Chroniques temporelles, incertaines et suédoises.


Three days to never. De Tim Powers.

Tim Powers continue dans un style fantastique moderne crasseux, après les très bons Poker d'ame et Date d'expiration. Il s'agit ici d'une histoire de voyage dans le temps, plus ou moins, de vieilles cabales d'espions et de l'héritage secret d'Einstein. Comme toujours, c'est assez sombre, avec des héros qui en chient, et une intrigue torturée et pleine de détails amusants. Et c'est notamment dans les détails ésotériques bizarres et les références historiques détournées que Powers brille. Mais c'est aussi l'ambiance et le style d'ensemble qui me plaisent beaucoup, c'est un univers dans lequel je me retrouve bien et qui m'amuse, qui a le mérite de faire du fantastique pas bling-bling et pas stéréotypé. Si vous avez lu d'autres romans récents de Powers, ça devrait vous plaire tout autant. Accessoirement, c'est sorti en français sous le titre « A deux pas du néant », plutôt bonne traduction du titre pour une fois.


The accidental Time Machine. De Joe Haldeman.

Egalement sur la thématique du voyage dans le temps, une petite surprise : un roman comique de Haldeman. L'auteur est plutôt connu pour des romans sérieux sur le thème de la guerre, je ne m'attendais donc pas vraiment à ça. Mais c'est vraiment agréable et drôle. Un doctorant du MIT, ne faisant pas grand chose de sa vie, construit par accident une machine à sauter en avant dans le temps. Et ce sur des durées exponentiellement longues. Les premiers sauts ne se passent pas très bien, on va même de catastrophe en catastrophe, et c'est finalement la course en avant pour essayer de trouver une solution à tous les problèmes causés par l'utilisation de la machine. Et les futurs sont tous drôles, intriguants et relançant l'intrigue. Ce n'est pas un grand chef d'oeuvre de la Sf mais c'est un vrai moment de détente plein d'idées amusantes, et dans lequel on sent que l'auteur s'amuse avec nous. Outre la valeur de curiosité quand on aime bien Haldeman, c'est un bouquin très plaisant auquel je vous conseille de jeter un oeil.


Un lieu incertain. De Fred Vargas.

Adamsberg encore et toujours, mais je ne critique pas, j'aime beaucoup Adamsberg. Une nouvelle intrigue tarabiscoté avec des vrais fous dedans et un modus operandi très érudit, on retrouve facilement ses repères quand on aime la série. Cette fois-ci, on explore aussi le passé d'autres personnages qu'Adamsberg, et ça fait plaisir de voir un peu plus de Danglard notamment. Je ne vous révèlerais pas le thème de fond, mais une fois de plus, de vraies belles références et intrigues historiques. Certes, on se dit que quand même, c'est vraiment beaucoup, mais c'est assez bien construit pour être crédible, et puis, finalement, on est un peu habitués. Adamsberg fait son Adamsberg mais il y a quand même une évolution dans le personnage et on retrouve avec plaisir certains personnages du passé, finalement pas si disparu qu'on aurait pu croire. Bref, pas grand chose à en dire de plus si ce n'est que c'est du bon boulot, une fois de plus, et tout à fait dans le style auquel on est habitué.


Spook Country. De William Gibson.

J'aime de plus en plus Gibson. Certes, avec Neuromancien et ses suites, il a posé les bases du cyberpunk, mais c'est finalement dans ses romans récents que je le préfère. Cette fois-ci, même pas de futur proche, on est vraiment dans le présent. Spook Country est un livre étrange, à cheval entre un roman d'espionnage et de l'anticipation proche. On y découvre l'art locatif, c'est à dire des interventions artistiques en réalité augmentée, qui est effectivement en train d'apparaitre de nos jours. Mais dans le même temps, et avec un lien direct, on a également un roman d'espionnage et d'intrigue très bien monté, avec de beaux personnages et un certain humour un peu sombre mais réjouissant. Comme je le disais, j'aime de plus en plus Gibson, mais je vous conseille de commencer plutot dans les précédents, sauf si le thème espionnage vous parle particulièrement.


The girl with the dragon tattoo (Millenium I). De Stieg Larsson.

Après tout le bien que j'ai entendu de la série Millénium, je me devais d'y arriver. Et je n'ai pas été déçu du tout, je dois bien le dire. Lisez ce livre, c'est un vrai bonheur. Une grande enquête policière, à plusieurs niveaux, avec de multiples révélations progressives, le fond est déjà très prenant et très agréable. Mais les personnages et les ambiances rajoutent encore beaucoup. Les deux personnages principaux notamment, ont tous deux beaucoup de charme et de profondeur, dans des styles très différents. Même si l'intrigue était moins bien nouée, on aurait déjà là de quoi largement se faire plaisir avec ces deux justiciers pleins de ressources. Bon, justicier c'est un peu rapide mais il y a de ça quand même.Accessoirement, c'est vraiment bien écrit et prenant d'un bout à l'autre. C'est un gros volume qui passe très vite et qui donne terriblement envie de se jeter aussi vite que possible dans les deux suivants. En français, c'est donc « les hommes qui n'aimaient pas les femmes », et je vous le conseille vivement, comme tout le monde.