Chroniques héroïques, indiennes et radicales



Lu. Come as you are, de Emily Nagoski

Emily Nagoski est ma nouvelle héroïne. Enfin, notre nouvelle héroïne, puisque c’est un livre qu’on a pris le temps de lire à deux (et, accessoirement, je vous conseille de tester la lecture à haute voix à deux, c’est chouette). Quand elle annonce que ce qu’elle présente ici peut transformer votre vie sexuelle, elle ne rigole pas. Après dix ans d’expérience de conseillère et éducatrice sur la sexualité (et un doctorat, un master, et un tas d’autres spécialisations annexes), elle compile ici l’essentiel de ce qu’elle a appris. Et au delà de son expérience concrète (qui a beaucoup d’importance, et qui se voit notamment dans les récits de patientes dont elle émaille ses chapitres, de manière très pertinente et éclairante), elle s’appuie sur beaucoup de recherches récentes, en sexologie, psychologie et neuro. Et elle cite ses sources sérieusement, ce qui fait une biblio foisonnante et pas mal motivante. Parce qu’il ne s’agit pas du tout d’un énième kamasutra, tout au contraire. Après une partie, essentielle mais courte, pour rappeler quelques élements de physiologie, ce à quoi on s’intéresse est surtout du ressort de la psychologie. Et du désir en particulier. Mais avec des détours essentiels par la gestion du stress, les messages culturels et moraux dont nous sommes pétris (et la spécificité de ceux destinés aux femmes et de leur éducation), et la gestion des émotions en général. Ce qui en fait à mon sens un bouquin incontournable et essentiel. Plus spécifiquement : si ce contenu était la base d’éducation de tout le monde, ben le monde irait déjà terriblement mieux. Notamment parce qu’elle bat en brèche un nombre considérable de fausses idées très répandues et que ça fait une différence massive. Accessoirement, c’est très déculpabilisant, très concret aussi dans ce qu’on peut en appliquer et en retirer directement, à court et à plus long terme (avec même des feuilles d’exercice pour prendre le temps de réfléchir à son cas en regard de ce qu’elle raconte). Et même si ce n’est pas pour l’aspect sexuel, ce qu’elle propose comme résumé et comme pistes de gestion des émotions mériterait une lecture pour tout le monde. Avec tout ça, elle vulgarise avec beaucoup de talent et avec beaucoup d’humour des choses pas forcément simples, donc la forme est tout à fait au niveau du contenu. C’est-à-dire excellente. Comme je le disais, c’est passé directement dans ma liste de lectures incontournables.

Elle n’est malheureusement pas encore traduite, mais elle a un blog : http://www.thedirtynormal.com/


Lu. Mahabharata, de Carole Satyamurti

Oui, ça peut sembler étrange de mettre un nom d’auteure pour le Mahabharata. Mais c’est ici complètement justifié étant donné la qualité et la quantité démesurée du travail réalisé. Pour mémoire, le Mahabharata est le grand récit mythologique de l’Inde, composé de dix-huit livres et considéré comme le cinquième livre sacré de l’hindouisme après les Vedas. Un monument donc. Il s’agit ici d’une version résumée (il faut pour réciter oralement l’ensemble de l’original sanskrit autour de trois mois) mais ça reste un beau morceau. Traduit en anglais donc, et dans une nouvelle traduction qui vise à retrouver la dimension poétique aussi bien que la dimension mythologique et narrative de l’original. Certes, je n’ai pas lu l’original, mais je trouve que question poésie, c’est franchement réussi. Et passablement impressionnant au vu de la taille du texte. C’est du vers libre anglais, donc sans nécessairement de rime, mais avec un rythme et une musique très réussis. Et c’est donc une très belle manière de découvrir une fresque mythologique exceptionnelle. On y trouve de tout, et même, selon le texte, tout ce qui mérite d’être discuté et réfléchi tout court. Fondamentalement, c’est l’histoire de la famille des Bharatas, au sein de laquelle deux fratries vont être amenées à s’affronter et vont par ce biais fonder le monde tel qu’il est aujourd’hui. Enfin, dans la perspective de l’Inde traditionnelle, s’entend. C’est donc plein de batailles, certes, mais surtout de personnages et de récits foisonnants et emboités les uns dans les autres. Il y a une vraie dimension labyrinthique, mais dans laquelle on réussit quand même à se retrouver. Et puis, le destin de tous ces personnages est conditionné par le Dharma et les influences divines. C’est donc aussi un récit de sagesse et de spiritualité, de réflexions profondes sur l’existence (la Baghavad Gita, pour ceux et celle qui situent, est un chapitre du Mahabharata par exemple). On peut donc y trouver avec bonheur tout ça, ainsi bien sur qu’un dépaysement certain et une découverte des racines de la pensée indienne. Etant fan de la version théatro-filmique de Peter Brook depuis longtemps, je suis très content d’avoir enfin lu une version texte, et tout particulièrement celle-ci que j’ai trouvée très réussie.


Lu. Libertarias, coordonné par Hélène Finet

Un ouvrage thématique, une fois de plus, qui est, comme souvent, une compilation de contribution différentes sous forme de chapitres/articles. Tous autour du rôle des femmes pendant la guerre civile espagnole, en débordant d’ailleurs aussi sur ce qu’elles sont devenues après. Et il y a du boulot, tant les femmes ont été oubliées dans la plupart des histoires plus ou moins officielles de cette période (comme quoi, si vous en doutiez encore, même dans les milieux libertaires/progressistes, il y a encore pas mal de chemin pour arriver à l’égalité). On y découvre donc, selon les articles, à la fois des parcours individuels (passablement impressionnants d’engagement), et des récits plus collectifs et plus thématiques. J’ai en particulier apprécié le récit de Mujeres Libres, un magazine féministe autonome qui a duré assez longtemps, et dans lequel on trouvait beaucoup de choses intéressantes. Les approches éducatives testées et développées par ce collectif m’ont particulièrement intéressé, tant je ne les avais que rarement vues citées ailleurs. En plus de tous ces contenus, le livre compte également un grand nombre de photos et d’affiches d’époque, ce qui est là aussi, très bienvenu, et très touchant quand on s’intéresse à ces événements.


Lu. Rad dad, édité par Tomas Moniz et Jeremy Adam Smith

Rad dad est un fanzine, qui a quelques années maintenant, qui se propose d’explorer la paternité avec un regard conscient et réflexif, en particulier sur les questions de classe, race et sexe. Cet ouvrage est une compilation d’articles divers issus de ce magazine. Ce sont des articles courts, bien écrits, et très ancrés dans le vécu de leurs auteurs, rarement sur un registre théorisant ou détaché. Et tant mieux, c’est ce qui donne une vitalité et une pertinence particulière à l’ensemble. Et qui évite aussi très largement de faire donneur de leçons : on est dans le questionnement partagé. Bien informé souvent, certes, mais dans le questionnement. Etant donné la taille des articles, il y en a beaucoup, et ils méritent tous de s’y attendre et de réfléchir à ce qu’ils racontent. Et ils racontent : les interrogations quant à la paternité puis l’éducation dans un monde dans lequel les inégalités et les discriminations sont nombreuses. Qu’en faire donc avec des enfants, directement concernés ou non ? Comment aborder ces questions, dans son comportement comme dans ses discours ? Et faire face à des comportements racistes, sexistes, classistes ? Avec des éclairages venant de familles de tous types : LGBT, d’origines ethniques différentes et racisées ou non, de classes sociales différentes, et éventuellement mélangées ou mobiles. Des éclairages aussi sur la relation aux médias et à la société de consommation. Bref, plein de bonnes choses. Et ça fait du bien de lire des choses sur la parentalité qui soient à la fois réfléchies et très ancrée dans une conscience politique qui me parle largement.


Lu. The abominable, de Dan Simmons

J’aime beaucoup Dan Simmons, et je suis admiratif de sa technique d’écriture et de narration, mais il faut bien reconnaître qu’il y a du bon et du moins bon. Pour The Abominable, de mon point de vue, on est plutôt dans le moins bon. Alors certes, du moins bon Dan Simmons, ça se lit quand même bien et on y trouve des choses agréables, voire marquantes, mais ça n’a pas la dimension marquante et parfaitement calée de ses meilleurs (Hypérion, Olympos, Les fils de ténèbres, par exemple). Ici, on suit des alpinistes. Enfin, surtout un, avec un intro classique du genre “j’ai récupéré un vrai manuscrit et je le publie” qui a beau être très bateau, est très bien réalisée et amenée. Et ces alpinistes vont, en 1924, entreprendre l’ascension de l’Everest. A l’époque, les quelques grandes expéditions anglaises ont échoué, notamment celle de Mallory, juste au début du bouquin. Et tous les passages concernant la montagne, les difficultés de ces altitudes et globalement les questions techniques m’ont passionné. Et le fait est que ça occupe les deux tiers du bouquin, donc oui, il y a des choses que j’ai vraiment apprécié. Pour le dernier tiers, moins. D’ailleurs, attention : SPOILERS. Est plutôt annoncée une histoire d’abominable homme des neiges. Ce qui est très classique, mais connaissant Simmons, je me disais que pourquoi pas. Sauf que non, pas du tout, c’est une feinte, c’est au final beaucoup plus terre-à-terre, et montagnard, et politique. Mais d’une manière que je n’ai pas trouvée tellement prenante ou convaincante. Un peu facile en fait. Ce qui amène à une fin honnête mais là encore, un peu facile, un peu rapide et qui tombe en partie à plat de mon point de vue. Du coup, au final, j’aurais préféré qu’on en reste à la montagne, voire aux yetis.


Lu. Into thin air, de Jon Krakauer

Ayant envie d’en lire plus sur des aventures himalayennes, j’ai suivi les bons conseils de mon papa et j’ai lu Jon Krakauer (qui est également l’auteur de Into the wild). Et c’est vraiment passionnant. Pas réjouissant, mais il est difficile de lâcher le bouquin une fois qu’on est dedans. D’une part parce que c’est une histoire vraie avec un suspense terrible, d’autre part parce que c’est fascinant et à la limite de l’incroyable. Jon Krakauer est journaliste et écrivain, mais aussi fervent amateur de montagne et d’alpinisme. Et le magazine Outside lui a proposé en 1996 de rejoindre une expédition commerciale pour faire l’ascension de l’Everest. Avec le meilleur guide de l’époque, et une équipe de clients prêts à payer cher pour faire l’ascension, malgré des compétences d’alpinistes pas nécessairement au niveau. Enfin, certainement pas au niveau pour le faire de manière autonome, mais avec un guide qui leur garantissait que c’était possible en le faisant avec lui. Et il raconte comment ça s’est passé. Et ça s’est mal passé. Ce qui fait qu’on a à la fois la dimension de découverte de ces expéditions qui se confrontent tout de même à des conditions absolument extrêmes, ce qui est en soi fascinant, et une dimension de suspense, et presque d’enquête pour comprendre ce qu’il s’est passé qui a fait que ça a tant merdé (on sait dès le tout début que ça a mal fini, d’où le fait que je me permette de spoiler). C’est dramatique, au final, comme récit, comme aventure, mais c’est scotchant. Et c’est écrit de manière efficace et directe, tout à fait agréable à lire. Et c’est une histoire qui reste en tête. Si vous êtes un tant soit peu curieux-se de ce genre de conditions extrêmes, je recommande fortement.


Lu. L’école des barricades, de Grégory Chambat

Un autre volume du collectif N’autre école, pour continuer donc l’exploration un peu encyclopédique commencée dans le précédent que j’avais chroniqué des pédagogies alternatives, sociales et révolutionnaires. Mais là où le précédent proposait des biographies critiques de pédagogues célèbres, ici, c’est plutôt une approche historique centrée sur des mouvements sociaux et révolutionnaires. Et pour chacun de ces mouvements, on explore et découvre les types de pédagogies expérimentées et la manière dont elles ont été articulées aux utopies politiques et sociales. Ce qui est un terrain fertile et passionnant pour ce qui me concerne. Autant certaines de ces expérimentations sont relativement connues, et font éventuellement double-emploi avec d’autres choses que j’avais déjà lu, autant d’autres sont moins connues et ont été pour moi de vraies découvertes. Pour ce qui est du format, c’est toujours rédigé de manière agréable et lisible, avec de grands morceaux des textes originaux et avec de petits chapitres qui s’enchainent agréablement. Si vous avez envie d’explorer la question de la pédagogie en lien avec celle des mouvements sociaux, politiques et révolutionnaires, c’est tout à fait très bien.


Lu. L’histoire de Donjons et dragons, de Fabrice Sarelli

Fabrice Sarelli est un grand ancien du JdR et il propose ici une histoire de Donjons et dragons, toutes éditions confondues. Ce qui pour un vieux rôliste comme moi a beaucoup de charme. L’ouvrage est agréable, en couleurs, avec beaucoup d’illustrations, en particulier des couvertures des différentes éditions, même si il se focalise presque exclusivement sur les éditions originales américaines (ce qui donne déjà pas mal de quoi s’occuper). Outre l’aspect chronologique très complet (pour les éditions de jeu de rôle en tout cas, pour ce qui est des goodies et autres adaptations, par contre, il n’y en a qu’une sélection, étonnante au demeurant), on y découvre aussi un certain nombre de choses sur les auteurs, les chipotages entre les différentes versions et éditeurs, ce qui complète et contredit parfois des choses qu’on a souvent entendu sur les origines et certains virages. C’est certes réservé à un public intéressé par ce genre de choses, mais c’est bien réalisé et vraiment chouette à parcourir. Et pas tellement long par rapport à d’autres ouvrages plus massifs sur l’histoire du JdR.


Lu. Lovestar, de Andri Snaer Magnason

Lovestar est mon premier roman islandais, mais je ne pense pas que ce soit forcément représentatif. Encore que, peut-être. Peut-être que toute la littérature islandaise est complètement fantasque et délirante. Et politique aussi pourquoi pas… Lovestar est un roman étrange, mais assez marquant. C’est de l’anticipation, proche, mais de l’anticipation poétique et politique, et pas du tout de l’anticipation scientifique. Enfin, ça fait un tout petit peu semblant par moment mais ce n’est vraiment pas le propos. Du coup, je vais avoir du mal à décrire sans que ça ressemble à n’importe quoi. Disons qu’il y a là-dedans des communications sans fil directement au cerveau et donc des gens qui louent leur temps de cerveau pour diffuser oralement de la publicité, ou des rappels à leurs voisins (sur les émissions de télé par exemple), du marketing intégral et ultime, une entreprise géante qui gère tout ça mais aussi l’envoi des corps dans l’espace pour qu’ils retombent en étoiles filantes. Et puis des oiseaux et des papillons, le grand méchant loup (qui est une louve), la fin du monde et dieu. Et une histoire d’amour contrariée par l’entreprise géante qui est maintenant capable de calculer pour chaque être humain son seul et unique amour. Le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est étonnant. Et plein de métaphores, en particulier sur le capitalisme à outrance. Seul bémol, en ce qui me concerne, je n’ai pas été outre mesure accroché par le style d’écriture. Mais c’est quand même suffisamment original et inattendu pour mériter d’y prêter attention.


Vu. La dernière saison, du Cirque Plume.

Que dire encore du Cirque Plume… que c’est magnifique et poétique et impeccablement maîtrisé, tout en restant vivant et chaotique et plein d’impertinence ? Par exemple, oui :) J’ai toujours aimé les spectacles du Cirque Plume, et celui-ci, qui est annoncé comme le dernier, est très largement au niveau des précédents. Je pense même que c’est un de mes préférés, avec Plic ploc dont je garde un souvenir émerveillé. Les numéros sont impressionnants, plus à mon sens que d’autres fois, et ce n’est comme toujours pas vraiment le plus marquant. La musique est également magnifique et parfaitement calée à l’ambiance et aux différents numéros, mais là encore, ce n’est pas ce qui pour moi fait le coeur de l’ensemble. Ce qui me plait le plus, et que je trouve le plus réussi, ce sont tous les interludes, tous les jeux et tableaux qui viennent rythmer et donner sens au reste. Ils sont systématiquement magnifiques, avec des décors et des costumes splendides, mais ils sont surtout poétiques et très drôles. Et pleins de sens et de symboles que je trouve touchants et réjouissants. Je crois que j’y vois quelque chose de libéré et de dyonisiaque, de très joliment chaotique, sans jamais se prendre au sérieux. En particulier, je pointerais l’humour des fondateurs du cirque, toujours sur scène, et souvent à se faire ridiculiser, en particulier en temps qu’hommes dominants ; et l’incroyable clown acrobate imitateur d’animaux. Si c’est bien leur dernier, c’est une magnifique manière de conclure cette superbe aventure. Et si ce n’est pas le dernier, je serai ravi d’aller voir le suivant...


Vu. Wonder woman, de Patty Jenkins

Ah, les films de super-héros… ah, non, là, c’est un film de super-héroïne. Et, oui, ça change un certain nombre de choses. Bon, ça n’en fait pas un brûlot féministe, hein, il y a de la marge, mais n’empêche, ça fait quand même plaisir d’avoir une héroïne efficace, autonome, avec de l’humour, et qui ne se laisse pas diriger ou sauver par les hommes qui l’entourent, plutôt l’inverse. Parce que bon, quand même, c’est Wonder Woman. Ou, plutôt Diane, princesse amazone de Themystira. A ce sujet, j’ai trouvé le début du film un peu longuet et un peu facile. Certes, ça pose les origines du personnage, mais bon, il y avait sans doute moyen de rendre ça un peu plus dynamique et un peu moins attendu. Pour le reste, ben c’est un film de super-héroïne pas si différent de la plupart. Il y a de l’humour, et des moments de tension, mais il y a surtout des moments de baston, plein, et c’est quand même d’abord par ça que se résolvent les problèmes. Pas que, il y a un effort de fait pour avoir un scénario qui a un sens symbolique, mais bon, ça reste dans le droit fil du genre. Et le fait que ce soit DC et pas Marvel, de mon point de vue de non-spécialiste non-maniaque, ça ne fait aucune différence sensible. Au final, c’est un bon film de super-héroïne, ça fait un bon moment de détente, et c’est plutôt au-dessus de la moyenne. S’y ajoute le fait que oui, je le redis, avoir une héroïne qui tient la route, c’est bien agréable. Mais ça reste dans le modèle du genre globalement, il ne faut pas s’attendre à une révolution.


Ecouté. Sidi Wacho. Libre.

Pendant les vacances, on a profité de nombreux concerts, et Sidi Wacho fait partie des groupes qui nous ont beaucoup plu. Et comme, en plus, leur album est téléchargeable gratuitement, je vous en parle tout de suite puisque vous pourrez vous le procurer aisément. Sidi Wacho, c’est du hip-hop latino. Et c’est du hip-hop engagé, prolétaire, révolutionnaire. Rien que pour ça, déjà, j’étais client. Mais au-delà des textes et du positionnement, qui sont très bien donc de mon point de vue, le reste est très réussi aussi. Le chant notamment, avec deux chanteurs, un français, ch’ti issu de l’immigration qui envoie de bons textes et une gouaille accrocheuse, l’autre chilien, qui chante donc en espagnol, et qui chante vraiment joliment (avec une voix un peu à la Manu Chao d’après Pauline). Les deux se marient bien et alternent avec bonheur. Et musicalement, ça me plait aussi puisqu’il y a certes des machines, mais aussi, et je diras surtout : un percussionniste, un trompettiste et un accordéoniste. Du coup, c’est pas vraiment hip-hop au sens classique, c’est plus que mâtiné de chanson populaire et de cuivres sud-américains. Donc, ça a assez la pêche comme musique engagée. Allez jeter un oeil, ça ne vous coutera rien et ça pourrait bien vous plaire.