Chroniques punk-rock, chansonnières et volcaniques.


Lu. Anarchy evolution, de Greg Graffin.

Greg Graffin est quelqu'un de très particulier, en ce sens qu'il est à la fois enseignant-cherhceur en zoologie, spécialisé dans la biologie de l'évolution, et le chanteur d'un groupe de punk-rock mythique et extrêmement influent, toujours en activité d'ailleurs : Bad Religion. Ce qui peut sembler beaucoup, pour un seul homme, mais surtout sans grand rapport. Or, pas du tout, et c'est justement ce que développe Graffin dans ce livre : ce que signifie l'évolution pour lui, ce qui signifie sa musique et ses textes (très érudits et bien construits, avec des mots compliqués et tout, pour recadrer un peu ce qu'on peut imaginer dans les caricatures sur le punk-rock), et comment les deux sont complètement liés; Et c'est passionnant, et très accessible. Parce que du coup, il fait d'une part un très bon travail de vulgarisation sur l'évolution, et tout autant sur l'anarchisme (et plus largement, sur son opposition à la religion et aux philosophies dualistes et matérialistes), et d'autre part un récit autobiographique touchant (et particulièrement intéressant quand on est un peu fan du gars). Et le boulot qu'il fait de rendre explicite sa construction d'un système moral et philosophique basé sur l'évolution en grande partie est vraiment solide et donne de quoi réfléchir sérieusement, sans être jamais prise de tête ou trop dense. Accessoirement, pour ceux qui se questionnent sur les rapports entre science et art, ou entre science et religion trouveront là de quoi s'alimenter largement. C'est donc un bouquin qui peut sembler inattendu mais qui à mon sens rempli toutes ses missions : vulgarisation, autobiographie, distraction et réflexion de fond sur la morale, la science, l'art et l'anarchisme.

Et pour fêter ça, z'avez qu'à aller (ré)-écouter du bon Bad Religion des familles, en lisant les paroles pour prendre toute la mesure de la chose. Vous pouvez commencer par Tested, qui est un fort bon live compilant les grandes chansons de leur première moitié de carrière.


Lu. Zero history, de William Gibson.

William Gibson est vraiment un auteur remarquable. Il a lancé la mouvance cyberpunk il y a maintenant pas mal d'années, ce qui a pas mal marqué, et puis il a arrêté, pour reprendre plus tard avec une autre série qui explorait l'anticipation proche autrement. Il est maintenant dans ce que je considère être sa troisième série, sa troisième manière d'approcher le futur proche et la manière dont notre société évolue. Et il innove, une fois de plus, d'une manière que je trouve aussi étrange que passionnante. Et difficile à décrire, donc. Si il s'agit bien d'anticipation à court terme, elle se concentre sur la dimension personnelle et culturelle, sur la manière de penser et d'être, et pas tellement sur la technologie. Oh, il y a des gadgets technologiques, et des pointus et malins, mais c'est surtout dans la relation des personnages à la technologie qu'il se passe des choses intéressantes, et dans la manière de penser, parfois très étrange, de certains personnages. Et c'est à mon sens cette acuité qui fait toute la force de Gibson ici, plus que le scénario (qui pourtant existe) : les personnages et la manière dont ils s'inscrivent dans un monde en changement, aux repères mouvants et complexes, à la limite justement de la modernité et de ce qu'elle implique dans le sens qu'on donne au monde et la manière dont on le perçoit et dont on s'y perçoit. Je me rend bien compte que cela peut sembler très abstrait, mais justement, Gibson arrive à aborder indirectement (mais de manière centrale) ces thématiques tout en tissant un scénario riche et complexe et en donnant de la consistance à des personnages auxquels on s'attache et qu'on commence à comprendre de l'intérieur. Bref, ça ne parlera peut-être pas à tout le monde, mais je suis personnellement assez impressionné par la complexité et la finesse de ce que Gibson écrit ici, et j'attends ses prochains avec beaucoup de curiosité et d'intérêt.


Lu. Warbreaker, de Brandon Sanderson.

Oui, plutôt qu'écrire la suite de sa srie en cours que j'attends avec impatience, Brandon Sanderson écrit d'autres romans indépendants. On ne peut plus compter sur personne, je vous jure... Sauf que si, justement, on peut compter sur Brandon Sanderson pour faire du bon boulot, même si je commence à trouver que les formules de ses romans commencent à se ressembler pas mal. On retrouve en effet une fois de plus une intrigue centrée sur la découverte d'une forme de magie spécifique au monde, et organisée de manière rationnelle et structurée. Ce qui est sympa, en soit, cette fois ci, la magie se fait avec les couleurs, et avec des niveaux de compétence que si tu veux en faire un jeu de rôle, il y a déjà tout ce qu'il faut dans les annexes, mais à force, ça perd de sa fraicheur. Au dela de la magie, on retrouve des personnages travaillés et riches, et féminins sans être quiches, bien au contraire, ce qui est toujours bienvenu. Et l'évolution des deux personnages principaux (deux soeurs) est intéressante aussi, même si je trouve qu'on s'y attache finalement bien moins que certains de ses autres personnages; peut-être parce qu'elles sont aussi moins pleines de secrets et de profondeur. Ce rôle là incombe en effet plutôt à des seconds rôles, autour desquels se construit un scénario qui, si il semble attendu, réussit quand même des révélations sympathiques. Maintenant, même sur cet aspect, autant c'est du bon boulot, autant ça ne m'a pas non plus entrainé autant que les précédents (mais ça m'a quand même bien absorbé, hein, ne nous trompons pas). Bref, du bon boulot, un roman solide mais certainement pas celui que je conseillerais pour commencer Sanderson.


Ecouté. Frédéric Fromet.

Plus qu'un chanteur, Frédéric Fromet est un chansonnier. Il tourne des petits textes, pleins d'humour et très engagés (très à gauche, pour ceux qui auraient des doutes), sur des musiques simples et souvent empruntées à d'autres. Il en a compilées certaines pour faire des albums mais il n'aime pas ça, et il faut reconnaître que ce n'est pas très adapté à sa démarche. Il est plutôt dans la production de beaucoup de petites chansons rigolotes et rentre-dedans, dans lequel chacun fera son tri et trouvera du très bon et du plus anecdotique. Et il y a vraiment des chansons qui me font beaucoup rire, et que je trouve même franchement bien construites, et d'autres rigolotes mais sans avoir envie de les réécouter beaucoup. Qu'il tape sur les amateurs de la chanson française, sur le gouvernement (précédent donc), sur les chiens qui défèquent partout en ville ou sur les dérives du monde associatif, il tape très souvent juste, même si il ne met pas de gant et qu'il se permet des blagues et des jeux de mots vraiment pourris régulièrement. Bref, ça ne plaira pas à tout le monde, mais je vous conseille, pour le peu que le principe ne vous repousse pas par défaut, de jeter un oeil à ce qu'il fait, tout en sachant que ce n'est pas facile d'en trouver beaucoup et que ce que vous trouverez en premier ne sera pas forcément le meilleur. Mais bon, ça mérite quand même et je pense que c'est vraiment quelqu'un à voir en concert. Maintenant,


Visité. Vulcania.

Vulcania, haut-lieu culturel et toursitique de l'Auvergne, et héritage de Giscard, ce héros, est quand même un incontournable des touristes auvergnats. Et pas entièrement à tort, nous y avons passé un très bon moment, et pour tous les ages. En effet, le site est vraiment magnifique, au coeur des volcans, avec un batiment agréable, bien foutu, et majoritairement enterré, ce qui permet de préserver le site et le panorama. Lorsque la foule n'est pas trop dense, comme ce fut le cas pour nous, les espaces intérieurs sont agréables et assez aérés. Pour ce qui est des activités, par contre, il ne faut pas s'attendre à trop de contenus scientifiques : il s'agit d'abord d'un parc d'attraction sur la thématique des volcans, et d'un lieu de médiation scientifique seulement loin derrière. Maintenant, sur ce postulat là, c'est bien foutu. Les attractions 3D, secouage et autres sont sympas et amusantes (même si, personnellement, je m'en lasse vite). Elles sont par contre plutôt courtes donc mieux vaut qu'il n'y ait pas trop de monde, sinon le risque est à mon sens de passer plus de temps à attendre qu'à regarder. Au-delà des attractions, le petit tour dehors est très sympa et c'est un bon lieu de pique-nique. Les boutiques sont anecdotiques, ce qui est un peu dommage mais sans grande importance. Et, pour finir sur une note positive : les deux expositions avec contenu sont bien. La première retrace le parcours de deux inspirateurs de Vulcania, un couple de vulcanologues passionnés (et disparus au Japon, dans une nuée ardente) et est très touchante et très forte sur la passions pour les volcans et le danger qu'ils repréentent. La seconde est finalement le seul espace de médiation scientifique et est certes plutôt modeste sur les contenus (voire franchement floues sur des questions un peu denses comme l'apparition de la vie) mais les dispositifs interactifs sont sympas et variés ce qui fait au final une révision sympas de contenus généraux autour de l'astronomie et de la géologie. Donc, oui, Vulcania, c'est sympa et c'est un bon endroit pour se balader une demi-journée voire une journée de détente.