrage d'ensemble du jeu, je ne pense pas être assez à fonds pour tenter de faire des cartes viables en plus. Bref, une extension avec de très bonnes choses dedans mais aussi des plus inutiles.