Chroniques écossaises, go-tic et privées.


Lu. The steep approach to Garbadale. De Iain Banks.

Iain Banks est un bon vin, il s'améliore en vieillissant. Comme l'auront noté ceux qui suivent le monsieur de prêt, il s'agit d'un roman contemporain (puisque sous le nom de Iain M Banks, il fait aussi de l'excellente science-fiction). Plutôt dans la lignée de The Business, ce roman suit les pérégrinations du fils prodigue d'une famille écossaise. Cette famille, les Wopuld, exploite le filon d'un jeu créée par l'aïeul, jeu de société puis jeu vidéo. Une première trame donc, concerne la cession, ou non, de la société familiale à une multinationale américaine. Mais ce n'est finalement pas la principale, puisque les blessures amoureuses du personnage principal prennent facilement le pas, et constituent le coeur du propos. Les deux trames sont intéressantes, la première servant surtout de marchepied à la seconde, mais, comme souvent, ce qui fait la magie de Banks, ce sont les personnages et l'écriture. Les personnages, parce que Banks a un talent indéniable pour les personnages attachants, inattendus et droles. Et pour le coup, c'est encore une fois très réussi et plein de charme. Et pour l'écriture, pareil, c'est fluide, vivant, maitrisé de bout en bout. Bref, si il ne s'agit pas du meilleur Banks, en tout cas à mon goût, c'est un très bon cru, et, si je ne peux révéler le contenu des trames parce qu'il y a beaucoup de découvertes, la thématique de fond m'a en plus touché et beaucoup plu.


Lu. Les bas-fonds de l'Antiquité. De Catherine Salles.

Poursuivant ma tendance actuelle pour l'antiquité et mon goût pour les parts de l'histoire les moins mises en avant, je suis tombé sur ce petit ouvrage concernant pègre, prostitution et société des bas-fonds dans la grèce et la Rome Antique (en passant par l'Egypte un peu aussi mais surtout en tant que province romaine). Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'en effet, on en découvre de belles. C'est écrit de manière fluide et vivante, et le sujet est vaste. Si la partie concernant la société romaine ne m'a pas complètement surprise, elle est pleine de bonnes choses quand même. Par contre, la partie grecque m'a beaucoup plus surpris. De fait, si les grecs restent fondamentalement mysogines, ils sont aussi organisés, et la prostitution est prévue dans la constitution et même prise en charge par l'état : les bordels étant donc gérés par l'administration étatique. Le rôle des hétaïres m'a également réservé quelques surprises de par leur importance et leur statut. Bref, si le thème vous intéresse, ou simplement vous amuse, c'est une lecture très agréable et pleine de surprises amusantes qui donne une image moins édulcorée des sociétés antiques.


Lu. Petit traité d'initiation à l'art subtil du Go. De Pierre Lusson, Georges Perec et Jacques Roubaud.

Le Go est un jeu qui mérite d'être découvert, tant il est riche et subtil, et c'est la conviction qui a donné naissance à ce petit mais splendide ouvrage. D'un part, c'est un vrai traité de Go, couvrant les bases nécessaires à une découverte éclairé du jeu lui-même. D'autre part, et c'est là tout le génie de l'ouvrage, c'est une plaidoirie d'un humour total avec toute la finesse et la maestria de Perec. Certes, une mauvaise foi évidente à l'égard notamment des échecs pourra être déplorée par certains, mais ce n'est pas mon cas, et quand bien même, c'est fait avec suffisament d'humour et de recul pour qu'on ne puisse qu'apprécier. Enfin, l'humour et l''écriture n'empèchent un fond tout à fait documenté et sérieux sur les finesses et l'esprit du Go, regard qu'il est rare de trouver dans les traités de Go souvent exclusivement technique. Bref, s'il est un tout petit peu daté et difficile à trouver, c'est un traité efficace de découverte du Go mais aussi un plaisir de lecture d'un bout à l'autre.


Joué. Mal mal. De Annette Birlenbach.

Mal mal est un petit jeu de la série Adlung, c'est à dire que ça ressemble à un petit jeu de cartes alors que c'est un jeu de société plutot dans la famille de Pictionary, Time's up et consorts. L'idée est toute simple, il s'agit de faire deviner des mots en dessinant avec le doigt dans le dos de son partenaire. Et ce n'est pas si évident que ça. Le jeu propose diverses variantes, par tranches d'age, qui permettent de jouer avec des tout petits en plaçant des cartes avec des dessins sur la table : il s'agit alors simplement de trouver lequel de ces dessins corresponds. Plusieurs séries de dessins permettant d'ajuster encore plus finement selon l'age, en commenant très jeune. Pour les plus grands, des cartes avec des mots permettent de juoer avec plus de challenge (je recommande cependant de laisser moins de trois essais, sans quoi ça devient un peu trop facile). Et voilà, c'est tout simple, et ça fait un petit jeu de soirée ou d'apéro des plus agréables.


Joué. Ligretto Fussball. De Reiner Stockhausen.

Certains connaissent peut-être déjà Ligretto, un petit jeu de rapidité de la famille des Speed et autres Jungle Speed. Ligretto Fussball introduit certes un thème footballistique que certains regretteront, mais surtout un ajout de règles qui en fait un jeu complètement différent et beaucoup plus passionnant. Tout le monde joue, au plus rapide, sur une seule pile au milieu de la table. Mais on joue en équipe, et chaque équipe essaie d'enchainer suffisament de cartes pour arriver à une carte but. A cinq buts, c'est gagné. Ce qui veut dire qu'on a des cartes devant soit, qu'on essaie de trouver celles qui correspondent à la pile du milieu (en espérant qu'elle ne change pas avant qu'on trouve) tout en criant à ses camarades d'équipe quelle cartes sont nécessaires. Ca va vite, on crie et on se mélange dans ses cartes, c'est un vrai bonheur !


Joué. Privacy. De Reinhard Staupe.

Privacy est un jeu de groupe, un party game, dans un genre particulièrement casse-gueule : celui des questions sur l'intimité (pas forcément sexuelle, aussi sur tous les petits travers du quotidien). Bref, une famille de jeu dans laquelle on a tendance à motrer son cul, ce que je n'ai jamais beaucoup aimé, et qui, disons le clairement, ne met que rarement les gens à l'aise. Il se trouve que Privacy est un jeu d'un auteur sérieux et talentueux et qu'il a eu une belle idée : certes, on réponds à des questions intimes, mais de manière anonyme (avec un système astucieux d'enveloppes et d'urne) et il s'agit de parier sur la répartition des réponses (toujours oui ou non). Du coup, on rigole beaucoup des questions et des réponses qu'on est en train de donner, ainsi que souvent de la répartition inattendue des réponses. Et, avec la compagnie appropriée, on peut même engager la discussion, mais sans la moindre obligation et au gré des envies. C'est donc une formule qui non seulement me réconcilie avec ce type de jeux, mais a également le potentiel d'être joué avec vraiment qui vous voulez.