Chroniques égalitaires, métalliques et cosy


The spirit level, de Richard Wilkinson et Kate Pickett

The spirit level est sans doute un des livres les plus importants que j’ai lu jusqu’à aujourd’hui, toutes catégories confondues. Et je signale tout de suite qu’il existe également en français sous le titre “Pourquoi l’égalité est meilleure pour tous”, donc il n’y a pas de raisons de vous priver. Le titre français résume d’ailleurs assez bien le coeur du propos. Mais ce n’est pas un propos idéologique ou politique au sens restreint, mais bien un propos scientifique. Et de grande ampleur. En effet, Wilkinson et Pickett rendent là compte d’un travail d’une ampleur considérable puisqu’il concerne un échantillon représentatif des pays riches de la planète (ce qui permet de distinguer les effets de l’inégalité indépendamment de l’impact de l’accès aux besoins minimaux, mais les résultats s’appliquent plus largement qu’à seulement ces pays). Et pour ces pays, ils montrent, à l’aide de données en béton et sur de larges échantillons et périodes, que l’inégalité de revenus à des impacts considérables et assez indiscutables sur la santé, l’espérance de vie, les niveaux de confiance et de violence au sein d’une société, de drogues, la capacité à faire face au changement climatique également (je ne le détaille pas ici, mais c’est marquant et vital), etc. Et que l’égalité permet des sociétés fonctionnant mieux à tous points de vue. Et pour tous, notamment pour les plus favorisé-e-s, mais bien sur plus directement et fortement pour les moins favorisé-e-s. Les données sont comme je le disais, inattaquables et les conclusions également solides. Ce qui fait plaisir, quand on a toujours pensé que l’égalité devait être une priorité, mais surtout qui donne des arguments de poids pour l’argumenter et se remotiver autour de cette priorité politique. Et la bonne nouvelle, c’est que quelques soient les moyens pour arriver à plus d’égalité (et différents pays y arrivent par différents moyens, même aujourd’hui, le Japon et les pays scandinaves obtenant des résultats également bons avec des leviers très différents), les bénéfices sont sensiblement les mêmes et ils sont bien plus importants que toutes les politiques ponctuelles et spécifiques pour améliorer l’un ou l’autre des enjeux en question. Comme le sont parfois de grandes avancées scientifiques, les conclusions peuvent sembler relever du sens commun. Mais elles sont là ancrées dans des années de recherche et un nombre de travaux (avec un pannel international dépassant très largement le travail de Wilkinson et Pickett) considérable les validant. C’est du coup un livre qui redonne énormément d’espoir quand au fait de pouvoir faire avancer les choses dans le bon sens, et que je considère comme franchement incontournable.

Pour pouvoir permettre une diffusion la plus large possible de ces résultats, Richard Wilkinson et Kate Pickett ont donné beaucoup de conférences mais ont également mis en place une structure non-lucrative diffusant des supports pédagogiques et des compléments à leur livre. Pour commencer à faire boule de neige, je vous le mets là mais je compte bien en faire d’autres choses dans le futur :

https://www.equalitytrust.org.uk/

Et la version du livre en français :

https://www.amazon.fr/Pourquoi-l%C3%A9galit%C3%A9-meilleure-pour-tous/dp/2363831012/


The steel remains + The cold commands + The dark defiles, de Richard Morgan

Plus je lis Richard Morgan, plus je l’apprécie. Non sans une certaine retenue parce que c’est un auteur que je trouve ambigu. Mais je pense qu’il l’est volontairement, et de manière très réfléchie et maline pour le coup. En particulier dans son traitement de la violence et de l’héroïsme. Et pour le coup, cette trilogie enfonce le clou sur ces thèmes-là. C’est même le propos central de l’ensemble, et il est abordé d’une manière déstabilisante, mais que je trouve franchement brillante. De fait, il s’agit de fantasy, avec tous les clichés inhérents au genre, notamment en termes de violence et d’héroïsme individuel. Sauf que, dès le départ, on sent bien que ça ne va pas se cantonner à un registre traditionnel puisque le héros est certes un vétéran avec une grosse épée magique, mais il est gay. Et avec une sexualité active, et décrite de manière tout à fait directe (donc, oui, c’est pour adulte, avec cette touche que j’aime beaucoup d’être sans doute illisible par qui que ce soit d’homophobe). Et ce n’est pas tout, puisque le déroulement est une déconstruction franche, mais progressive des trames héroïques traditionnelles. Jusqu’au bout, car la conclusion est déstabilisante en termes d’habitudes narratives, mais redoutablement efficace en ce qui me concerne. J’ajouterai que l’ensemble est bien écrit, mais très sombre, on pourrait sans doute classer ça dans la dark fantasy. Et de nombreux thèmes sociaux sont abordés, souvent violemment, mais de manière de mon point de vue pertinente et efficace.Je vous signale également, sans spoiler plus, qu’il est à mon avis bienvenu de lire d’abord la trilogie Takeshi Kovacs, du même auteur. C’est une série qui me laisse un goût en partie amer, mais ce n’est en rien une critique, et qui m’a pas mal marqué. Si vous aimez la fantasy autant qu’elle vous gonfle, que vous supportez la violence et les moments sombres dans la mesure où ils apportent quelque chose et que vous voulez tenter une trilogie un peu hallucinée mais marquante, c’est un bon choix.


Alcatraz Smedry, de Brandon Sanderson.

Une fois n’est pas coutume, je lis Sanderson en français, et sur papier bible puisque ce volume regroupe quatre tomes originels des aventures d’Alcatraz Smedry, une série pour ados/jeunes adultes. Certes, c’est pour ados, et ça l’est pleinement, mais c’est drôle. Enfin, dans la mesure où vous supportez les apartés permanents avec de l’humour d’ado. Parce que le narrateur est ado et c’est pour le moins bien rendu. Mais ce n’est pas que pour faire des blagues, c’est aussi pour faire de la pédagogie puisque tout en rigolant, ces apartés expliquent aussi comment l’histoire est construite, comment les personnages évoluent et tout un tas de choses de ce genre. Et certes ça prend de la place, mais je trouve que ça passe bien. Pour le reste, c’est n’importe quoi et c’est très réussi. En effet, Alcatraz découvre, et nous avec, que le monde est gouverné en secret par la secte des infâmes bibliothécaires, et que s’opposent à eux les royaumes magiques, dont la magie est à base de lunettes. Et qu’il fait partie de la lignée Smedry, qui a des pouvoirs puissants et passablement idiots comme arriver en retard, se lever avec une tête de déterré, ne pas savoir compter, etc. Et tout ça se tient suffisamment pour faire de vraies histoires, ce qui n’est pas étonnant de la part de Sanderson. Plutôt courtes, parce qu’avec moins de trois-cent pages par tome et beaucoup d’apartés, ça reste limité, mais efficaces et pleines d’inventions. Si vous avez envie d’une lecture de vacances, légère et juvénile, ou si vous cherchez un bouquin rigolo pour ados ou grands enfants, c’est tout à fait adapté. Moi, en tout cas, je me suis bien amusé.


Planesrunner, de Ian McDonald.

J’aime bien Ian McDonald, en tout cas quand il écrit pour adultes, mais ici, je dois avouer que cette excursion dans la littérature ado/jeunes adultes ne m’a pas complètement séduite. Bon, peut-être que la comparaison avec Alcatraz Smedry a joué, c’est bien possible. Car là où Sanderson joue la carte du n’importe quoi assumé et délirant, McDonald fait plutôt une version allégée d’un roman finalement assez classique de Steampunk/Multivers. Et, du coup, c’est probablement bien pour des lecteurs plus jeunes, mais en ce qui me concerne, ça ressemble surtout à du classique, avec rien de plus, et du rythme et de la densité en moins. Ce qui n’en fait pas un mauvais roman, parce qu’il y a quand même pleine d’idées sympathiques, mais ce n’est pas très marquant. Ce qui est dommage parce qu’il y a aussi des personnages pas si classiques et que j’aurais aimé apprécier plus. Peut-être que ça va en s’améliorant dans la suite de la trilogie, maintenant que les bases de l’univers sont posées, mais ça ne me semble pas garanti. Ce qui fait que je ne lirais pas la suite pour le moment, mais je ne vous le déconseille pas pour autant.


Black Man, de Richard Morgan.

Toujours RIchard Morgan, et toujours les mêmes tendances, et j’aime toujours, même si ça vient titiller des choses pas toujours confortables. Il s’agit ici d’un roman autonome, dans un futur plutôt proche, et centré sur la question de l’influence de la génétique et de ses futures manipulations. Ce qui est croisé brillamment avec des questions politiques et sociales plus larges, notamment l’évolution des sociétés occidentales, et américaine en particulier, au sujet de la violence, des formes de domination masculines, du racisme et de la religion. Encore une fois, c’est un excellent roman d’enquête et d’action, avec du rythme, du suspense, et des personnages aussi intriguant et riches qu’attachants. Et encore une fois, sous cette couche d’action et de violence, il y a une réflexion profonde et très fine qui relève profondément de la science-fiction, volet fiction politique et conséquences sociales d’évolutions technologiques. Et encore une fois, ce n’est pas exactement réjouissant, malgré pas mal d’humour. Mais sans faire du tout donneur de leçons ou grands discours, je trouve que l’auteur réussit à tisser beaucoup de réflexions de fond et d’apport dans ce qui reste un thriller futuriste terriblement efficace.


Cosy corner, 3 place du petit collège, 69005 Lyon

Le cosy corner, un de nos restos préféré, à déménagé. Pas loin, ça reste en plein dans le Vieux Lyon, mais c’est encore vachement mieux qu’avant. La cuisine est toujours excellente, avec des hamburgers de grande classe (et même des pains sans gluten si on demande, ce qui est un vrai bonheur en ce qui me concerne) mais aussi un peu plus de plats traditionnels que précédemment, notamment un plat du jour. De ce coté-là, donc, petite amélioration mais on était déjà au top. En termes de lieu, par contre, c’est vraiment mieux. Plus grand, plus lumineux, avec à l’intérieur une vue sur une petite cour intérieur très jolie, et surtout à l’extérieur, une grande terrasse sous les arbres avec de la place et pas trop de monde qui passe (devant la mairie du cinquième). Donc, si vous n’y étiez pas allé avant, je vous conseille à nouveau, et encore plus, d’aller essayer. En plus, elles sont super sympa.