Chroniques érotiques, ludiques et de saison.



Lu. L'érotisme. De Georges Bataille.

Il y a des chroniques plus rapides à écrire que d'autres. Chroniquer Bataille, c'est difficile, parce que ce livre m'a beaucoup marqué et beaucoup impressionné. Je peux dire sans exagérer que c'est, toutes catégories confondues, un des livres qui m'aura le plus changé et fait réfléchir. Georges Bataille aura passé une bonne part de sa vie à se questionner et à écrire sur l'érotisme, sous diverses formes, et ce avec une profondeur inattendue. C'est sans doute ce qui m'a le plus impressionné : à quel point il pousse ses réflexions loin dans des champs variés et habituellement cloisonnés (ethnologie, histoire, religion, psychologie) pour essayer de donner des réponses. Car c'est un livre qui propose des réponses, qui ouvre des perspectives très riches sur l'érotisme : le sexe et la pulsion de mort, le lien avec le sacré et le fait d'être, en tant qu'humain, discontinu (c'est-à-dire fondamentalement incapable de ressentir directement ce qu'un autre ressent, d'être réellement uni avec). Donc quand on parle ici d'érotisme, c'est pas de dessiner des gonzesses à poil ou de regarder des films sur M6, c'est bien fondamentalement, au plus profond, du désir et de ses racines, avec toutes leurs dimensions, notamment philosophiques et politiques (quand on aborde notamment les questions de transgression, d'ordre et de désordre). Du coup, c'est un gros livre, dense et pas rapide ni facile à lire. Non pas qu'il soit écrit de manière pénible, loin de là, mais c'est suffisament complexe et riche pour demander une lecture par petits bouts en réfléchissant pas mal. Maintenant, ça mérite largement le détour. Comme je vous le disais, ça m'a vraiment marqué et ouvert des tas de champs de réflexion nouveaux, donc si vous avez du courage et que ce genre de questionnement peut vous intéresser, je pense que vous ne trouverez pas beaucoup mieux.


Vu. Terry Pratchett's Hogfather. Double téléfilm de Jean Vadim.

Pour Noël, Skyone a décidé de mettre en chantier l'adaptation d'un roman de saison de Terry Pratchett, en vrai film, avec de vrais acteurs et tout. Le moins qu'on puisse dire est qu'effectivement, ils ont mis les moyens. Le casting est très réussi, même pour un fan difficile comme moi, avec que des gens pas forcément très connu mais très convaincants. L'image est belle avec de vrais décors classe, des costumes, et une ambiance sonore et musicale soignée. Bref, du bon boulot. Et comme le script reprends avec compétence le scénario et les dialogues du film, c'est un bonheur. Bien sur, si on n'a pas toutes les références, certains passages manquent peut-être un peu de saveur. Et bien sur, on perds une partie de la finesse d'observation de l'auteur et la profondeur des détails et des notes de bas de page, mais avec un support filmique, c'est inévitable. Et franchement, ce n'est pas cher payé pour un vrai moment de plaisir de qualité. Moi, il ne me reste plus qu'un chose à espérer : que ça leur donne l'idée d'adapter d'autres romans du disque monde d'une manière aussi belle que celui-ci. Accessoirement, oui, c'est un conte de Noël, mais pas niais du tout et plein de rebondissements de scénario élaborés, parce qu'il n'y a pas de raisons.

Ouvert. Moi j'm'en fous je triche encore.

Et oui, après plus de deux ans d'activité dans notre petit local d'origine, il était temps de déménager. On en parlait d'ailleurs depuis longtemps mais restait à trouver un local grand, sympa et dans le même coin. Ceci fait, il a fallu passer aux travaux, qui est la partie qui me faisait de loin le plus envie, surtout en partant d'une base plutôt propre avec de beaux murs en pierre. Du coup, on s'est fait plaisir en construisant un joli bar, des étagères rigolotes et tout un tas de déco. Bon, on a aussi bien rigolé en trouvant un vieux tube de tranxène dans le faux plafond, ce qui nous a expliqué beaucoup de choses sur l'état du cablage électrique. Au final, je suis bien content du résultat et je vous invite donc à venir y jeter un oeil à l'occasion : c'est plus grand et c'est plus beau (et c'est au 8 rue René Leynaud).


Joué. Gloria Mundi. De James et Mike Skelinker.

Gloria Mundi est un jeu que je guettais depuis un bon moment. D'abord, c'est un jeu de James Ernest, fondateur de Cheapass Games et auteur de tas de jeux rigolos mais souvent produits dans une qualité limite. Ensuite, le principe m'amuse beaucoup : il s'agit d'un jeu de construction (abstraites) dans laquelle on développe des batiments de plus en plus élaborés. Jusque là, classique, mais l'aspect rigolo, c'est qu'au lieu de construire éternellement, on construit pour peu de temps puisque le but est de quitter Rome le plus vite possible : le Goth arrive pour tout piller. Donc vos beaux batiments se font rapidement détruire. Et il faut gérer un équilibre précaire entre des constructions et des destructions. Personnellement, j'aime beaucoup cet aspect tendu et à l'issue inéluctable. Seul espoir : atteindre l'Afrique le premier (ou en tout cas s'en rapprocher le plus posisble), ce qui donne une ambiance de décadence très amusante. Les mécanismes ne sont pas très compliqués mais assez malins, et si le jeu se joue en une heure, c'est une heure dense et un peu tendue pour les premières parties. Maintenant, comme le mécanisme est inédit et le fonctionnement bon, ça donne envie d'y retourner. Accessoirement, c'est vraiment joli.


Joué. Mag Blast, troisième édition.

Mag blast est un petit jeu de cartes idiot dont la troisième édition vient de sortir. Le principe est tout simple : chacun dirige une flotte spatiale composé d'un nombre varié de vaisseaux et veut dessouder les vaisseaux et en particulier le vaisseau mère de tous ses adversaires. Le système de jeu est assez basique et rappelle plutot les jeux d'il y a une bonne dizaine d'années. C'est à dire que ça fonctionne mais que ce n'est ni spécialement élégant ni particulièrement rapide (entre joueurs habitués, ça peut le devenir). Mais la particularité que fait tout l'intérêt du jeu, c'est que pour jouer une carte de tir sur un autre vaisseau (ce qui est l'activité principale), il faut faire le bruit du tir (celui que vous voulez, masi un bruit) : piowww, zwing, beuaa, voire zob-zob. Du coup, ça prends une toute autre dimension de n'importe quoi. L'inconvénient, c'est que c'est le seul truc vraiment drole, et que le reste ralentit plus qu'autre chose. Alors avec des joueurs qui connaissent et qui ont envie de jouer vite, c'est bien rigolo, mais sinon, le reste du système rends l'ensemble un peu moyen. Accessoirement, point positif, les illustrations de cette nouvelle édition sont de John Kovalic (Munchkin notamment) ce qui ajoute à l'aspect débile et rigolo. Bref, un petit jeu rigolo mais qui mériterait d'être un poil simplifié pour mon goût.


Lu. Carlier Libre. De Guy Carlier.

Autant je ne regarde pas la télé donc je ne le vois plus ni ne l'entends en direct, autant je continue à lire ses textes quand ils sortent en poche. Alors, bien sur, c'est un peu toujours la même chose, mais comme à chaque fois, j'ai un peu oublié, je le retrouve avec plaisir. Donc si vous aimez ou si vous ne connaissez pas, c'est toujours sympa.